Pixabay, Mohamed Hassan

La 5G est une nouvelle norme de communication mobile. L'industrie des communications mobiles donne des numéros à ses générations technologiques.

Au Luxembourg, le déploiement du réseau 5G est imminent. Les fréquences de la bande des 700 MHz et des 3 600 MHz ont été mises aux enchères parmi les opérateurs de téléphonie mobile locaux en juillet et les premiers réseaux 5G devraient être disponibles dans la capitale dès la fin de l’année. Cependant, comme dans d'autres pays, il y a une résistance à la nouvelle norme de communication mobile.

Le 24 avril 2020, toutefois, une pétition a été déposée au Parlement pour réclamer l’arrêt immédiat et définitif du déploiement de la 5G au Luxembourg. Elle n’a pas tardé à recueillir les 4 500 signatures requises. Cette pétition sera donc débattue à la Chambre des Députés le 6 octobre à partir de 14 heures.

Étant donné que le sujet est complexe, assez vivement débattu et qu'il existe de nombreux arguments et études parfois contradictoires sur Internet, nous avons effectué une recherche sur l'état actuel de la science sur le sujet et compilé cette vérification des faits. Nous voulons donner un aperçu de l'état actuel des connaissances et contribuer à rendre la discussion plus objective.

Dans cet article, nous examinons ce qu’est la 5G, en quoi elle se distingue de la 4G et comment elle serait exploitée à l’avenir. Nous nous penchons ensuite sur l’existence ou non de preuves scientifiques attestant un effet délétère de la 5G sur la santé ou l’environnement et nous offrons des évaluations des études et rapports scientifiques existants. Nous traiterons séparément les défis auxquels la recherche est confrontée pour tester scientifiquement l'effet de la 5G sur notre santé. Comme cet article est très détaillé, commençons par un bref résumé des points les plus importants :

Résumé

La 5G est une nouvelle norme de communication mobile. L'industrie des communications mobiles donne des numéros à ses générations technologiques. Avec 1G, nous étions toujours en mode analogique, à partir de 2G, c’était numérique. Avec la 3G, la vitesse de l'Internet mobile a augmenté et avec la 4G actuelle, elle a augmenté davantage. La 5G est désormais la nouvelle génération qui deviendra bientôt la norme. La 5G rendra l’Internet encore plus rapide en permettant la transmission de plus grandes quantités de données. De plus, la 5G a une latence plus faible, c'est-à-dire qu'elle fonctionne avec beaucoup moins de retard, ce qui permet de nouveaux domaines d'application. (par exemple dans le domaine de l'Internet des objets, en robotique, télémédecine, ...) notamment pour l'industrie. De plus, la 5G permet à plus d'appareils d'utiliser une seule cellule radio.

Dans une première phase, il ne sera pas encore possible de faire des appels téléphoniques via la 5G. Cela continuera via la 4G, du moins pour le moment. La 5G ne s'applique initialement qu'à la transmission de données par Internet.

La 5G utilise le rayonnement électromagnétique, tout comme la 3G et la 4G ou d'autres technologies sans fil telles que Wifi. Dans une première phase, les fréquences utilisées pour la 5G sont quasiment identiques à celles utilisées pour la 3G et la 4G (dans les bandes de 700 MHz et 3,6 GHz). Dans une deuxième phase, des fréquences plus élevées doivent également être utilisées (dans la bande de 26 GHz). Cela fait partie de la controverse sur la 5G. Les critiques disent que ces fréquences plus élevées sont problématiques pour notre santé car elles sont plus énergétiques que le rayonnement de la 4G et il n'y a pas d'études ni d'expérience à long terme. Les préoccupations sont par exemple sur le risque de cancer, la qualité du sperme, la sensibilité aux radiations ou le stress oxydatif dans les cellules. Les partisans disent qu'ils ne constituent pas une menace pour la santé humaine car il s'agit d'un rayonnement électromagnétique non ionisant inférieur à la limite, qui ne contient pas suffisamment d'énergie pour nuire aux cellules humaines ou au corps. Le gouvernement luxembourgeois souligne qu'il adhère à la « Recommandation du Conseil du 12 juillet 1999 relative à la limitation de l'exposition du public aux champs électromagnétiques de 0 Hz à 300 GHz » (1999/519 / UE) , qui précise des valeurs maximales pour assurer la protection de la population contre les champs électriques.

Un autre point de critique est que l'exposition aux radiations via la 5G devrait augmenter globalement, principalement parce que plus d'antennes seront nécessaires. Les partisans contrent ce point en disant que la 5G a besoin de moins d'énergie par volume de données, que le rayonnement est plus ciblé (et par conséquent réduit) et que s'il y a plus d'antennes, le rayonnement diminuerait parce que les téléphones portables auraient alors une meilleure réception. Et que de toute façon, la plupart du rayonnement auquel les humains sont exposés proviendrait des téléphones portables et non pas des antennes. Il faut également noter que dans de nombreux pays, y compris le Luxembourg, la 4G atteint ses limites, et des antennes supplémentaires sont donc également nécessaires pour la 4G.

Le dernier point, à savoir si l'exposition aux rayonnements augmentera ou diminuera avec la 5G, ne peut probablement pas être résolu avec certitude par la science à l'avance. En fait, la technologie permet de réduire l'exposition aux rayonnements grâce aux effets mentionnés ci-dessus. Cependant, ces effets peuvent être annulés par le soi-disant effet de rebond et les antennes supplémentaires, ou ils peuvent en fait conduire à plus de rayonnement électromagnétique qu'auparavant. Une autre raison pourquoi cela est difficile à prévoir est que, même sans 5G, la consommation de données numériques augmente constamment dans le monde. À l’heure actuelle, on suppose que le volume mondial de données double tous les 12 à 18 mois. Plus il y a de données envoyées, plus l'exposition aux rayonnements est élevée. Il est donc difficile de déterminer exactement la quantité de rayonnement due à la 5G et celle de la croissance du volume de données qui se produit de manière générale.

En ce qui concerne la question de la nocivité des rayonnements électromagnétiques pour la santé, l'état de la science est le suivant : il n'y a pour l’instant pas d'évidence scientifique claire que les fréquences utilisées par la 5G sont nocives pour le corps humain. Même si les fréquences diffèrent en partie de celles de la 4G, ces fréquences sont situées dans une bande pour laquelle il n'existe pas d'évidence scientifique claire de risques pour la santé. Il existe des études qui montrent un effet négatif sur la santé. Cependant, certains d'entre eux sont controversés car ils contiennent des erreurs méthodologiques. Et il y a des études qui ne montrent aucun effet. Cela complique les choses : chaque camp trouve des études qui corroborent ses thèses. Les méta-études, qui analysent de nombreuses études et les évaluent comme un collectif, sont plus informatives. Si on considère ces derniers, il s'avère qu'il n'y a pas d'évidence scientifique que la 5G pose un risque pour la santé des humains.

