(C) Uwe Hentschel

Raphaël Frank travaille à l’optimisation du trafic à l’Institut VehicularLab.

Certaines personnes sont capables de détecter les ondes de choc de loin. C'est le cas de Raphaël Frank. Lorsqu'une de ces ondes de choc se profile à l'horizon, il sait immédiatement quelles mesures prendre. « J'essaie de conduire à vitesse réduite et de garder une bonne distance par rapport au véhicule devant moi », explique-t-il. « Le seul problème qui peut se poser est lorsqu'un véhicule entre par la droite et réduit cette distance. »

Il se passe alors exactement ce que Raphaël Frank veut éviter : l'onde de choc se déplace. Le trafic devient tout d'abord dense, puis rien n'avance plus. Jusqu'à ce que le trafic se décongestionne soudainement tout seul. Le bouchon disparaît comme il a commencé. Sans aucune raison apparente.

Le premier freinage déclenche la réaction en chaîne

Les chercheurs parlent alors de « bouchons fantômes ». Raphaël Frank est l'un de ces chercheurs.  Âgé de 31 ans, il travaille à l'optimisation du trafic à l'Institut VehicularLab du Interdisciplinary Center for Security, Reliability and Trust (SnT) de l'Université du Luxembourg. Et ce docteur en informatique sait donc exactement comment un bouchon fantôme se crée.

Les facteurs déterminants sont la densité du trafic et le comportement de conduite individuel, explique-t-il. Le premier véhicule freine, celui qui le suit freine encore plus fort, et le processus de freinage s'intensifie au fur et à mesure. Jusqu'à l'arrêt complet.

La communication entre les véhicules : est-ce la solution ?

Afin d'empêcher que cette situation ne se produise, Raphaël Frank et son équipe de VehicularLab ont conçu un système qui met l'accent sur la communication entre les véhicules. Sur la base des données reçues des autres véhicules du trafic, ce système peut faire une recommandation de vitesse au conducteur. Des bouchons fantômes pourront être évités si le conducteur observe cette recommandation.

« Le trafic n'est pas forcément plus rapide, mais plus fluide et sûr », explique Raphaël Frank. Cela permettra en outre de réduire la consommation d'énergie, tout en rendant la conduite plus agréable. Et ce système est d'un intérêt particulier pour les chercheurs de la circulation, parce qu'il fonctionne, même si seulement 10% des véhicules en sont équipés.

Le système peut uniquement fournir des résultats satisfaisants s'il est utilisé de façon uniforme

Maintenant que le système a déjà fait ses preuves avec des robots Lego, il doit être testé dans 20 véhicules sur le terrain. Comme l'explique Raphaël Frank, certains partenaires industriels sont déjà intéressés par le système. Cependant, ce dernier ne peut fonctionner que si les constructeurs automobiles s'accordent à utiliser un logiciel de façon uniforme. « Si les données sont par exemple échangées uniquement entre les véhicules Mercedes, le résultat ne serait pas tout à fait optimal », ajoute le chercheur. Il suppose que ces systèmes seront déployés au cours des dix prochaines années.

Raphaël Frank aime bien conduire lui aussi. Et il fait partie des automobilistes qui essaient « toutes les nouvelles innovations ». Cependant, s'il y a une chose à laquelle il renoncerait volontiers, ce sont les systèmes Eco-Drive prétendument économiques. « Ces systèmes n'ont aucune substance », explique-t-il, « ils sont simplement installés par effet de mode. »  

Auteur: Uwe Hentschel
Photo © Uwe Hentschel

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Comment le téléphone mobile observe le comportement de conduite

 

Parmi les projets de recherche de VehicularLab au SnT de l'Université du Luxembourg, on compte également le « Sense Fleet ». Ici, c'est le smartphone équipé d'une application appropriée qui fournit une analyse du comportement de conduite et l'enregistre au besoin. Si le conducteur prend par exemple des virages à grande vitesse ou accélère très rapidement, le smartphone réagit immédiatement avec un signal correspondant. Le conducteur est ainsi sensibilisé sur son comportement de conduite.

Comme Raphaël Frank de VerhicularLab explique, certaines compagnies d'assurance ont déjà montré leur intérêt pour ce système qui permet de collecter des données sur le comportement individuel de leurs clients et donc d'adapter les primes d'assurance individuellement. Ce système n'a pas pour but de surveiller le conducteur telle une boîte noire, souligne le chercheur de la circulation. L’objectif de cette application, qui peut être activée en fonction des besoins, est plutôt de récompenser le conducteur. Vous payez moins de primes d'assurance si vous conduisez prudemment.

 

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