(C) SES

Satelliten im All sprechen je nach Hersteller unterschiedliche Programmiersprachen.

D’un fabricant à l’autre, les satellites parlent des langages de programmation différents. Pour les exploitants, ce chaos linguistique représente un véritable problème. Pourrions-nous envisager comme solution un programme de traduction entièrement automatique ?

Pour les grands exploitants de satellites qui commandent des modèles divers dans l’espace, le chaos linguistique de leur flotte représente à la fois une contrainte et un risque : d’un côté chaque employé doit maîtriser plusieurs langages de programmation; de l’autre la très grande diversité linguistique augmente le risque d’erreurs de programmation, sachant qu’une seule erreur de programmation peut être fatale. De plus, les exploitants de satellite doivent verser des frais de licence au fabricant pour chaque langue. Cette tour de Babel revient donc également très cher.

Idéalement, les employés chargés du contrôle au sol ne devraient pouvoir communiquer que dans une seule langue avec les satellites. Il est donc urgent de se mettre d’accord sur un seul et unique langage de programmation.

Dans ce contexte, l’exploitant de satellites SES a développé un langage open source dénommée SPELL (Satellite Procedure Execution Language & Library), qui devrait s’imposer comme langage standard. Seulement, le problème est que les satellites ne parlent pas ce langage.

Des chercheurs du SnT de l’université du Luxembourg développent un programme de traduction

Frank Hermann et Benjamin Braatz, chercheurs au SnT (Center for Security, Reliability and Trust) de l’université du Luxembourg, ont développé un programme de traduction qui traduit automatiquement le langage du satellite de télévision. « Notre logiciel de traduction n’est pas un logiciel traditionnel, par exemple pour traduire de l’anglais vers l’allemand, mais un programme qui traduit en SPELL les procédures de commande pour les satellites », explique Frank Hermann.

Désormais, pour communiquer avec les satellites, les responsables du contrôle au sol de SES et d’autres exploitants de satellites n’utilisent des commandes que dans une seule langue. La procédure est la suivante : les programmes de commande fournis par le fabricant sont traduits une seule fois avec le logiciel en programmes SPELL. Puis l’ensemble des manœuvres et des contrôles d’état des satellites sont exécutés avec les nouvelles procédures SPELL.

Des traductions avec un degré de précision absolu grâce à un modèle mathématique

Lors du développement du logiciel de traduction, les chercheurs se sont appuyés sur une méthode mathématique, la « triple graph transformation » (voir l’encadré), explique Benjamin Braatz, du SnT : « Les mathématiques font en sorte que la traduction soit d’une précision absolue et que tous les processus fonctionnement parfaitement, une condition indispensable pour une application dans l’espace ».

Jusqu’à présent, SES a envoyé dans l’espace quatre satellites équipés d’un logiciel de traduction; le logiciel a été installé avec succès en ligne sur trois autres satellites qui se trouvaient déjà en orbite. En septembre, le satellite MEASAT 3B équipé d’un logiciel de traduction a été envoyé dans l’espace. « À partir de septembre, ce sera au tour des langages de Boeing et de Thales. Si SPELL arrive à s’imposer auprès d’autres exploitants, les satellites ne communiqueront bientôt plus que dans une seule langue universelle grâce au logiciel de traduction », explique Frank Hermann.

Auteur: Jean-Paul Bertemes (FNR)
Photo © SES

Vidéo du projet de recherche: http://wwwen.uni.lu/snt/research

Infobox

SES

Les chercheurs ont développé les logiciels de traduction pour l’exploitant luxembourgeois SES, qui exploite une flotte de plus de 50 satellites pour la télévision et les connexions Internet.

Open Source Sprache SPELL

SES a consciemment choisi de développer SPELL comme programme open source afin que les autres exploitants de satellites y aient également recours à l’avenir. Cette évolution devrait faciliter les contrôles satellitaires dans le monde entier.

Triple graph transformation

Les chercheurs du SnT utilisent une méthode mathématique pour la transformation automatisée. Chaque procédure n’est pas immédiatement traduite dans la langue cible, mais fait tout d’abord l’objet d’une représentation graphique sous forme de réseau. Ensuite, un deuxième graphique est créé pour la langue cible sur le modèle du premier, fragment par fragment (à la façon d’un puzzle). Ce deuxième graphique est ensuite converti pour la procédure de sortie souhaitée. Pendant ce temps, chaque paire de fragments (des morceaux de puzzle) est enregistrée dans un graphique intermédiaire, d’où le terme triple graph (trois graphiques). Ce modèle mathématique est très précis et convient pour ce genre d’application.

Une autre application du logiciel de traduction est-elle possible par exemple pour les langues parlées par les êtres humains?

Il est tout à fait imaginable de transposer l’utilisation de ce modèle mathématique, qui fait pour l’instant office d’espéranto pour les satellites, à d’autres domaines, tout comme nous l’explique Frank Hermann : « Tant que nous avons affaire à des langues formelles, à savoir des langages de programmation, la "triple graph transformation" ouvre de nouvelles perspectives ».

Ce programme ne peut naturellement pas être utilisé pour les langues parlées par les êtres humains. Il s’agit là en fait de langues formelles. Pour les langues vivantes, nous avons besoin de systèmes de traduction capables de calculer des probabilités en fonction du contexte.

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