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Au Luxembourg nous célébrons ce 9 mai l’Europe: un symbole d’unité dans une société occidentale qui paraît parfois faire face à des divisions croissantes. Un mois avant les élections européennes de juin 2024, nous avons voulu évaluer l’état de la polarisation en Europe.

Des thèmes tels que le genre, l’orientation sexuelle, les minorités, la migration, l’environnement ou encore le Proche-Orient paraissent nous diviser en des camps farouchement opposés, notamment autour des questions d’identité. Dans ces combats idéologiques intenses, les accusations virulentes prennent souvent plus de place que l’échange d’arguments plausibles et raisonnés. La tolérance envers celles et ceux qui tiennent des positions différentes semble s’affaiblir. Cette impression d’une polarisation croissante est-elle réaliste, et faudrait-il alors s’en inquiéter?

Nous synthétisons ici ce que la science sait de la polarisation et résumons les réponses qu’elle donne aux questions suivantes:

  • Qu’est-ce que la polarisation et comment peut-on la mesurer?
  • La société est-elle vraiment davantage polarisée?
  • La polarisation est-elle néfaste?
  • A quoi est-elle due?
  • Comment la réduire?

Résumé

La polarisation est souvent perçue comme une fracture sociale dramatique, mais décrit pour la science simplement la différence des opinions ainsi que des sentiments d’appartenance à un groupe. Il s’agit donc d’un phénomène entièrement normal dans une démocratie. Il a ses inconvénients, comme rendre difficile la recherche de compromis, et ses avantages, comme encourager la participation électorale. Pour les sciences politiques, il ne devient dangereux qu’à partir d’une certaine intensité, encore mal estimée.

Les études présentent un tableau très contrasté selon les différents pays. Si la polarisation a fortement augmenté dans certaines nations au cours des dernières décennies, elle a stagné ou même régressé dans d’autres. La littérature scientifique invalide donc clairement l’impression d’une polarisation uniformément grandissante.

Un système politique à deux partis (plutôt que multipartite) ainsi que les sources d’information (médias, réseaux sociaux, fake news) peuvent renforcer la polarisation, mais pas de manière systématique. Les réseaux sociaux, notamment, ne peuvent pas provoquer de manière directe et automatique une intensification de la polarisation au vu du fait que leur usage désormais généralisé ne s‘est pas accompagné d’une augmentation généralisée.

Plusieurs stratégiques ont été proposées pour réduire la polarisation ou freiner son augmentation, comme assurer une certaine diversité d’opinions dans les médias, lutter contre les fake news, ou encore impliquer davantage la population dans les délibérations politiques. La science n’a pu jusqu’à présent évaluer leur efficacité. Elle souligne par contre que la polarisation de la population suit celle des politiques – qui ont par conséquent le pouvoir de changer la situation en réduisant leurs divergences.

L’état des lieux scientifique derrière cet article

Nous avons pris en compte une dizaine d’articles scientifiques et de rapports techniques. Les mesures de la polarisation sont relativement solides et cohérentes. L’analyse des facteurs la favorisant ou la réduisant restent souvent qualitatifs, avec parfois quelles études quantitatives individuelles.

Qu’est-ce que la polarisation et comment peut-on la mesurer?

La polarisation décrit simplement la séparation des opinions. Lorsqu’elle croît, les positions extrêmes prennent en importance alors que les points de vue situés au centre s’érodent. On peut l’observer et l’étudier en politique, dans les médias, dans la société ou encore au niveau psychologique individuel.

Polarisation idéologique, sociale et affective

On distingue plusieurs types de polarisation.

  • La polarisation idéologique se réfère à des positions politiques divergentes (comme gauche et droite, socialisme ou capitalisme, intervention de l’Etat ou libre marché, protectionnisme ou globalisation, …). On y distingue

    >la polarisation des élites – celle des partis et des représentants politiques
    >et la polarisation de masse, qui décrit celle de la population et du corps électoral.
     
  • La polarisation sociale décrit la séparation entre différents groupes sociétaux définis moins par leur opinion politique que par des notions identitaires (telles que le genre, l’orientation sexuelle, l’âge, l’origine, la langue, la religion, la classe sociale, ou encore le fait d’habiter en ville ou à la campagne ou de représenter, volontairement ou involontairement, une certaine population (les «boomers» ou la génération Z) ou civilisation (l’Occident).)
  • La polarisation affective se réfère à l’aspect émotionnel. Elle décrit le fait d’avoir des sentiments positifs envers le groupe représentant notre position, et négatifs envers les groupes opposés.

