Dans les mauvaises périodes, doit-on se retirer du marché ou continuer de se diversifier à l’international ? Une question qui tourmente de nombreux investisseurs, mais qui fait aussi l’objet de recherches à la « Luxembourg School of Finance » de l’université. Bulgare d’origine, Denitsa Stefanova effectue des recherches postdoctorales à l’Université du Luxembourg depuis 2014 dans le domaine de la gestion des actifs ; un secteur d’activité particulièrement important pour la place financière luxembourgeoise.
Après avoir obtenu son diplôme en « International Economic Relations » en Bulgarie, Denitsa Stefanova a travaillé au service de controlling financier d’une grande entreprise industrielle et s’est rapidement rendu compte qu’un travail routinier ne lui convenait pas. Après un master de l’Université de Nantes, elle a obtenu son doctorat en sciences financières à HEC Montréal. C’est là-bas qu’elle a commencé à s’intéresser au fonctionnement des marchés financiers : les risques de krach sont-ils mesurables ? Est-il possible de se détourner des modèles et de prédire ainsi de futurs krachs ? C’est un domaine de recherche vaste et très complexe.
Le premier projet universitaire de la jeune chercheuse l’a mené à Amsterdam, où elle a élargi son domaine de recherche aux fonds spéculatifs. Quel est le comportement des investisseurs des fonds spéculatifs et comment influencent-ils la liquidité du marché ? Sont-ils des traqueurs d’innovations, des « first movers » qui passent les premiers à l’action ? Quels sont les avantages du rôle de « first mover » ? « Il est problématique qu’il ne soit pas obligatoire pour les fonds spéculatifs d’établir des rapports et qu’ils soient donc moins transparents que les banques. Nous disposons de peu d’informations pour savoir s’ils sont des meneurs ou des suiveurs sur les différents segments du marché », explique Denitsa Stefanova.
« Le Luxembourg est la plateforme européenne pour la gestion de fonds. »
Pour ce sujet de recherche, déménager au Luxembourg était une évidence. « Le Luxembourg est la plateforme européenne pour la gestion de fonds. On ne trouve des relations aussi directes avec l’industrie nulle part ailleurs. De plus, cela m’a attirée de travailler dans une université jeune en plein développement, au sein d’une équipe très internationale. »
Sa vie privée a également certainement joué un rôle dans sa décision puisqu’elle a déménagé avant que son premier enfant soit scolarisé. « Ici, nous sommes en mesure d’offrir un environnement international à notre enfant, un cadre unique en son genre en Europe », raconte la jeune mère. Un atout également pour que les parents planifient leur travail et leur vie à long terme.
La recherche et l’enseignement au service de l’industrie financière
« Notre travail de recherche n’est pas une fin en soi. L’objectif est qu’il profite à l’industrie financière du pays. » C’est la raison pour laquelle l’industrie financière du Grand-Duché constitue l’une des priorités pour renforcer davantage les réseaux. Des conférences internationales et des séminaires portant sur des thèmes actuels des marchés financiers sont donc régulièrement organisés. Les principaux axes de recherche que sont la gestion des actifs, l’évaluation des actifs, la gestion des risques et la diversification internationale sont taillés sur mesure pour les besoins de l’industrie financière locale.
Outre la recherche, l’enseignement n’est pas en reste, puisque la « Luxembourg School of Finance » propose entre autres un master en gestion de patrimoine. « Je travaille étroitement et de manière intensive avec environ 30 étudiants de master et sept doctorants. Nos relations étroites avec l’industrie financière présentent bien entendu également un grand avantage, même du point de vue de l’emploi. Dans ce domaine, l’Université du Luxembourg occupe une niche rarement aussi orientée vers l’international. » Si le Dr Stefanova devait donner un conseil à tous les étudiants et aux futurs chercheurs, elle leur dirait de choisir un thème d’actualité : « La spécialisation est la clé de la réussite, non seulement dans la recherche, mais aussi pour commencer sa carrière professionnelle. »
Auteur: Barbara Fischer-Fürwentsches
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Cet article est traduit d'une série d'articles initialement publiés dans le Luxemburger Wort.