L'entreprise de tourisme spatial Virgin Galactic a effectué samedi son dernier vol avant une pause de deux ans de ses opérations commerciales, afin de développer une nouvelle classe de vaisseaux plus rentables.
"Galactic 07 est de retour sur la terre ferme, désormais avec des astronautes. Nos pilotes, les passagers et le vaisseau se sont posés en toute sécurité à Spaceport America, Nouveau-Mexique", a posté Virgin Galactic sur X (ex-Twitter), quelques minutes après l'atterrissage à 9H41 locales (15H41 GMT).
L'avion porteur avait décollé de cet Etat du sud-ouest des Etats-Unis à 08H31 locales d'une piste classique puis, après une période d'ascension d'environ 50 minutes jusqu'à une altitude de 13.582 mètres, il a largué le vaisseau accroché sous lui, appelé VSS Unity.
Celui-ci, transportant deux pilotes et quatre passagers, a ensuite allumé son moteur et accéléré à la verticale jusqu'à atteindre une apogée de presque 88 km d'altitude -- juste au-dessus des 80 km marquant le début de l'espace, selon la définition de l'armée américaine.
Après quelques minutes permettant aux passagers de flotter en apesanteur et d'observer la courbure de la Terre, il est revenu se poser en planant sur la même piste. Il a atteint une vitesse maximale de Mach 2.96, soit près de trois fois celle du son.
Seul le nom d'un passager avait été dévoilé au préalable: le Turc Tuva Atasever, mandaté par l'entreprise américaine Axiom Space pour mener plusieurs expériences scientifiques.
Selon un communiqué de Virgin Galactic, il portait notamment des capteurs pour récupérer des données cérébrales et il avait emporté deux stylos d'adrénaline pour des observations en microgravité.
Le vaisseau transportait également des expériences des universités américaines Purdue et Berkeley.
Virgin Galactic, fondée en 2004 par le milliardaire britannique Richard Branson, avait seulement précisé que deux passagers venaient des Etats-Unis et le quatrième d'Italie.
- Jusqu'à 125 vols par an -
Une fois la mission terminée, le mystère a été levé sur ces trois passagers, tous des hommes.
D'après le site de la société spatiale, Andy Sadhwani est un ingénieur en propulsion chez SpaceX, ayant travaillé pour la Nasa. Irving Izchak Pergament est un promoteur immobilier et pilote d'avion tandis que Giorgio Manenti est un conseiller en investissements dans l'hôtellerie et la restauration.
Ce vol spatial était le second de l'entreprise en 2024 et le 12e au total.
Il y a un an, après des années de développement, Virgin Galactic avait emmené ses premiers clients dans l'espace lors de la mission Galactic 01.
Michel Colglazier, patron de Virgin Galactic, avait annoncé en amont du vol que cette septième mission commerciale serait la dernière du vaisseau VSS Unity.
Il s'agit "d'un tournant pour l'entreprise, au moment où nous consacrons pleinement nos ressources à la production de nos vaisseaux spatiaux Delta de nouvelle génération, dont la mise en service commerciale est prévue pour 2026", a-t-il ajouté.
Ces vaisseaux devront être capables d'emporter six passagers au lieu de quatre pour VSS Unity, selon Virgin Galactic, qui prévoit d'en construire deux initialement. L'entreprise prévoit ensuite jusqu'à 125 vols par an.
Des vols tests sont prévus dès 2025.
Virgin Galactic a annoncé fin 2023 le licenciement de 185 employés, soit 18% du personnel, afin de réduire les coûts et de se concentrer sur le programme Delta.
Certains analystes se sont montrés sceptiques.
Les investisseurs peuvent "s'attendre à détenir des actions ne générant pratiquement aucun revenu au cours des 18 à 30 prochains mois - et ce, si tout se passe comme prévu et si le programme Delta n'est pas retardé", a pointé la société de conseil The Motley Fool.
Virgin Galactic est en concurrence sur ce créneau des vols courts suborbitaux avec l'entreprise Blue Origin, du milliardaire Jeff Bezos.