Comment mesurer la polarisation

On peut mesurer la polarisation idéologique en analysant les positions des partis et leurs votes, au moyen de sondages sur des questions politiques ou encore d’autoévaluations («Je me sens de gauche», etc.). On peut la quantifier en évaluant statistiquement la différence entre les positions et à quel point les points de vue extrêmes ou au contraire de la moyenne sont représentés.

Pour la polarisation affective, les sentiments sont évalués par des sondages posant des questions directes («Vous sentez-vous positif ou négatif envers ce parti?», ou «Eprouvez-vous de la colère envers ce parti?») ou indirectes («Comment évaluez-vous l’honnêteté et la générosité des membres de ce parti?», «Seriez-vous à l’aise de les inviter à dîner chez vous?»), ou sont évalués lors d’expérience de psychologie. L’analyse de la tonalité des textes en ligne, notamment sur les réseaux sociaux, donne également des indications sur les sentiments des gens.

Certaines mesures de la polarisation affective calculent la différence entre les sentiments positifs exprimés envers les gens de son propre groupe avec les sentiments négatifs envers le groupe opposé. Il s’agit ensuite de distinguer si la polarisation est plutôt due à l’appartenance, au rejet, ou à un mélange des deux.

La société est-elle vraiment davantage polarisée?

Les Etats-Unis connaissent une polarisation croissante, avec une divergence croissante des opinions soutenues par les Républicains et Démocrates. La situation en Europe est par contre plus complexe. Si les médias, la politique et la population se font largement l’écho d’une augmentation de la polarisation, mais les études scientifiques relèvent des évolutions qui diffèrent fortement selon les pays: certains voient une augmentation de la polarisation, d’autres une stagnation ou une diminution. D’une manière générale, les études démentent l’impression que la société est davantage polarisée de manière généralisée, globale et uniforme que par le passé. Elles indiquent également que le clivage unidimensionnel entre la gauche et la droite a fait la place à des alignements plus complexes.

La polarisation nous paraît plus présente

Malgré ceci, la population voit la société comme relativement divisée, et s’en inquiète. Par exemple, plus de deux tiers des personnes interrogées en Allemagne estimaient en 2019 que la cohésion de la société est faible ou carrément absente. Mais l’impression est contrastée: si 37% des gens pensent que l’on pouvait discuter de politique de manière plus ouverte par le passé qu’aujourd’hui, 41% ne voient pas de changements.

La vision d’une société polarisée n’est clairement pas nouvelle, comme montré par le concept de lutte des classes mise en avant par le marxisme ou encore les théories du clivage politique proposées dans les années 1960.

Une polarisation croissante est évidente aux Etats-Unis, notamment depuis la présidence de Donald Trump avec une intensification dramatique des tensions entre Républicains et Démocrates. Elle s’ajoute à des divergences idéologiques plus anciennes portant sur l’avortement, les questions raciales ou encore le changement climatique.

L’âpreté des débats outre-Atlantique frappe les esprits en Europe en faisant parfois oublier que la situation est ici fort différente, notamment parce que le régime à deux partis des Etats-Unis est bien plus rare en Europe.

L’impression que la société est globalement plus polarisée est en partie liée au fait qu’on en parle davantage, notamment dans les médias. Par exemple, la presse germanophone utilise les mots liés à la polarisation quatre fois plus souvent aujourd’hui que dans les années 1980.

Évolution de la fréquence de mots commençant par «polar… » dans la presse germanophone. Données extraites du DWDS-Zeitungskorpus.

La polarisation varie beaucoup selon les pays

Loin d’un phénomène universel, la polarisation a des intensités et des évolutions fort différentes dans les différents pays occidentaux, avec des augmentations, des stagnations ou des déclins.

Une étude de l’évolution de la polarisation idéologique portant sur des aspects sociétaux relève une image très contrastée: baisse visible de la polarisation entre 2006 et 2019 en Autriche, baisse légère (Italie, Pays-Bas) ou stagnation (Belgique, Danemark) d’un côté, et augmentation modérée (G.B., Espagne, Allemagne) et importante (Grèce, Suède, Finlande) de l’autre.

