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Le résultat peut en surprendre plus d’un. Cela a été le cas de Georg Mein. Après avoir essayé l’outil, le doyen de la Faculté des Lettres, des Sciences Humaines, des Arts et des Sciences de l’Éducation a pu constater que le résultat était quelque peu différent de ce qu’il attendait. « Parce que les résultats renvoient dans une certaine mesure à nos convictions réelles », déclare Mein. Qui ne sont pas nécessairement celles que l’on pense avoir.
C’est la conclusion à laquelle est arrivée la plate-forme smartwielen.lu développée par l’Université du Luxembourg conjointement avec le ZpB (Zentrum fir politesch Bildung). Cette offre doit aider les électeurs à choisir leurs candidats lors des élections législatives du 14 octobre. Grâce à cet outil, les utilisateurs peuvent savoir quels partis et candidats présentent le plus de points communs avec leurs idées sur des sujets politiques spécifiques.
43 questions sur des sujets issus de tous domaines d’importance politique
Dans un premier temps, une liste de 180 questions a été constituée sur la base des programmes des partis politiques et leurs déclarations dans les médias, avec l’aide d’acteurs de la société civile, explique Jenny Gross, responsable du projet au ZpB. Sur ces 180 questions, 43 ont finalement été sélectionnées et adressées à tous les partis et candidats participant à l’élection et une réponse leur a été demandée. « Il était très important à nos yeux de ne privilégier aucun parti dans ces questions et de ne laisser aucune place à l’interprétation », déclare Jenny Gross.
Le temps de travail hebdomadaire doit-il être réduit sans perte de salaire, la taxe foncière relevée, les bouteilles en plastique interdites, les préservatifs remboursés par la Caisse nationale de santé ou l’usage du cannabis à usage privé légalisé ? – Le questionnaire traite de toutes sortes de sujets qui revêtent une importance dans le débat politique. L’utilisateur peut répondre par « Oui », « Non », « Plutôt oui » ou « Plutôt non ». En outre, il a la possibilité de pondérer sa réponse. Si une question est importante à ses yeux, elle compte deux fois dans l’évaluation, tandis que si le sujet est plutôt insignifiant, son importance dans l’évaluation est moindre.
L’écart entre sa propre opinion et celle du candidat est mesuré
« En fin de compte, l’utilisateur conservera sa liberté de décider », souligne Marc Schoentgen, directeur du ZpB. « Il s’agit uniquement de comparer des informations politiques. » Par conséquent, le résultat ne doit pas être compris comme une recommandation, sinon qu’il se borne à indiquer un degré de concordance au moyen d’algorithmes. Après avoir rempli le questionnaire, l’utilisateur obtient, sur la base du « matching », un classement spécifique avec des résultats présentant l’écart le plus faible entre sa propre opinion et celle du candidat ou du parti et par conséquent le degré global de concordance le plus élevé.
En plus de ce matching, l’évaluation contient une « smartmap », qui permet à l’utilisateur de voir si ses opinions s’inscrivent plutôt à gauche ou à droite sur l’échiquier politique et dans quelle mesure ses opinions sont plutôt conservatrices ou libérales. Les positions des partis et des candidats figurent également sur cette smartmap bidimensionnelle, afin que l’utilisateur puisse identifier son orientation politique.
La plate-forme devrait contribuer à alimenter le débat politique
L’offre n’est toutefois pas encore parfaite. En effet, tous les candidats et partis n’ont pas encore rempli le questionnaire malgré l’invitation à le faire. « Sur les 547 personnes inscrites sur les listes, 416 sont enregistrées dans le système », explique Michèle Schilt du ZpB. Et sur ces 416, 280 seulement auraient répondu au moment du lancement officiel. Cependant, les partis et les candidats conservent la possibilité de soumettre leurs réponses, ajoute Gross. Il n’est toutefois pas possible de modifier a posteriori les réponses apportées. De ce fait, les responsables de la plate-forme veulent empêcher que les déclarations politiques ne soient adaptées ultérieurement au discours dominant.
Pour Raphaël Kies de l’Université du Luxembourg, smartwielen.lu représente en quelque sorte un outil pédagogique. Selon le politologue, « l’objectif n’est pas d’orienter le vote des électeurs, mais de les encourager à avoir une vision plus complète des partis politiques et des candidats ». Il existe de multiples manières de s’emparer du sujet avant les élections, ajoute-t-il. Dans ce processus, la plate-forme Smartwielen ne constitue qu’une source d’information parmi d’autres.
Auteur : Uwe Hentschel
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