(C) Uwe Hentschel

Selon Eric Besenius et Daniel Theisen, participer à un marathon requiert au moins un an d’entraînement lorsqu’on ne court pas habituellement.

Il ne faut pas sous-estimer l’effort physique fourni lors d’un marathon, particulièrement lorsqu'on n’est pas suffisamment préparé.

Le 28 mai, 14 000 coureurs franchiront la ligne de départ de l’ING Night Marathon. On y trouvera un grand nombre de professionnels, mais également beaucoup de participants qui courront la distance de 42,2 km pour la première fois. Certains se préparent pour cette manifestation depuis longtemps, d’autres depuis beaucoup moins.

« Malheureusement, il arrive parfois que des personnes courent uniquement parce qu’elles ont fait un pari », explique le professeur Daniel Theisen, directeur du Laboratoire de recherche en médecine du sport. Elles le paient le plus souvent durant le marathon.

Selon Daniel Theisen, lui-même coureur, deux mois d’entraînement seraient bien trop peu pour participer à une telle épreuve lorsqu'on est un coureur inexpérimenté. « Il faut compter au moins une année de préparation lorsqu'on ne court pas. Et il faut également courir 30 à 35 km au moins une fois durant la période d’entraînement », déclare-t-il. En fin de compte, il ne s'agit pas de survivre d'une façon ou d'une autre à un marathon, mais plutôt de finir la course sans blessures.

Les pieds foulent 20 000 fois l’asphalte d'affilée

Cela n’est pas naturel. Un marathon impose une rude épreuve à l’ensemble de l’organisme. « Lorsque les pieds foulent 20 000 fois l'asphalte d'affilée, le système musculosquelettique est particulièrement mis à rude épreuve », précise Daniel Theisen. Le risque de blessure augmente proportionnellement.

C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de commencer à préparer un marathon aussi tôt que possible. Le corps doit en effet être préparé à un tel effort. « Les blessures, par exemple au tendon d’Achille, surviennent généralement durant l’entraînement », explique le chercheur. Un entraînement inadapté peut également fatiguer le pied, entraîner des douleurs dans les muscles des hanches ou provoquer un syndrome fémoro-patellaire, également appelé le genou du coureur. Ce dernier se caractérise par des douleurs grandissantes dans le genou, qui obligent le coureur à interrompre sa course lorsqu’elles surviennent.

Les coureurs inexpérimentés sous-estiment souvent les signaux d'alarme du corps

« Certains écoutent le cardiofréquencemètre accroché à leur poignet, mais pas leur propre corps », ajoute Eric Besenius, un collègue de Daniel Theisen. Selon lui, les coureurs inexpérimentés ne sont généralement pas capables d’identifier les signaux d'alarme que le corps leur envoie afin de réagir en conséquence. Outre une bonne alimentation, les périodes de repos entre les entraînements sont également essentielles.

Les os, les articulations et les tendons ne sont pas les seuls à être fortement sollicités : il en est de même pour le système cardiovasculaire. « Le muscle cardiaque à lui seul bat 140 à 160 fois par minute, et dans la plupart des cas pendant plus de quatre heures », indique le professeur Theisen. Il recommande donc d'aller faire un bilan chez un médecin ou chez un cardiologue avant de commencer l’entraînement, en particulier au-delà de 40 ans.

Les troubles cardiaques soudains chez les sportifs sont répertoriés dans une banque de données.

Heureusement, il est très rare que des coureurs fassent un infarctus au cours d’un marathon. Toutefois, il est déjà arrivé que certains fassent un arrêt cardiaque fatal.

Au Luxembourg, la banque de données cardiac-event-sport.lu a été créée pour étudier ces troubles cardiaques chez les sportifs susceptibles de souffrir de problèmes cardiaques liés à leur activité sportive. Ces données recueillies sur la base du volontariat ont pour objectif de permettre l’élaboration de stratégies adaptées pour réduire ces risques.

Auteur: Uwe Hentschel

Photo: Uwe Hentschel

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