Evolution de la polarisation idéologique entre 2006 et 2019, mesurée par la différence des positionnements des partis politiques sur une échelle de 0 à 10. Données extraites de Ideological Polarization and Far-Right Parties in Europe (2022).

Un portrait tout aussi contrasté pour les pays de l’OCDE ressort d’une étude de l’évolution de la polarisation affective, à savoir les sentiments éprouvés envers les membres des différents partis. Elle a doublé aux Etats-Unis entre 1980 et 2020 et atteint des valeurs jugées comme préoccupantes, voire alarmantes, passant de 25 à 50. (La valeur 100 correspond à une sympathie pour son groupe et une antipathie pour les groupes opposés toutes deux maximales.)

Si on retrouve une augmentation aussi importante en Suisse, d’autres pays (France, Danemark, Canada, Nouvelle-Zélande) affichent une augmentation plus modérée de la polarisation, une stagnation (Japon, Australie) ou encore une réduction (Royaume-Uni, Norvège, Suède). L’Allemagne a ainsi vu sa polarisation affective chuter d’un bon tiers, passant de 40 à 25, démentant l’impression d’une croissance générale de la polarisation en Europe.

L’impact des thèmes polarisants

Des thèmes très clivants tels que le Covid-19, l’essor du post-factuel lié à Donal Trump ou encore les débats sur des questions d’identité (minorité, genre, orientation sexuelle, décolonialisme, etc.) ont pris récemment une grande place dans les débats médiatiques et politiques, donnant l’impression d’une société fortement, voire irrémédiablement divisée.

Cette impression ne se confirme pas toujours. Une large étude en Allemagne montre ainsi que davantage de gens voyaient la société comme divisée de manière irréconciliable avant le covid-19 (41%) que durant (32%).

Evolution de la polarisation affective des quarante dernières années sur une échelle de 0 à 100. Source: Cross-Country Trends in Affective Polarization (2024)

La polarisation est-elle néfaste?

Le discours actuel présente souvent la polarisation comme néfaste. Son augmentation serait dangereuse en rendant les discussions politiques impossibles et en faisant glisser la société vers le populisme et l’autoritarisme dans un mouvement d’érosion démocratique.

Mais cette vision est trop simpliste et les sciences politiques reconnaissent certains avantages à la polarisation, notamment son encouragement de la participation démocratique. Une polarisation extrême semble clairement néfaste, mais la science débat encore du degré d’intensité à partir duquel les problèmes surgissent.

Les avantages de la polarisation

Du point de vue des sciences politiques, un certain degré de polarisation idéologique est sain. «Une absence totale de polarisation signifierait l’absence de débat et se traduirait par une forte inertie conservatrice. Toute évolution sociale serait alors improbable», explique Markus Wagner de l’Université de Vienne. Tout progrès passe forcément par une certaine polarisation idéologique, dans le sens d’une différence d’opinions politiques entre les gens soutenant ou combattant un changement.

La polarisation idéologique aide à clarifier les positions politiques et, en intensité modérée, encourage les débats. On peut aussi la voir comme la conséquence bienvenue de l’inclusion croissante d’avis minoritaires (même si positionnés aux extrêmes).

Les aspects affectifs sont parfois qualifiés «d’irrationnels» mais à tort, rappelle Markus Wagner, car «le développement d’identités de groupe est parfaitement normal en société. Il peut créer un sentiment d’appartenance et développer les solidarités». La polarisation affective augmente la participation politique de la population, notamment aux votations, en la mobilisant «pour» ou «contre» certains partis ou certains thèmes, et favorise son engagement dans des initiatives citoyennes ou publiques.

Les inconvénients de la polarisation

La polarisation peut générer une paralysie des institutions politiques en bloquant les discussions, en empêchant la formation de consensus, de compromis ou même de majorité. Elle peut nuire à la culture politique, avec une agressivité plus marquée entre représentants politiques et favoriser un mouvement de centralisation du pouvoir. D’une manière générale, elle est susceptible de rendre plus difficile la recherche de solution à des problèmes complexes.

