Est-ce qu’une offre de structures d’accueil extra-familial à proximité du domicile permet aux mères de travailler ? Audrey Bousselin a analysé cette question.

(C) Uwe Hentschel

Audrey Bousselin, Forscherin des Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER)

Le choix du lieu de résidence des parents qui travaillent dépend très souvent de la proximité de garderies. Mais l’inverse est-il également vrai ?

En général, l’on réfléchit beaucoup avant d’acheter une maison ou un terrain. Et ce, pas seulement à propos du prix que l’on est prêt à payer, mais également en ce qui concerne la situation, la distance par rapport au lieu de travail et les infrastructures disponibles. Y a-t-il des commerces à proximité ? Qu’en est-il des offres de loisirs et des soins médicaux ? Et des écoles et des structures d’accueil pour les enfants ?

Ce dernier point est justement très important pour les futurs ou jeunes parents. En effet, la disponibilité d’une garderie permet aux deux parents d’exercer une activité professionnelle. Et plus cette infrastructure est proche du domicile, plus il est facile de concilier vie privée et vie professionnelle. Par conséquent, l’on pourrait croire qu’une offre de structures d’accueil extra-familial à proximité du domicile permet (surtout) aux mères de travailler. Mais en est-il vraiment ainsi ?

Aucune influence discernable sur l’activité professionnelle des mères

Audrey Bousselin, chercheuse au Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER), a analysé cette question. La scientifique a examiné ce lien sur une base empirique dans le cadre d’une étude. Le Luxembourg se prête particulièrement bien à une telle recherche, car il dispose d’une base de données étendue relative à l’ensemble des domaines de la vie quotidienne, qu’il s’agisse du marché du travail, des foyers ou de la disponibilité des structures d’accueil, explique Audrey Bousselin.

Les résultats de son travail montrent que la proximité géographique de garderies n’exerce aucune influence notable sur l’activité professionnelle des mères d'enfants de 0 à 3 ans et sur l’utilisation de l’offre existante, ce qui ne surprend toutefois pas particulièrement la chercheuse. « Le taux de fréquentation et le nombre de structures proposées étant déjà très élevés, il ne faut s’attendre ici à aucun effet particulier », déclare Audrey Bousselin.

Vision traditionnelle du rôle des sexes

Une fois une certaine distance dépassée, le fait que la garderie se situe à un, deux ou cinq kilomètres du domicile ne joue plus au fond qu’un rôle mineur. « Plus de 90 % des parents conduisent leurs enfants à la structure d’accueil en voiture », explique Audrey Bousselin. Que l’on roule cinq ou dix minutes ne fait donc pas de différence majeure.

En outre, le Luxembourg est très conservateur en ce qui concerne la politique familiale, ajoute la collaboratrice du LISER. Ainsi, d’une part, la gamme des services de garde d’enfants est constamment élargie et les places bénéficient d’importantes subventions afin d’améliorer l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle.  Mais, dans le même temps, il existe au Luxembourg une vision tout à fait traditionnelle de la répartition des rôles au sein de la famille : l’homme génère les revenus et la femme organise les tâches domestiques, précise Audrey Bousselin. Si le gouvernement vise à intégrer plus de mères sur le marché du travail, il est donc nécessaire d’agir également sur cette vision traditionnelle.

Les parents profitent différemment de structures d’accueil proches du domicile

Afin d’accroître la participation des mères au marché du travail, la mise à disposition de garderies à proximité du domicile ne suffit donc pas. Certes, l’offre s’est développée de façon cohérente au cours des dernières années, explique la sociologue. Toutefois, de nombreux parents rencontrent toujours des problèmes pour concilier leurs horaires de travail avec les heures d’ouverture des structures d’accueil des enfants.

De plus, Audrey Bousselin signale également dans son travail que les places disponibles dans ces structures sont réparties selon des priorités spécifiques, du moins dans les institutions publiques. Ainsi, les parents isolés mais aussi les familles au sein desquelles les deux parents travaillent, par exemple, sont traités de manière privilégiée. Par conséquent, ce sont surtout les mères déjà actives sur le marché du travail qui profitent de structures d’accueil proches du domicile, mais pas nécessairement celles qui souhaitent reprendre leur activité professionnelle après une pause.

Auteur: Uwe Hentschel
Photo: Audrey Bousselin (© Uwe Hentschel)

 

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Plus d'infos

Actualité (en anglais) sur le site web du LISER. 

Working paper sur le site web du LISER.

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