Ce qui rend les choses encore plus compliquées : Il n'y a pas non plus de certitude absolue que la 5G ne nuira pas. Il n'y a pas encore d'études à long terme, car la 5G n'est que dans les blocs de départ. L'OMS, par exemple, classe donc la 5G comme « potentiellement cancérigène ». Qu'est-ce que cela veut dire ? Il est important de regarder ceci dans un contexte. 

L'OMS classe les cancérogènes potentiels en cinq groupes.

  • Le groupe 1 signifie cancérigène, par ex. le tabagisme, les boissons alcoolisées, le plutonium ou l’amiante.
  • Groupe 2A signifie probablement cancérigène, par ex. la viande rouge, l’acrylamide, le travail de nuit ou cheminées à foyer ouvert
  • Groupe 2B signifie potentiellement cancérigène comme les rayonnements électromagnétiques non ionisants, l'essence, le chloroforme ou les légumes marinés
  • Le groupe 3 signifie qu'une évaluation du risque de cancer n'est pas possible, par ex. la caféine ou le thé
  • Le groupe 4 signifie probablement non cancérigène, comme le caprolactame

La classification « potentiellement cancérigène » signifie qu'il existe des indices mais aucune preuve d'un danger, et que la recherche devrait donc garder un œil sur le sujet. 

Cela peut calmer certaines personnes et inquiéter d'autres. Une conclusion préliminaire de la science pourrait être : avec l'état actuel des connaissances, il n'y a pas lieu de paniquer pour le moment (d'autant plus que la 5G ne sera pas fonctionnelle immédiatement, mais l'infrastructure devra être construite au fil des années). Pendant des décennies, les gens ont été exposés à des rayonnements électromagnétiques dans des bandes de fréquences identiques ou similaires à celles utilisées dans la 5G. Il existent donc beaucoup de données et de valeurs empiriques. S'il y avait des effets négatifs évidents pour la santé des gens qui se manifesteraient encore et encore dans des études, et qui apparaissaient dans les méta-études, alors les scientifiques auraient déjà remarqués ces effets. Le fait que cela n'ait pas été le cas jusqu'à présent montre au moins que s'il y a des effets négatifs sur la santé des gens, ils sont difficiles à mesurer et, dans l'ensemble, ils ne semblent pas avoir d'effets massifs, comparé à d'autres phénomènes qui ont un impact négatif sur notre santé. À titre d’exemple, chaque année environ 4,2 millions de décès prématurés sont attribués à la pollution atmosphérique.

Mais cela ne veut pas dire que tout est bien et que toutes les préoccupations des critiques ne sont pas fondées. Après tout, nous ne savons pas avec certitude si la 5G pourrait ne pas avoir d'effets néfastes sur la santé – en particulier à long terme – tout simplement parce que nous n’avons pas pu mesurer cela avec des méthodes scientifiques jusqu’à présent. Il existe également des difficultés méthodologiques dans la recherche scientifique pour déterminer les effets sur la santé des rayonnements électromagnétiques. Nous y reviendrons plus en détail dans l'article. D'une part parce que les effets ne sont pas évidents et sont donc difficiles à mesurer. D'autre part, parce que, entre autres pour des raisons éthiques, des personnes ne peuvent pas être exposées à des rayonnements de manière intentionnelle ; parce qu’il est difficile de tirer des conclusions causales lorsque les personnes sont exposées à de nombreux facteurs de stress dans la vie quotidienne ; et parce qu’à ce stade, il est en fait impossible de présenter des études à long terme ... Pour toutes ces raisons, le sujet devrait être pris au sérieux et des recherches supplémentaires devraient être effectuées et les valeurs limites strictement contrôlées et respectées.

Les préoccupations de la population doivent également être prises au sérieux. En ce qui concerne la 5G, on doit cependant distinguer les inquiétudes en lien avec des effets de la technologie elle-même, les inquiétudes en lien avec une discussion si tout doit continuer de la même façon (de plus en plus de données, toujours plus vite ...), les inquiétudes dues à des malentendus (tout le monde ne sait pas tout sur les rayonnements électromagnétiques et peut évaluer les effets de différents rayonnements ... le mot rayonnement semble menaçant pour beaucoup de gens, bien qu'il s'agisse d'un phénomène naturel en soi et que pas tous les rayonnements sont égaux ...) et puis les inquiétudes dues aux théories du complot répandues et factuellement fausses.

Quelle position la société ou la politique devraient-elles adopter ? Comment gérer les incertitudes subsistantes ? Comment faire face à la pression économique (si nous ne la suivons pas, les autres puissances économiques nous dépasseront) ? Comment répondre aux soucis des citoyens ? Devrait-on plutôt ralentir ou essayer d'être parmi les premiers ? Pouvons-nous croire avec confiance qu'il n'existe actuellement aucune preuve scientifique fiable d'un danger pour la santé, ou cela ne nous suffit-il pas parce qu'il existe des études individuelles qui indiquent des effets négatifs possibles? Celles-ci restent des questions qui devraient / doivent continuer à faire l'objet de débats et d’études scientifiques.

Nous ne considérons pas qu’il est de notre devoir de répondre à ces questions, mais nous voulons simplement informer sur l’état et les méthodologies de la science.

Voici donc en détail tout ce que vous devez savoir sur la 5G :

Qu'est-ce que la 5G au juste ?

Tout d’abord, le sigle 5G signifie simplement « cinquième génération ». Actuellement, c’est la norme de communication mobile 4G, aussi appelée LTE, pour Long Term Evolution, qui prévaut, même si à certains endroits, le standard 3G, aussi connu sous l’appellation UMTS, pour Universal Mobile Telecommunications System, est encore utilisé.

La technologie 5G promet une vitesse de transfert de données sensiblement accrue. À titre de comparaison, le réseau 3G atteint une vitesse de transfert d’à peine 42 mégabits par seconde (Mbits/s), avec un débit maximal de 1 Gbit/s, la 4G est jusqu’à 20 fois plus rapide, et la 5G culminera à un maximum de 3 Gbits/s dans une première phase, alors que sa vitesse s'accroîtra encore considérablement par la suite.

Il suffira par exemple d’environ une minute pour télécharger un film à haute résolution – à tout le moins dans des conditions optimales, car la 5G pourrait s'avérer un peu moins rapide au quotidien.

La rapidité de 5G

* En réalité, ces valeurs ne peuvent être atteintes que si un utilisateur a l'antenne pour lui-même.
Source: Swisscom / NZZ / nth.

Le temps de latence réduit de la 5G, ou en d’autres termes, le délai de réaction du système, est encore plus remarquable que sa vitesse. Avec le réseau 4G, ce temps de latence fluctue entre cinq et dix millisecondes et, avec un réseau 5G, il se situe aux alentours d’une milliseconde. Cette évolution rend possible, ou améliore, la mise en place de systèmes qui transmettent des signaux en temps réel et réagissent immédiatement.

