Francis Crick n’exagérait pas lorsqu’il prétendit le 28 février 1953 qu’il avait découvert le secret de la vie. Le duo de scientifiques Crick et Watson a révolutionné la biologie moderne : ils avaient, pour la première fois, décrit la structure des socles de la vie, la double hélice de l’ADN.
Dans chaque cellule humaine (à l’exception des gamètes), l’on peut trouver la totalité des informations dont nous avons héritées. Celles-ci sont inscrites sur 23 paires de chromosomes et se répartissent en approximativement 24.000 gènes. Pour leur part, les gènes se composent d’ADN (acides désoxyribonucléiques).
Les gènes d’un homme déterminent entre autres s’il a des cheveux blonds, bruns ou noirs, s’il est grand ou petit ou même s’il aura tendance à développer certaines maladies ou non. Ils fournissent également le plan de construction des protéines, lesquelles sont à leur tour utilisées pour presque tous les processus dans notre organisme.
Deux cordons, quatre perles, une échelle tordue
Mais revenons à l’ADN, à partir duquel les gènes sont construits. Pour simplifier la chose, disons qu’il se compose de 2 cordons. Sur ces deux cordons se rangent des bases aussi variées que des perles sur un collier. Ces bases sont abrégées pour devenir les initiales A, T, G et C avec A comme adénine, T comme thymine, G comme guanine et C comme cytosine.
Les deux cordons sont reliés ensemble de manière à ce qu’un A situé sur un cordon soit toujours couplé à un T situé sur l’autre cordon. De manière similaire, C et G font également toujours la paire : les quatre bases sont donc respectivement complémentaires, en ce sens qu’elles se complètent.
L’on peut s’imaginer l’ADN dans sa forme normale comme une échelle sur laquelle les liaisons A-T et G-C forment les échelons. De plus, elle se présente de manière déformée, tordue, et se transforme dès lors en double spirale, voire en double hélice, nom sous lequel elle est connue.
La complémentarité de l’ADN en fait un modèle de reproduction proche de la perfection
Parce que les bases sont réciproquement complémentaires et qu’elles trouvent donc toujours leur « moitié », leur partenaire complémentaire, l’ADN fournit avec à peine 4 pièces un modèle de reproduction proche de la perfection. Et à ce titre, elle est continuellement utilisée, par exemple lors de la fabrication des protéines ou aussi lors de la division cellulaire, au cours de laquelle l’ensemble de l’ADN doit s’autocopier une fois.
Afin que cela puisse se réaliser, la double hélice ADN se démêle et une partie des « échelons », des liaisons entre les cordons, se détache l’une de l’autre ; c’est dans cette nouvelle ouverture que s’installe une protéine spécialisée, l’ADN polymérase III.
Si la polymérase est installée à un endroit, où étaient précédemment reliés un A et un T, elle ajoutera un nouveau T au A et un nouvel A au T. Pour une paire séparée de C-G, la polymérase donne au C un nouveau partenaire G et au G un nouveau C.
La polymérase continue de se mouvoir à travers l’hélice démêlée et ouverte ; des cordons individuels, la demi ADN, elle fera à nouveau une double hélice, et ce bilatérale, ce qui signifie que l’ADN se dédouble. Ce processus permet de copier l’intégralité de l’ADN en un temps très court.
Auteur: Liza Glesener
Photo: ©Tom Grill/Corbis