Jeff Bezos, fondateur d'Amazon et de Blue Origin, le 4 décembre 2024 à New York

Jeff Bezos, fondateur d'Amazon et de Blue Origin, le 4 décembre 2024 à New York

Après une annulation de dernière minute, la société Blue Origin du fondateur d'Amazon Jeff Bezos table désormais sur un lancement au plus tôt jeudi de sa grande fusée New Glenn, un vol inaugural très attendu.

La fusée New Glenn devait décoller tôt lundi depuis la Floride, mais un problème technique a conduit l'entreprise à tout annuler à la dernière minute.

Cette décision, annoncée lors d'une retransmission en direct très suivie, était due à une "formation de glace" ayant affecté un système auxiliaire, a précisé Blue Origin.

Après avoir brièvement envisagé un lancement dès mardi matin, l'entreprise a annoncé lundi soir reporter à "jeudi au plus tôt" le vol de New Glenn, déjà repoussé à plusieurs reprises. Une fenêtre de lancement de trois heures s'ouvrira jeudi à 01H00 (06H00 GMT), a-t-elle précisé.

Haute de 98 mètres, soit la taille d'un immeuble d'environ 30 étages, cette nouvelle fusée doit marquer un tournant pour l'entreprise en lui permettant de réaliser son premier vol orbital depuis sa création en 2000.

Si la société du fondateur d'Amazon emmène déjà depuis des années des touristes pendant quelques minutes dans l'espace grâce à sa plus petite fusée New Shepard, elle n'a jusqu'ici mené aucun vol en orbite.

Avec New Glenn, Blue Origin ambitionne de rattraper son grand rival SpaceX, qui appartient à un autre milliardaire américain, Elon Musk.

Ce dernier avait d'ailleurs souhaité "bonne chance" à Blue Origin sur le réseau social X.

L'entreprise du patron de Tesla domine depuis des années le marché commercial spatial avec ses fusées Falcon 9 et Falcon Heavy, et développe aujourd'hui la plus grande fusée jamais créée: Starship.

SpaceX entend mener également dans la semaine le septième vol d'essai de sa méga-fusée.

- "Avoir le choix" -

Avec New Glenn, qui est un "lanceur lourd", Blue Origin ambitionne de concurrencer SpaceX sur son terrain: le lancement de satellites commerciaux et militaires en orbite, mais aussi de vaisseaux et d'astronautes.

Sa fusée doit pouvoir emporter jusqu'à 45 tonnes en orbite basse. C'est plus du double que Falcon 9, mais moins que Falcon Heavy (63,8 tonnes).

"C'est une bonne chose d'avoir de la concurrence, d'avoir le choix", insiste George Nield, président d'une entreprise promouvant les activités spatiales privées.

"C'est très important pour l'industrie spatiale commerciale, mais aussi pour le gouvernement et la Nasa" car cela permet non seulement de baisser les coûts, mais aussi d'offrir un plan B "en cas de problème sur un appareil", dit-il.

Blue Origin a déjà signé des contrats avec plusieurs clients, dont l'agence spatiale américaine pour une mission non habitée vers Mars, et le gouvernement américain pour des missions de sécurité nationale.

Côté commercial, elle prévoit de déployer des satellites internet pour plusieurs entreprises.

Elle devrait également, comme SpaceX avec Starlink, être chargée du lancement de satellites du groupe Amazon. Jeff Bezos et Elon Musk, les deux hommes les plus riches au monde, se livrent également bataille dans le domaine de l'internet par satellite.

- "Prix beaucoup plus bas" -

Les similarités entre les deux géants privés du spatial ne s'arrêtent pas là. Comme la Falcon 9, New Glenn est pensée pour être en partie réutilisable.

Lors de cette mission inaugurale, qui devait durer environ six heures, Blue Origin comptait tenter de récupérer le premier étage de sa fusée.

L'entreprise est déjà parvenue à faire se poser sa fusée New Shepard au Texas. Mais cette fois-ci, elle entendait tenter un atterrissage contrôlé sur une barge en mer, une manoeuvre similaire à celle réussie par SpaceX avec sa fusée Falcon 9.

"Un processus extrêmement compliqué", selon Elliott Bryner, professeur à l'université aéronautique Embry-Riddle.

Mais alors que la course à la privatisation et la militarisation de l'espace bat son plein, ce processus qui permet de "réutiliser de grandes parties de fusées" est crucial car il permet à la fois "d'offrir un accès à l'espace à un prix beaucoup plus bas" et d'accélérer la cadence des lancements, pointe-t-il à l'AFP.