Un exemple souvent cité ici sont les voitures automatisées. Cependant, ceux-ci doivent également fonctionner s'ils se trouvent dans des zones mortes et fonctionnent d’ores et déjà, même sans réseau 5G. D'autres exemples sont l'internet des objets ou la télé-chirurgie, qui permet aux chirurgiens d'opérer à distance, ou diverses applications robotiques dans l'industrie.

Temps de réaction de 5G

Source: Forschungsstiftung Strom und Mobilkommunikation/NZZ/nth.

Les constructeurs se plaisent également à souligner que le réseau 5G est peu friand en énergie. De fait, l’énergie consommée par unité d’information transmise est quelque 1 000 fois moindre qu’avec les technologies d’ancienne génération. Assumant que, toutefois, le volume de données transmis augmentera sensiblement avec la 5G, ces économies d’énergie pourraient être annulées en très peu de temps.  Dans le jargon spécialisé, on parle d’effet rebond. Cependant, il faut également prendre en compte le fait que le volume de données a augmenté rapidement ces dernières années, indépendamment de 5G.

Comme toutes les technologies sans fil, la 5G repose sur les ondes électromagnétiques qui se propagent dans l’espace. C’est ce qu’on appelle dans le langage courant le « rayonnement électromagnétique ». Différents exemples en sont les ondes radio, les micro-ondes, le rayonnement ultraviolet, le rayonnement thermique (infrarouge) et la lumière (de la partie du spectre visible par l’œil humain). Ces ondes se distinguent par leur longueur (mesurée en mètres, par exemple) ou leur fréquence, c’est-à-dire le nombre de fois qu’une onde oscille en une seconde (mesurée en Hertz [Hz], une valeur de 1 Hz correspondant à une oscillation par seconde). En résumé, plus la longueur d’onde est courte, plus la fréquence est élevée.

Les différents types de rayons ne sont pas tous égaux. Le rayonnement électromagnétique diffère dans ses effets et son impact sur la matière en fonction de la fréquence ou de la longueur d'onde. Les ondes radio, à basse fréquence (30kHZ-300MHz), peuvent p.ex. se propager très bien à travers la matière sur de grandes distances. Les micro-ondes, avec une fréquence légèrement plus élevée (environ 2450 MHz), peuvent provoquer le déplacement des molécules d'eau et donc chauffer de la matière à base d'eau. Nous percevons les ondes électromagnétiques avec une fréquence de 500 THz comme lumière verte, et les ondes avec une fréquence de 600 THz comme lumière orange. Si on augmente en fréquence, on arrive à un moment donné à un rayonnement appelé rayonnement ionisant (comme les rayons X ou les rayons gamma). Il a la capacité de changer la matière en « frappant » des électrons hors de la coquille des atomes. Il est dangereux pour le corps humain. Le rayonnement électromagnétique avec des fréquences plus basses n'a pas cette capacité. Par conséquent, en ce qui concerne les aspects sanitaires, on distingue généralement entre les rayonnements ionisants et non ionisants. Dans le cas de la 5G, les fréquences sont dans la région des rayonnements non ionisants.

Comment la 5G agit-elle sur le corps humain ?

S’agissant d’évaluer les effets des ondes électromagnétiques, il est primordial de garder à l’esprit que plus la fréquence est élevée, moins bien le rayonnement peut traverser les matériaux. Le rayonnement 5G des bandes GHz ne pénètre ainsi que difficilement dans les habitations à travers les murs, et de quelques millimètres seulement dans le corps humain. À la différence des rayons X ou des rayons gamma radioactifs, il n’est par contre pas ionisant et ne peut donc pas endommager le matériel génétique. Malgré tout, il pourrait avoir des effets directs ou indirects sur notre bien-être et notre santé.

À l’instar des micro-ondes, les ondes de téléphonie mobile entraînent un déplacement des molécules d’eau, ce qui crée une chaleur de frottement. Concrètement, cela signifie que les tissus peuvent chauffer légèrement à l’endroit où le téléphone portable est proche du corps. L’effet thermique des ondes de téléphonie mobile est prouvé scientifiquement.

La 5G est-elle nocive pour la santé ?

Dans un premier temps, la 5G a peu d’influence sur l’exposition aux radiations. Comme cela a déjà été remarqué, en effet, les premières fréquences attribuées pour la 5G sont déjà utilisées à d’autres fins, notamment le WLAN.

Dans une analyse documentaire détaillée, la Fondation pour la recherche sur l’électricité et la communication mobile conclut, à propos des risques éventuels de l’exposition actuelle aux ondes de téléphonie mobile, qu’« aucun effet délétère sur la santé du rayonnement de la téléphonie mobile n’est avéré scientifiquement en dessous des valeurs limites ». Elle souligne toutefois également dans son rapport qu’« une grande partie des effets cités dans la littérature reposent sur une base de données manquant de cohérence ou trop maigre pour que des conclusions valables puissent être formulées ». Souvent, les résultats seraient contradictoires ou les travaux ne seraient pas comparables entre eux. Il serait opportun d’approfondir les recherches dans plusieurs domaines.

Les spécialistes considèrent que selon toute probabilité, la 5G ne produit pas d’autres effets sur notre corps que les technologies de communication mobile déjà couramment utilisées. Leur raisonnement s’appuie pour l’essentiel sur deux piliers :

  1. Les anciennes normes de communication mobile telles que le GSM (2G), l’UMTS (3G) et le LTE (4G), mais aussi le WLAN, utilisent déjà la bande de basses fréquences (en dessous de 4 GHz). De nombreuses études ont été menées à ce sujet, et aucune d'elle n'a décelé le moindre danger. Le seul effet biologique pouvant être démontré sans équivoque est l’échauffement des tissus. Il ne pose cependant aucun problème, si les valeurs limites sont respectées.
  2. Dans la bande de hautes fréquences (à venir), il est exact que le corpus d’études est beaucoup plus parcellaire que pour les basses fréquences et que les valeurs limites sont parfois fondées sur des extrapolations, et non des expériences. Les spécialistes ne craignent cependant aucun danger dans ce cas non plus pour l’être humain, car les champs en cause ne pénètrent que faiblement dans le corps. Environ 90 % de l’énergie est absorbée dans les premiers millimètres de la peau.

Vous trouverez plus d’infos sur l’état de la recherche sur les risques pour la santé de la 5G plus bas dans l’article. Spécifiquement, nous répondons aux questions suivantes :

Est-ce que nous sommes « cuits » par le rayonnement 5G ? La 5G endommage-t-elle les cellules ? Le rayonnement 5G cause-t-il le cancer ? La 5G perturbe-t-elle la fertilité et le développement ? La 5G perturbe-t-elle le sommeil et affecte-t-elle le comportement ? La 5G est-elle particulièrement dangereuse pour les personnes électro-sensibles ? Les arbres meurent-ils à cause de la 5G ? Et la 5G est-elle responsable de la pandémie de Covid-19 ?

Les effets du rayonnement 5G sur la santé sont-ils suffisamment étudiés ?

