(C) Sophie Steinmetz
Luc Bertemes, vous travaillez à la centrale de pompage de la SEO à Vianden. Quel est le fonctionnement d’une telle centrale hydroélectrique ?
Notre centrale de pompage se compose entre autres choses d’un énorme bassin situé en hauteur sur la colline. Des tuyaux nous permettent de laisser couler l’eau dans la vallée. L'écoulement de l’eau actionne des turbines qui entraînent à leur tour un générateur. C’est ainsi que nous produisons de l’électricité grâce à l’eau.
Cela signifie que l’eau doit ensuite remonter la pente pour revenir dans le bassin ? Cela consomme de l’énergie ! Cette production est-elle porteuse de sens ?
Sur le plan purement énergétique, non. Cependant, notre tâche consiste à réagir à la différence entre production et consommation d’électricité. Si davantage d’énergie que celle produite par les nombreuses centrales composant le réseau interconnecté européen est consommée à un instant donné, nous faisons descendre de l’eau dans la vallée et injectons dès lors de l’électricité sur le réseau. Si la production excède la consommation, nous utilisons cet excédent d'électricité afin de pomper l’eau vers le bassin, ce qui fait que notre centrale hydroélectrique est en fait un accumulateur d’énergie.
Comment ces différences entre la production et la consommation d’électricité surviennent-elles ?
Le nombre de consommateurs électriques varie sans cesse. Nous ne savons jamais avec précision combien de personnes allument la lumière, utilisent leur bouilloire électrique ou leur machine à laver. Nous pouvons uniquement les estimer. Cette puissance absorbée par les consommateurs doit être mise en équilibre avec celle produite par les générateurs. Si tel n’est pas le cas, le réseau s’effondre.
Pourquoi d’autres centrales électriques ne sont-elles pas en mesure d’adapter la production d’électricité à la demande ?
Les autres centrales électriques, comme les centrales thermiques au lignite ou les centrales nucléaires nécessitent toujours un certain temps afin d’accroître ou de réduire leur production. Il faut toujours du temps avant que les chaudières refroidissent ou s’échauffent. Notre centrale de pompage est en mesure de réagir très rapidement à la demande.
Le fait que de plus en plus d’électricité soit produite par les énergies renouvelables a-t-il une influence sur l’importance de la SEO ?
Les centrales solaires fournissent p.ex. uniquement de l’électricité lorsque le soleil brille et il en est de même pour les centrales éoliennes qui produisent uniquement lorsque le vent souffle. Le stockage de l’énergie joue dès lors un rôle important au niveau des énergies renouvelables et le nôtre est dès lors également capital.
L’électricité produite par la SEO à Vianden pourrait-elle permettre d’alimenter la ville de Luxembourg ?
Ce n’est pas notre mission de produire une charge de base. Notre rôle consiste au contraire à réagir aux variations s’opérant sur le réseau. D’un point de vue purement mathématique, nous pourrions toutefois alimenter la ville de Luxembourg en électricité durant 6 à 8 heures à la condition que le bassin supérieur soit intégralement rempli au début du processus. Le bassin supérieur serait ensuite intégralement vide.
Comment êtes-vous arrivé à la SEO ?
À la fin de mes études, j’ai rédigé mon mémoire durant un stage auprès de la SEO pendant lequel j’ai déjà fait la connaissance de mon futur employeur.
Quel est concrètement votre travail ?
Une vaste partie de mon travail consiste en la planification de projets et en la mise en œuvre de nouvelles installations qui en remplacent d’anciennes ou s'y adjoignent. Avec mon équipe, nous sommes par exemple occupés à concevoir une nouvelle salle de contrôle qui permettra à terme de piloter la centrale électrique. Un autre exemple est l’échange électronique de données avec le service de planification du recours aux centrales électriques situé à Essen et à Brauweiler. Malheureusement, les petits travaux sur les installations se réduisent pour moi uniquement aux périodes de mise en service, lorsque l’agenda le permet.
Auteur: Jean-Paul Bertemes (FNR)
Photo: Sophie Steinmetz
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Lorsqu’il était enfant, Luc Bertemes voulait devenir conducteur de train. Il a beaucoup bricolé sur son train miniature, ce qui lui a permis de toucher à l’électronique. Après ses études à l’IST et à la Grande École d’Ingénieurs de Nancy, il a intégré la SEO, via laquelle il a également rédigé son mémoire de maîtrise.
Cet article a été publié dans le Science News. C'est un magazine qui est destiné aux jeunes âgés de 11 à 18 ans et qui apparaît 5 fois par an.