La polarisation peut réduire la confiance de la population envers le système politique et induire de la frustration chez les gens qui ont l’impression de ne pas avoir été entendus ou de faire partie du «camp des perdants». Elle peut enclencher une dynamique sectaire dans laquelle l’opposition aux «autres» nous empêche de les écouter et nous fait accepter sans esprit critique tout ce que disent ou font les «nôtres», même lorsqu’il s’agit de positions ou de procédés antidémocratiques ou illégaux, comme le montrent certains développements liés à Donald Trump.

La polarisation politique et sociétale tend à encourager celle des médias, ce qui met en place une boucle de renforcement. Elle peut également avoir des conséquences très concrètes: les différences partisanes durant la pandémie de Covid-19 ont été associées à des différences dans les taux d’infection et de fatalité. Un point après tout compréhensible lorsque nos opinions ne restent pas uniquement abstraites mais nous poussent à agir différemment.

A quoi est due la polarisation?

La polarisation est vue comme un phénomène complexe et les interprétations, analyses et hypothèses faites par les médias, la politique ou la population n’ont pour la plupart pas pu être confirmées de manière rigoureuse par des études scientifiques. De nombreux facteurs ont été proposés et discutés.

Le système et la culture politiques

D’une manière générale, la polarisation de masse (de la population) tend à suivre celle de l’élite (des représentant·es politiques), souligne Markus Wagner: plus les partis divergent dans leurs positions, plus les gens auront des opinions éloignées. Et cette polarisation des élites est certainement influencée par le système politique.

Les systèmes à deux partis opposés et s’alternant au pouvoir semblent offrir un terrain fertile à la polarisation, avec l’exemple bien connu des Démocrates et Républicains aux Etats-Unis. Mais l’intensité de la polarisation états-unienne ne se retrouve pas forcément dans les autres pays connaissant une domination par deux partis, comme le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada ou encore le Japon et l’Inde.

On peut logiquement penser que des systèmes multipartites sont moins polarisés, car nécessitant la formation de coalitions et la proposition de compromis et donc habitués et encouragés à collaborer. Mais ici aussi, la réalité se montre plus complexe. La Suisse affiche un niveau de polarisation élevé malgré sa culture politique du compromis et la présence de quatre grands partis se partageant le pouvoir exécutif.

Si un système présidentiel peut favoriser la pensée binaire (en se déclarant pour ou contre le ou la présidente), un lien causal avec la polarisation n’a pas été établi.

Sources d’information

Les médias, traditionnels ou sociaux, influencent le développement des opinions dans le grand public. Notre paysage médiatique est devenu plus diversifié, accessible et réactif, et est aussi marqué par l’utilisation croissante des algorithmes de sélection et d’analyse. Cette évolution a favorisé la création de bulles idéologiques: les gens sélectionnent des sources d’information qui correspondent à leur propre opinion, et les médias sélectionnent les informations qui correspondent à l’opinion présumée de leur audience. Cette réduction de la diversité des avis et de la confrontation à des points de vue opposés peut contribuer à cimenter son opposition aux autres. Le traitement sensationnaliste de l’information ou encore l’essor des fake news peut contribuer à la polarisation.

Il s’agit néanmoins principalement d’hypothèses, des liens de causalité n’ayant pu être démontrés de manière rigoureuse. Les études indiquent que l’exposition à des opinions différentes des siennes ou à des correctifs au sujet de fake-news peut réduire la polarisation, mais parfois aussi l’augmenter.

Les réseaux sociaux sont souvent accusés de favoriser la polarisation par l’effet de bulle idéologique, l’exposition aux discours haineux ou aux fake news. Cependant, leur utilisation croissante généralisée autour du monde ne s’est pas accompagnée d’augmentation correspondante de la polarisation, invalidant l’hypothèse d’un lien de causalité simple et évident.

Les recherches relèvent globalement une corrélation entre l’utilisation des réseaux sociaux et la polarisation. Cette revue de la littérature peint cependant un tableau nuancé avec des effets négatifs et positifs des réseaux sociaux sur le comportement politique de la population et sur la démocratie en général. Du côté positif, elle note une corrélation positive entre l’utilisation des réseaux sociaux et la participation, la mobilisation et les connaissances politiques. Du côté négatif, les réseaux sociaux semblent encourager le populisme et la radicalisation politique, et abaisser la confiance.