Le portail d'ouvrages de la clinique universitaire RWTH, à Aix-la-Chapelle, qui est dédié aux champs électromagnétiques, répertorie quelque 2 000 publications traitant des effets biologiques et sanitaires du rayonnement de la téléphonie mobile. Une large majorité de ces travaux portent sur les fréquences et les intensités en rapport avec la 3G et à la 4G.

Au sujet de la 5G, en revanche, les résultats de recherche sont encore relativement clairsemés. La plupart des experts estiment néanmoins que les connaissances disponibles s’appliquent également à la 5G. D’une part, il est en effet question de fréquences qui, à tout le moins dans une première phase, sont déjà utilisées de longue date pour les réseaux WLAN et la transmission de signaux de radio ou de télévision. Et d’autre part, aucune raison physique ou médicale ne laisse supposer que des effets biologiques inconnus à ce jour surviendraient uniquement avec certaines fréquences, intensités, caractéristiques de modulation ou durées de rayonnement. Cette hypothèse est d’ailleurs étayée par les conclusions de Simko et Mattsson, qui ont analysé quelque 1 000 expériences publiées dans les bandes de fréquences les plus diverses.

Souvent réclamées, les études à long terme font cependant encore défaut, tout simplement parce que la cinquième génération de téléphonie mobile n’en est encore qu’à ses balbutiements.

Le répertoire d'ouvrages de la Fondation pour la recherche sur l’électricité et la communication mobile (FSM), accessible publiquement, procure un panorama extrêmement complet de l’état actuel de la recherche, organisé par domaine thématique.

Si vous souhaitez avoir un aperçu de l'état de la recherche dans une vidéo, nous vous recommandons cette vidéo de Kurzgesagt - in a nutshell (en allemand) :

Pourquoi est-il difficile pour la recherche de faire des déclarations précises sur les dangers possibles de la 5G ?

Malheureusement, il est difficile de mener de bonnes études scientifiques systématiques sur les effets négatifs potentiels de la 5G ou d'autres rayonnements de la téléphonie mobile chez l'homme. Parce que les scientifiques sont dans ce cas confrontés à un dilemme méthodologique et éthique.

Le meilleur serait de mener une étude dite randomisée contrôlée : la moitié des participants volontaires à l'étude seraient exposés aux rayonnements de la téléphonie mobile pendant une longue durée (groupe test) et la seconde moitié ne le serait pas (groupe témoin). Qui finit dans quel groupe est déterminé au hasard par un ordinateur. Il est préférable que ni les participants ni les scientifiques ne sachent à quel groupe ils appartiennent (c'est ce qu'on appelle une étude en double aveugle). Cette classification serait impossible dans ce cas précis, car le groupe témoin remarquerait qu'ils ne pouvaient par ex. pas utiliser des téléphones portables, etc. En outre, le groupe témoin devrait être hébergé dans un endroit isolé où il n'y a pas de rayonnements de téléphonie mobile et il serait alors pratiquement isolé du monde extérieur. Cet isolement pourrait à son tour avoir des effets négatifs, ce qui rend la comparaison avec le groupe test difficile.

Un deuxième problème est beaucoup plus important : pour des raisons éthiques, il n'est pas permis de mener des études scientifiques dans lesquelles des personnes sont consciemment exposées à un danger. Les études testant de nouveaux médicaments chez l'homme, sont cependant justifiées. Car dans ces cas, des expériences avec des cellules ou des animaux ont précédemment démontré un effet positif pour ces médicaments qui pourraient être bénéfiques pour l’homme.

En conséquence, les scientifiques ne peuvent mener que des études d'observation sur les effets négatifs potentiels du rayonnement de la téléphonie mobile. Mais même ces études ont leurs limites. Dans les études dites de cohorte, on observe si dans un groupe de beaucoup de personnes qui sont représentatives de la population et toutes en bonne santé au début de l'étude, certaines d'entre elles tombent malades au fil du temps et si elles ont été exposées davantage aux rayonnements de la téléphonie mobile que celles qui sont restées en bonne santé. L'inconvénient de ces études : si le rayonnement de la téléphonie mobile ne produit que des effets négatifs ou certaines maladies dans de très rares cas, cela ne sera pas remarqué dans une étude de cohorte.

Un autre type d’étude possible sont les études cas-témoins : un groupe de personnes malades, disons des patients atteints d’un cancer, et un groupe de personnes en bonne santé sont comparés. Dans les deux groupes, on essaie d’analyser de manière rétrospective - principalement en interrogeant les participants - à combien de rayonnement de téléphonie mobile ces personnes ont été exposées au fil des ans et s'il y a une différence entre les groupes. Un problème avec ces études est ce qu’on appelle le « recall bias » : si p.ex. on demande à des personnes malades si elles ont beaucoup utilisé leur téléphone portable ces dernières années, ils sont plus enclins à dire « oui » que des personnes en bonne santé.

Ainsi, chaque type d'étude a ses avantages et ses inconvénients et il n'est pas toujours facile de classer l'importance des études respectives. Mais si on considère toutes les études individuelles avec leurs points forts et faibles, une image globale se dégage qui reste valable jusqu'à ce qu'il y ait de nouvelles preuves pour ou contre le statu quo. Et pour l’instant, le statu quo pour le rayonnement de la téléphonie mobile est qu'il existe des indications, mais jusqu'à présent aucune preuve scientifique claire pour des effets nocifs de ce type de rayonnement, y compris le rayonnement 5G. Cependant, certaines études de cohorte importantes sont toujours en cours, par ex. l'étude COSMOS. http://www.thecosmosproject.org/

Pour plus de détails sur les différents modèles d'étude et la méthodologie scientifique dans le cas des études d'électrosmog, nous recommandons cette vidéo de la communicatrice scientifique Mai Thi Ngyen Kim (en allemand) :

La 5G au Luxembourg, c’est pour quand ?

La stratégie nationale 5G du Luxembourg s’inspire du plan d’action de l’UE pour la 5G en Europe. Dans ce contexte, le Luxembourg avait annoncé la mise aux enchères des fréquences 5G en mars 2020. Cinq entreprises se sont portées candidates et les enchères se sont déroulées du 13 au 22 juillet 2020. Quatre opérateurs (Orange, Post, Proximus et Luxembourg Online) se sont vu octroyer des fréquences dans la bande des 700 et/ou des 3 600 MHz pour une durée de 15 ans. Les premiers services 5G devraient être disponibles dans la capitale dès la fin 2020, et d’ici 2025 90% de la surface du pays devrait être couvert.

Où la 5G existe-t-elle déjà dans le monde ?

Sur ce site Internet se trouve une carte interactive des réseaux 5G déjà accessibles aux consommateurs.

Quelles sont les applications concrètes de la 5G ?

