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Quelles sont les dernières avancées scientifiques mondiales ? L’équipe de science.lu vous propose un tour d’horizon (non exhaustif) sur sa sélection du mois de juin 2017.
Nouvelles molécules contre le cancer : vers un changement de paradigme en oncologie
Le plus grand congrès mondial d’oncologie (ASCO) dévoile de nouvelles molécules prometteuses pour allonger l’espérance de vie de patients atteints de certains cancers ! Mais plus encore, les découvertes confortent les oncologues dans la nécessité de changer leur approche pour lutter contre cette maladie : agir en fonction des mutations des cellules cancéreuses et non en fonction de l’emplacement de la tumeur. Le cancer, quelle que soit sa localisation est la conséquence de mutations dans la carte d’identité de certaines cellules du corps – tumorales – qui vont proliférer dans un tissu sein. Ce comportement cellulaire provoque la destruction progressive de ce tissu.
Les chiffres actuels montrent un taux de survie d’environ 10% pour des patients atteints d’un cancer des voies biliaires mais l’essai conduit sur près de 500 individus rend compte d’une amélioration de l’espérance de vie de plus d’un an grâce à une molécule : la capécitabine. Combinée aux traitements habituels pour le cancer du sein invasif (négatifs pour la molécule HER2), cette même molécule réduit les risques de rechutes et de décès de 30% ! Si les résultats peuvent paraître minimes face à la gravité de ces maladies, il est important de les considérer comme une première avancée scientifique qui emboîte le pas à de nombreuses autres.
Pour en savoir plus :
Les communiqués d’ASCO détaillent les nombreuses autres molécules et avancées présentées lors du congrès (poumon, cancer du sein avancé etc.)
L’étude sur le cancer du sein invasif
L’étude sur le cancer des voies biliaires : explication et résumé de l’étude
Découverte des plus vieux restes d’Homos sapiens : l’arbre phylogénétique de l’espèce déstabilisé
Les restes de cinq individus ont été retrouvés par une équipe d’anthropologues sur le site marocain de Djebel Irhoud. L’annonce a fait grand bruit dans la sphère scientifique comme dans les médias de par leur âge de 315 000ans qui les place premier sur le podium. Mais pourquoi autant d’agitation ? Et, quelles répercussions pour l’histoire de l’Homme ?
L’étude de ses restes tend à montrer qu’il s’agit d’hommes modernes, c’est-à-dire d’Homo sapiens avec un visage semblable aux nôtres, une cavité cérébrale de même volume que nous mais d’une autre forme, moins globulaire. Cette forme en question et d’autres particularités des restes indiquent de potentielles innovations évolutives. En d’autres termes, cette découverte suggère que les Homo sapiens ont plus évolué que nous le pensions !
Autre incidence considérable de cette nouvelle, la datation de 315 000 ans – plus ou moins 34 000 ans avec la petite marge d’erreur – suggère que l’origine de l’homme moderne est encore plus ancienne. Grâce aux fragments de silex brûlés retrouvés au même endroit et à la même épaisseur, une datation par thermoluminescence a pu être faite. Le principe ? Les silex brûlés par ces Homo sapiens ont emmagasiné une charge énergétique lorsqu’ils ont été chauffés. En les soumettant à nouveau à une source de chaleur, l’ensemble de la lumière émise, proportionnelle au temps écoulé, peut être calculée.
L’endroit où les restes ont été trouvés est presque aux antipodes des précédentes trouvailles sur le continent Africain. De plus, une carte représentative de cette époque prouve que cette terre était verdoyante, sans Sahara et sans obstacles géologiques. Hypothèse ? Des groupes d’humains ont pu être en contacts, échanger des gènes par reproduction et se déplacer. L’émergence d’Homo sapiens serait donc à visualiser à l’échelle d’un continent et non d’un site.
A cette époque, différentes espèces du genre Homo coexistent avec l’espèce sapiens comme par exemple les Homo erectus. D’un point de vue de l’histoire phylogénétique de l’homme moderne, cette découverte pose de nombreuses interrogations sur l’arrangement de notre petit buisson dans l’arbre de Darwin. Où se place l’enracinement originel de l’homme moderne ? Quels ancêtres communs avec nos voisins d’espèces ?
Pour en savoir plus : la lettre de Nature, et la presse ici et là
Mécanisme de reconnaissance d’un visage : le code neuronal découvert
Des chercheurs en neuroscience exposent en ce mois de juin les secrets de la reconnaissance faciale chez les macaques. De prime abord complexe, le mécanisme est au final très simple ! Au total, seuls 205 neurones sont requis chez ces primates pour une identification parfaite. Difficulté à visualiser ? Notre cerveau comprend entre 86 et 100 milliards de neurones. Et, comment procèdent-ils pour « reconstruire l’image » ? Chacune de ces cellules nerveuses expertes en communication relève des points sur un axe défini de notre visage. Les neurones captent alors les distances entre ces points et les encodent en signaux électriques proportionnels pour reconstituer le visage. Une avancée importante pour les neurosciences. Pour des applications en police scientifique, laissons d’abord les « Experts » ou « NCIS » tester l’implantation d’électrodes dans le cerveau de témoins de crimes !
Pour en savoir plus : la presse et l’étude
Fake news : le monde scientifique piégé par…un chien
La course effrénée à la publication, la lutte permanente pour un indice de Hirsh optimal (quantification de la productivité et de l’impact du chercheur en fonction du niveau de citation et des publications), la recherche de fonds…Autant de pressions et tâches annexes que les chercheurs sont contraints d’accomplir en parallèle de leurs travaux. Chaque papier est préalablement revu par un comité de lecture avant publication officielle dans la revue concernée. Le Dr. Olivia Doll, une chienne de 5ans au physique de Kylie Minogue en photo - véridique - a elle intégré 7 comités de rédaction différents ! La surcharge de titres et postes dans le CV, les intérêts particuliers pour le massage abdominal des chiens de taille moyenne n’ont pas réussi à soulever le doute dans ces 7 revues. Une anecdote inquiétante mais qui n’est pas la première.
Pour en savoir plus : la presse et un autre exemple ou encore un peu de sociologie des sciences avec l’affaire Sokal
Auteur: Constance Lausecker
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