Concernant la création de bulles, les résultats sont contrastés: d’un côté, ils favorisent la création de groupes sociaux homogènes, d’un autre côté, ils augmentent tout de même la diversité des informations qui atteignent les gens. En résumé, la science tisse un tableau complexe et contrasté.

Comment réduire la polarisation?

Les médias et la politique parlent volontiers de lutter contre la polarisation, en oubliant peut-être un peu vite qu’elle a également des aspects positifs. Ceci dit, elle paraît délétère lorsqu’elle atteint une forte intensité. Quels moyens existeraient pour la ramener à un niveau sain?

Une première suggestion est de lutter contre les contributions néfastes des médias et des réseaux sociaux, notamment contre la création de bulles d’opinions et la propagation de fake news. Il s’agirait de modifier les algorithmes pour augmenter la diversité des opinions présentées aux utilisateurs et pour réduire la propagation de fake news, ou encore d’instaurer des espaces numériques inclusifs. Mais il reste incertain si ces mesures sont efficaces, ou même désirées, l’effet des médias et des réseaux sociaux sur la polarisation restant encore largement débattu.

Une seconde suggestion est de recourir à la démocratie délibérative, qui met l’accent sur une discussion rationnelle entre citoyens à travers la mise en place d’espaces d’échanges d’opinions. Son efficacité paraît dépendre de l’attitude des participants, avec une réduction de la polarisation pour les groupes de discussions qui adhèrent à un tel procédé, et une augmentation pour ceux qui s’en méfient. Passer du temps avec des gens que l’on apprécie (famille, amis, collègues) mais qui ont des opinions différentes des siennes pourrait contribuer à réduire la polarisation, selon la théorie du contact.

Finalement, «la plus grande responsabilité se trouve du côté des personnalités politiques, avance Markus Wagner, car elles ont un grand impact sur la polarisation de la population, sur son engagement politique et ainsi sur la démocratie en général».

Auteur : Daniel Saraga
Rédaction : Jean-Paul Bertemes (FNR)

Infobox

Références
  • The Partisan Divide on Political Values Grows Even Wider, Pew Research Center (2017)
  • Politische Polarisierung in Deutschland: Repräsentative Studie zu Zusammenhalt in der Gesellschaft, J. Roose, Konrad-Adenauer-Stiftung (2021)
  • Triggerpunkte: Konsens und Konflikt in der Gegenwartsgesellschaft, S. Mau, T. Lux, L. Westheuser, Suhrkamp (2024)                                                                  
  • United States: Racial Resentment, Negative Partisanship, and Polarization in Trump’s America, A. Abramowitz and J. McCoy, The Annals of the American Academy of Political and Social Science (2019)
  • DWDS-Wortverlaufskurve (2024)
  • Ideological Polarization and Far-Right Parties in Europe, R.J. Dalton, C.C. Berning, in: Rechtspopulismus in Deutschland, Springer (2022)
  • Cross-Country Trends in Affective Polarization, L. Boxell, M. Gentzkow, J.M. Shapiro, The Review of Economics and Statistics (2024)
  • Radical American Partisanship: Mapping Violent Hostility, Its Causes, and the Consequences for Democracy, N.P. Kalmoe and L. Mason, The University of Chicago Press (2022)
  • Hyper-Polarization and the Security of Democracy, J. McCoy, in Handbook on Democracy and Security, Edward Elgar (2023)
  • Affective polarization in multiparty systems, Markus Wagner, Electoral Studies (2021)
  • The role of (social) media in political polarization: a systematic review, E. Kubin and C. von Sikorski, Annals of the International Communication Association (2021)
  • Falling Apart or Flocking Together?: Financial Crises, Inequality and Left-Right Polarization in the OECD, G. Schneider and O. Shevchuk, Working paper (2020)
  • Media and Political Polarization, M. Prior, Annual Review of Political Science (2013)
  • Why the backfire effect does not explain the durability of political misperceptions, B. Nyhan, PNAS (2019)
  • A systematic review of worldwide causal and correlational evidence on digital media and democracy. P. Lorenz-Spreen, L. Oswald, S. Lewandowsky, R. Hertwig, Nature Human Behaviour (2023)
  • Deliberation and polarization: a multi-disciplinary review, D. Caluwaerts et al., Frontiers in Political Science (2023)

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