La 5G est surtout intéressante pour les applications industrielles, les systèmes de transport automatisés et l’« Internet des objets ». Pour expliquer ce dernier concept, d'aucuns évoquent l’image d’un monde dans lequel le réfrigérateur commande lui-même du lait lorsqu’il en manque. Il s’agit là toutefois d’un exemple de la première heure, plutôt maladroit, mais qui persiste avec ténacité dans l’imaginaire collectif. Il serait nettement plus pertinent, par exemple, de penser à une armoire à pharmacie qui détecte quand un médicament spécifique est pratiquement épuisé ou quand sa date de péremption est dépassée pour demander automatiquement son renouvellement auprès du fournisseur.

Un réseau qui réagit en temps réel grâce à une latence extrêmement faible peut également connecter des machines ou des robots industriels dans des usines, par exemple. La société suisse de télécommunication Swisscom a mené un projet pilote de ce type avec l’entreprise de technologie médicale Ypsomed. Les processus de production ont gagné en transparence, en efficacité et en sécurité.

Par ailleurs, de grandes attentes sont placées dans la 5G pour les systèmes de transport de demain, avec des véhicules entièrement ou partiellement automatisés. C’est notamment l’objet d’un projet de recherche comprenant une participation luxembourgeoise, en association avec l’UE et la Chine, qui vise à étudier l’harmonisation entre différentes normes 5G et l’intérêt de la technologie pour les voitures sans chauffeur. Les essais y afférents sont en cours en Finlande, en Italie et au Royaume-Uni.

La 5G nécessite-t-elle de nouvelles antennes ?

Ce n’est pas si simple : oui et non. Dans la bande de fréquences inférieure (700 MHz), les antennes utilisées actuellement peuvent bénéficier de certaines améliorations de la « cinquième génération », car leur logiciel peut être mis à jour pour obtenir une « 5G au ralenti » (certains opérateurs parlent dans ce cas de 4G+ ou de 5G wide). Afin de mettre à profit tous les avantages de la 5G, il faut toutefois de nouvelles antennes conçues pour une bande de fréquences en GHz, appelées « antennes adaptatives », car elles forment un faisceau groupé et dirigent le signal de façon ciblée vers l’appareil récepteur.

Étant donné que le signal 5G franchit moins bien les obstacles, tels que les bâtiments, la couverture ne peut plus être garantie par un petit nombre de grandes antennes qui diffusent leur signal tous azimuts, comme c’est le cas avec la norme de communication mobile actuelle. Davantage d'antennes de plus petite taille sont ainsi indispensables pour desservir un centre-ville. Appelées picocellules, elles ont une portée allant jusqu’à 200 mètres, de sorte que pour éviter les coupures, par exemple, dans une zone piétonne, il faut en installer un plus grand nombre. Ces antennes n’ont toutefois qu’une faible puissance d'émission (moins de 1 Watt), ce qui équivaut approximativement à un téléphone portable.

Un réseau 5G est constitué de macrocellules et de microcellules. Le terminal communique soit uniquement via les macrocellules ou via les microcellules, soit via les deux.

Qu’est-ce qu’une antenne adaptative ?

Les antennes dites adaptatives doivent être utilisées avec la 5G.

Pour la 5G, des antennes dites adaptives devraient être utilisées. Elles sont totalement différentes des antennes de téléphonie mobile traditionnelles. Contrairement aux antennes classiques, elles ne diffusent pas leur rayonnement sur une grande zone en éventail, mais forment un faisceau groupé en direction de l’appareil qui a besoin d’une connexion. Les spécialistes le décrivent par le terme « beamforming ». Plusieurs connexions peuvent être établies simultanément, si bien que la qualité est meilleure et la vitesse plus élevée qu’avec une antenne statique. De plus, les personnes qui ne sont pas en train de téléphoner sont soumises à une exposition nettement moindre aux radiations.

Dans quelle mesure la 5G augmente-t-elle le volume de données de la communication mobile ?

Le volume de données transmises sur les réseaux mobiles s’accroît à un rythme effréné. Depuis longtemps, les appels téléphoniques ne représentent plus le principal service, mais sont supplantés, et de loin, par l’utilisation mobile d’Internet et le streaming de musique et de vidéos. Par conséquent, le volume de données transportées augmente actuellement tous les 12 à 18 mois. Selon l’Office fédéral de la communication en Suisse (BAKOM), il double tous les 12 à 18 mois.  Aux États-Unis, la société d’étude de marché International Data Corporation (IDC) a estimé que le volume de données sera multiplié par plus de cinq dans le monde entre 2018 et 2025. D’après les prévisions de l’Ericsson Mobility Report, la croissance n’est toutefois pas (encore) alimentée par la 5G, mais par les technologies existantes (3G et 4G), le principal moteur étant le transfert de vidéos. En outre, la croissance globale se jouera principalement en Asie du Sud-Est.

La 5G augmente-t-elle l’exposition aux radiations ?

Sur le fond, il convient de remarquer que la principale source d’exposition aux radiations pour l’être humain ne provient pas des pylônes relais, mais bien du téléphone portable. En effet, une étude de l’Institut tropical et de santé publique suisse (Swiss TPH) a conclu que plus de 90 % des ondes de téléphonie mobile auxquelles nous sommes exposées proviennent de notre propre téléphone.

Les téléphones 5G possèdent environ la même puissance que les appareils 4G courants à ce jour. S’agissant d’intensité, il convient néanmoins de distinguer la puissance d'émission d’un appareil (exprimée en milliwatts, mW) et l’intensité du champ électrique (en volts par mètre, V/m) qu’il dégage. En définitive, ces deux paramètres exercent une influence sur la transmission du signal, mais aussi sur l’exposition de l’organisme humain. Tant au niveau de la puissance d'émission que de l’intensité de champ, la 5G (tout comme la 4G) ne dépasse que légèrement le WLAN, qui est aujourd’hui installé dans pratiquement tous les foyers. En ce qui concerne le rayonnement affectant l'être humain, la distance entre le corps et l’antenne est déterminante. Pour de nombreuses applications 5G, comme la navigation sur Internet, l’utilisateur ne tient pas le téléphone contre son oreille, mais devant lui, à une certaine distance, de sorte que le rayonnement reste largement inférieur au maximum théorique.

À l’avenir, le beamforming des installations d'émission réduira l’exposition aux radiations pour deux raisons : premièrement, l’antenne concentre son rayonnement en faisceau sur le téléphone connecté. Les personnes situées à proximité sont donc moins impactées, mais l’utilisateur en profite également : étant donné que la capacité de transmission et la qualité de connexion du réseau sont meilleures, le téléphone peut envoyer les données avec moins de rayonnement que sur le réseau 3G ou 4G. L’utilisateur, lui aussi, est donc exposé à moins de radiations.

Voilà pour la théorie.

Mais que se passe-t-il si un grand nombre de personnes téléphonent en même temps ? L’exposition totale n’augmente-t-elle pas lorsqu’une multitude de faisceaux d’ondes sont émis ? En théorie, il peut arriver que les faisceaux d’utilisateurs multiples s’additionnent au même endroit. Localement, l’intensité de champ est alors plus élevée qu’avec les antennes traditionnelles, mais les temps d'émission sont plus brefs grâce à la meilleure efficacité spectrale. Les mesures de l’institut français ANFR dans un réseau mobile 5G en 2019 ont ainsi montré qu’en fin de compte, l’exposition diminue d’un facteur de 2 à 3 par rapport aux anciennes technologies.

Où sommes-nous le plus exposés aux radiations ?

Ainsi que cela a été évoqué, il est primordial de distinguer le rayonnement de notre propre téléphone collé à notre oreille, celui des téléphones actifs autour de nous et celui des antennes d'émission.

Les recherches font apparaître que notre exposition aux radiations est la plus forte, et de loin, dans les transports en commun – dans la plupart des cas, la réception y laisse à désirer et de nombreux passagers proches de nous téléphonent ou naviguent sur Internet. Martin Röösli en conclut que l’exposition aux radiations dépend d’abord et avant tout de notre comportement personnel. Professeur d’épidémiologie environnementale à l’Institut tropical et de santé publique suisse, à Bâle, M. Röösli a mené plusieurs études épidémiologiques sur les effets des champs électromagnétiques sur la santé. Il appartient aux spécialistes les plus expérimentés à l'échelon international et siège entre autres à la Commission internationale pour la protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP).

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Quel est le rayonnement de mon téléphone portable ?

Pour évaluer l’effet potentiel du rayonnement, il est essentiel de connaître la part du rayonnement incident qui est absorbée dans un tissu spécifique du corps. Cette valeur est définie par le « débit d’absorption spécifique », ou en abrégé, le DAS, et exprimée en puissance par rapport à la masse dans l’unité W/kg.

Plus le DAS est faible, moins le rayonnement fait chauffer le tissu humain.

Cette valeur est calculée pour la puissance d'émission maximale, mais en pratique, la puissance réellement produite par un téléphone portable est le plus souvent inférieure. Dans un réseau bien développé, avec une forte densité de pylônes relais, un téléphone déploie une puissance considérablement plus basse que dans un réseau déficient. La puissance d'émission requise augmente également lorsque le téléphone est utilisé à l’intérieur d’un véhicule ou d’un bâtiment.

Selon la même logique, l’exposition aux radiations grimpe en flèche lorsqu’on téléphone avec une mauvaise réception plutôt que dans un réseau dense.

Le calcul du DAS par les fabricants de téléphones portables est réglementé par la norme européenne EN 62209-1, qui impose les conditions à respecter pour les mesures afin que les chiffres annoncés soient comparables d’une marque à l’autre. Le DAS des appareils modernes varie entre 0,10 et 1,99 W/kg. Lors de l’achat d’un téléphone portable, il est donc intéressant de rechercher le DAS le plus bas possible.

Le rayonnement 5G nous fait-il « cuire » ?

Selon une croyance qui a gagné en popularité récemment, la 5G nous ferait « cuire ». Cette croyance est toutefois erronée, car une fois encore, le rayonnement de la 5G, dans les principales plages de fréquence utilisées actuellement, pénètre moins profondément dans le corps que ce n'est le cas avec les anciennes technologies. La question d’un échauffement est malgré tout justifiée. Les fours à micro-ondes fonctionnent à une fréquence de 2,45 GHz, ce qui correspond bien à la plage de la 5G. En l’occurrence, la hausse de la température dans l'enceinte tient à ce que le rayonnement pénètre dans les aliments et transfère son énergie aux tissus. Mais un four à micro-ondes a une puissance maximale de 1 000 watts. Ainsi que cela a été évoqué, les téléphones portables quant à eux ne dépassent pas 1 à 2 watts.

Alors, pourquoi ressentons-nous quand même une sensation de chaleur à l’oreille lorsque nous téléphonons ? Ce phénomène peut principalement être attribué au rayonnement thermique de l’écran et de la batterie, ainsi qu’à l’effet isolant de l’appareil et de la main. Le rayonnement n’y contribue que faiblement. Il fait donc chaud autour de l'oreille principalement parce que nous pressons le téléphone portable contre notre oreille.

La 5G endommage-t-elle les cellules ?

Les recherches sur les effets cellulaires du rayonnement électromagnétique sont extrêmement disparates. Les effets les plus variés font débat : troubles génétiques et altérations de l’activité génétique ou dégradation de la membrane cellulaire, des fonctions cellulaires, de la barrière hémato-encéphalique ou encore de la vitalité des cellules. En règle générale, certaines études constatent des effets, et d’autres pas.

Surtout, aucune explication, ou à tout le moins, aucune explication cohérente sur les mécanismes d’action potentiels n’est avancée pour un quelconque de ces effets supposés. Nul ne sait non plus si, le cas échéant, les effets mesurables observés au niveau cellulaire entraînent nécessairement un dommage ou un trouble ou si les mécanismes de réparation internes des cellules sont capables d'y faire face.

Seules les études sur le phénomène appelé stress oxydatif mettent en lumière de façon répétée un lien avec le rayonnement électromagnétique :

 des radicaux libres d’oxygène plus agressifs pourraient se former dans les cellules à cause du rayonnement. Il reste toutefois à en déterminer les effets éventuels sur la santé. La réalisation de recherches ciblées à ce sujet serait judicieuse.

Le rayonnement 5G provoque-t-il le cancer ?

Ainsi que cela a été remarqué pour les effets thermiques, il est impossible de répondre à cette question sur la base d’études épidémiologiques, car la 5G n’a pas encore été déployée. En revanche, 20 ans d’épidémiologie et de recherches en laboratoire sur les normes de téléphonie mobile antérieures ont également une certaine force probante pour la 5G : comme dans toute discipline de recherche, les résultats ne sont jamais définitifs, mais ces dernières années, les faits s’orientent vers une levée de l’alerte.

Les statistiques nationales sur le cancer ne montrent aucune hausse inhabituelle au cours d’une période de 15 ans, alors qu’on pourrait s’y attendre – dans la mesure où le risque n’est pas négligeable.

De même, les études épidémiologiques ne révèlent globalement pas d’augmentation du risque de cancer significative en termes statistiques. Certains sous-types de cancers sont certes en légère hausse, ce qui fait toujours couler beaucoup d’encre, mais dans la même catégorie de cancers, d’autres types sont en baisse – ce qui tend à susciter moins de commentaires. D’après les experts, ces fluctuations sont imputables à des changements dans les pratiques d’encodage et à un meilleur diagnostic.

En ce qui concerne le cancer du nerf auditif, l’étude Interphone, qui est la plus grande menée à ce jour, a mis en évidence une probabilité accrue d’un facteur de 1,3 pour les personnes qui téléphonent beaucoup, qui peut toutefois être attribuée, d’après les chercheurs, à la fourniture d’informations non plausibles sur l’usage du téléphone par les personnes malades interrogées. À titre de comparaison, le tabagisme augmente le risque de cancer du poumon d’un facteur de 60 à 70.

Il est difficile d’interpréter un risque qui présente une si faible majoration. Une étude a par exemple révélé que les femmes qui font un usage intensif de leur téléphone portable pendant plus de dix ans risquent 2,5 fois plus de souffrir d’un neurinome de l'acoustique, c’est-à-dire une tumeur bénigne située sur le nerf auditif. Le chiffre de deux fois et demie plus de tumeurs semble catastrophique. Pour l’apprécier correctement, il faut toutefois prendre en considération non seulement la fiabilité de cette conclusion elle-même, mais aussi la fréquence de cette forme de cancer. L’incidence du neurinome de l'acoustique s’élève à 0,001 %. En d’autres termes, quelque 10 tumeurs de ce type sont normalement recensées en un an sur une population d’un million de personnes. Par conséquent, si un million de personnes utilisent leur téléphone de façon intense pendant plus de dix ans, 25 développeront un tel cancer au lieu de 10.

Une interprétation causale de constats épidémiologiques est également pour le moins délicate, en particulier lorsqu’une affection est rare. Une étude récapitulative a conclu que le neurinome de l'acoustique est légèrement plus fréquent du côté de la tête où on tient le téléphone. D’autres chercheurs y voient par contre une « causalité inversée ». Autrement dit, la tumeur serait simplement découverte plus tôt du côté où on tient le téléphone parce que l’acuité auditive s’affaiblit de ce côté. De l’autre côté, elle serait tout aussi fréquente, mais plus rarement détectée. Et la confusion atteint son apogée à la lecture du site Internet d’un groupe d’entraide. Parmi les membres de ce groupe, le neurinome touche en majorité le côté de la tête où ils ne téléphonent pas. Bien entendu, il ne peut en être déduit que le téléphone protège contre la tumeur, mais les personnes atteintes d’une tumeur sans le savoir entendent mal et utilisent plutôt l’autre oreille.

Si les champs électromagnétiques comportaient un risque grave de cancer, il devrait d’après les épidémiologistes être clairement visible.

Il y a environ deux ans, un vif émoi s’est emparé du grand public lorsque trois études ont constaté un risque accru de tumeurs au cerveau et dans d’autres parties du corps à la suite d’expérimentations sur des rats. Deux de ces études provenaient du National Toxicology Program (NTP), aux États-Unis, et l’autre de l’Institut Ramazzini, à Bologne.

En février dernier (2020), une méta-analyse de grande envergure de la Food and Drug Administration (FDA) américaine a toutefois conclu que les études à l’origine de controverses animées présentaient d'importantes lacunes. Ainsi, les animaux étaient irradiés sur tout leur corps pendant neuf heures par jour, ce qui ne reflète pas les conditions réelles d’exposition chez l’être humain, à savoir une radiation brève et localisée au niveau d’une oreille. Dans cette méta-analyse, la FDA se fonde sur 125 études revues par les pairs qui s’étaient intéressées à un lien éventuel entre le rayonnement à haute fréquence et le cancer entre 2008 et 2018 et elle a par ailleurs noté que les études sur l’homme ou l’animal étaient difficiles à réaliser et à comparer. Ce sont donc d’après elle les données épidémiologiques qui fournissent les informations les plus fiables.

En mars 2020, la Commission internationale pour la protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP) a ensuite publié ses nouvelles Lignes directrices pour la limitation de l’exposition aux champs électromagnétiques, qui étaient attendues de longue date. L’ICNIRP est reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de nombreuses autorités et institutions internationales s’appuient sur ses recommandations pour fixer leurs valeurs limites relatives aux ondes de téléphonie mobile.

Les nouvelles lignes directrices se veulent plus précises que les anciennes, notamment en ce qui concerne les hautes fréquences pertinentes pour la 5G. Elles garantiraient en outre que les technologies 5G ne peuvent engendrer aucun dommage. À cet égard, il convient de remarquer que dans tous les domaines, les valeurs limites sont calculées avec la plus grande circonspection. Ainsi, même si elles sont dépassées ponctuellement, aucun danger immédiat ne nous guette et aucun effet préjudiciable pour la santé ne doit être anticipé.

La 5G perturbe-t-elle la fertilité et le développement ?

Rien n’indique clairement que le rayonnement de la téléphonie mobile tel qu’on le rencontre quotidiennement altérerait la fertilité. Nombre d'études ne sont toutefois pas de qualité suffisante, en particulier, parce que les personnes interrogées ne peuvent que très difficilement évaluer leur exposition aux champs électromagnétiques. Il n’existe pas de données probantes en termes épidémiologiques sur le développement embryonnaire dans l’utérus, et les études sur l’être humain sont impossibles pour des raisons éthiques.

La 5G perturbe-t-elle le sommeil et influence-t-elle le comportement ?

Une fois encore, il n’a pas été prouvé de façon expérimentale que la nouvelle norme de communication mobile produit un autre effet que les anciennes, mais cela ne devrait plutôt pas être le cas.

L’influence du rayonnement des téléphones portables sur les ondes cérébrales a été démontrée à plusieurs reprises. Elle s’observe principalement dans un EEG du sommeil. Ces effets sont similaires à ceux de la consommation de café ou du travail sur ordinateur avant le coucher. Aucun effet dommageable pour la santé, notamment sur la qualité subjective du sommeil, n’est toutefois établi.

Plusieurs groupes de scientifiques ont étudié l’influence du rayonnement des téléphones portables sur le comportement, notamment chez les enfants et les adolescents. Ils soulignent néanmoins d’emblée que les effets pourraient s’expliquer moins par le rayonnement que par le comportement d’utilisation. Au bout du compte, ils n’ont découvert aucun élément attestant un lien de causalité entre le rayonnement et le comportement.

La 5G est-elle particulièrement dangereuse pour les personnes électrosensibles ?

Certaines personnes affirment qu’elles peuvent ressentir les champs électromagnétiques ou qu’elles y réagissent par des symptômes physiques et se qualifient par conséquent d’« électrosensibles ». Or, la causalité de symptômes aigus tels que les maux de tête, les troubles du sommeil, la fatigue, les difficultés de concentration, etc. ne peut être démontrée par des preuves scientifiques fiables. De récents travaux sur les effets chroniques pointent dans la même direction. Une telle prédisposition des personnes qui se disent électrosensibles ne peut en tout cas être établie dans des conditions de laboratoire, c’est-à-dire dans des études en double aveugle.

En revanche, il est avéré que la peur des ondes de la téléphonie mobile peut affecter négativement le bien-être ou aggraver un trouble déjà présent.

On parle d’effet nocebo : quelque chose entraîne un effet négatif parce que la personne est convaincue que cet effet négatif va survenir.

La 5G fait-elle mourir les arbres ?

La théorie court que le rayonnement électromagnétique empêche les arbres d’acheminer les nutriments jusqu’à leur cime. Il n’existe toutefois aucune preuve scientifique à ce sujet, mais uniquement des photos relayées sur Internet. Andreas Rigling, qui travaille à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), a observé ces images. Il déclare qu’avec ou sans 5G, des arbres meurent toujours quelque part sous l’effet de la sécheresse, de la chaleur ou de ravageurs. À nouveau, un cliché amateur n’est pas une preuve. Martin Röösli, spécialiste des rayonnements, ajoute que de nombreuses antennes 5G installées n’ont encore qu’un niveau d’émission minime, car très peu de personnes utilisent un téléphone portable compatible. Si l’effet était à ce point intense que les arbres dépériraient dès le raccordement d’une antenne, on l'aurait constaté autour des antennes 5G déjà installées.

À l’issue d’un atelier international sur les effets possibles des champs électromagnétiques sur les animaux et les végétaux, l’Office fédéral allemand pour la protection contre les radiations (BfS) a conclu qu’« il n’existe actuellement aucune preuve scientifique certaine d’effets dommageables sérieux sur la faune et la flore, mais bien des indications isolées qui devraient faire l’objet de recherches plus poussées ».

La 5G est-elle responsable de la pandémie de coronavirus ?

Comme le démontre une étude du portail d’investigation Correctiv, la pandémie de coronavirus n’a assurément aucun rapport avec la 5G. La Covid-19 sévit dans de nombreuses régions du monde qui ne sont encore équipées d’aucune antenne 5G. De surcroît, aucune étude scientifique n’explique comment le rayonnement électromagnétique pourrait soit déclencher directement la maladie, soit transformer un virus de cette manière. L’idée que le rayonnement propagerait les virus est par ailleurs totalement erronée. Le rayonnement ne peut déplacer aucune matière, mais tout au plus l’exciter au niveau énergétique.

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Où et quand l'opposition à la 5G a-t-elle commencée ?

Le Global Desinformation Index explique dans un rapport sur la 5G, que  les mouvements anti-5G ont commencé après deux discours de Tom Wheeler, l’ancien président de la Federal Communications Commission (FCC) des États-Unis, pendant lesquels il annonçait l’arrivée de la 5G en juin 2016.. Moins d’un mois plus tard, le 14 juillet, M. Wheeler a été surpris par des questions sur le risque pour la santé lors d’une conférence de presse au siège de la FCC. Douze jours plus tard, le mouvement « InPower », qui compte 9 300 abonnés sur YouTube, a publié une vidéo intitulée « La vérité sur la 5G », qui a été visionnée plus de 112 000 fois. Depuis ce moment, le message ne cesse d’être répété avec les mêmes arguments. Sur YouTube, Twitter, Facebook et Instagram, mais aussi sur une série de sites Internet et de réseaux sociaux anonymes tels que 4chan, 8chan, Gab et Voat.

Le hashtag #Stop5G serait l’invention d’un certain Max Igan, qui exploite un site Internet diffusant des théories du complot sur tous les sujets imaginables, y compris sur les attentats du 11 septembre, et se finance au moyen de dons et de recettes publicitaires sur ses canaux. Mais cela ne devrait pas donner l'impression que tous ceux qui s'inquiètent de la 5G tomberont dans les arguments absurdes des théoriciens du complot. Le sujet est complexe et il y a des incertitudes. Il est donc compréhensible que les gens s'inquiètent. Afin de dissiper les inquiétudes des gens, des recherches scientifiques plus spécifiques sont nécessaires.

La 5G compromet-elle la protection des données ?

L’entreprise chinoise Huawei fournit actuellement une partie du matériel informatique nécessaire au déploiement des réseaux 5G dans le monde entier. Certains pays craignent qu’elle configure ses systèmes de façon à permettre des actes d'espionnage. C’est pourquoi, à la mi-juillet de cette année, le gouvernement britannique a exclu cette société en tant que fournisseur pour l’installation du réseau 5G au Royaume-Uni. Dans ce pays, les opérateurs de réseau n'auront plus le droit à partir de 2021 d’acheter et de monter des composants de la marque Huawei.

Dans le même ordre d’idées, Cliff Konsbruck, directeur de Post Telecom au Luxembourg, a confirmé dans une entrevue sur RTL que son entreprise déploiera son réseau 5G avec son partenaire de longue date Ericsson.

Résumé

Au Luxembourg, les fréquences ont été attribuées aux opérateurs de téléphonie mobile par une procédure d’enchères et la 5G sera donc bel et bien déployée. Du point de vue scientifique, il n'existe aucune preuve qui donne à penser que la technologie 5G ferait courir un grave danger à l’être humain et à l’environnement. Il est en outre extrêmement improbable que de nouvelles études remettant fondamentalement en question les connaissances actuelles soient publiées d’ici la mise en service de cette dernière génération de réseaux.

Cependant, il existe encore relativement peu d’études spécialement consacrées à la 5G. Beaucoup de choses sont déduites d’études sur les technologies plus anciennes. Les spécialistes partent néanmoins du principe que les connaissances disponibles sur la 3G et la 4G valent aussi pour la 5G : en deçà des valeurs limites autorisées, aucun effet dommageable pour la santé lié au rayonnement de la téléphonie mobile n’est prouvé scientifiquement.

Une réponse doit impérativement être apportée à la question de l’exposition globale aux radiations lorsqu’un grand nombre de personnes téléphonent en même temps dans un espace exigu. Dans ce cas de figure, on ignore encore comment les mesures doivent être réalisées. De plus, il manque encore d’études épidémiologiques à long terme sur la 5G.

Dans l’attente, il est important que les valeurs limites sont respectées et nous pouvons adapter notre propre comportement d’utilisation pour maintenir notre exposition aux radiations au niveau le plus bas possible. Car notre comportement (téléphoner près de l'oreille, porter son portable dans son pontalon, ...) joue un rôle important quant à notre exposition aux rayons électromagnétiques. 

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Recommandations pour éviter le rayonnement des téléphones portables
  • Lors de l’achat d’un téléphone portable, prêter attention au DAS, qui doit être faible.
  • Garder son téléphone portable le plus loin possible du corps. Autrement dit, ne pas le ranger dans la poche de son pantalon ou la poche de poitrine de sa chemise.
  • Lors des conversations téléphoniques, ne pas tenir l’appareil contre son oreille, mais utiliser un casque ou des écouteurs. Mais attention : les casques sans fil fonctionnent par Bluetooth, ce qui expose également le corps à des radiations.
  • Éteindre son téléphone portable ou le régler en mode avion le plus souvent possible.
  • Téléphoner le moins possible lorsque la réception est mauvaise, c’est-à-dire en dehors des zones bien desservies. Éviter également de téléphoner à l’intérieur d’un bâtiment ou d’un véhicule, qui font bouclier au signal. Sinon, le téléphone portable émet à sa puissance maximale, ce qui augmente l’exposition aux radiations.
  • De nombreux opérateurs de télécommunications offrent un service d’appels Wi-Fi. Son utilisation permet de conserver le téléphone portable en mode avion tout en téléphonant à l'aide du Wi-Fi.

Auteurs: Beat Glogger (scitec-media), Jean-Paul Bertemes (FNR), Michèle Weber (FNR)
Editeurs: Jean-Paul Bertemes (FNR), Michèle Weber (FNR), Joseph Rodesch (FNR)

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