Le coronavirus a continué d’être au cœur de la recherche au Luxembourg en 2022. Cependant, les recherches sur d’autres sujets ont aussi suivi leur cours…
COVID-19 : Les mystères du Covid long, la sévérité de la maladie et la voix comme outil de diagnostic
COVID long
Depuis le début de la pandémie, les instituts de recherche du Luxembourg ont uni leurs forces pour tenter de comprendre la maladie causée par le virus SARS-COV-2 et son impact sur la santé et la société. Parmi les résultats de cette collaboration, une étude a montré que six personnes sur dix atteintes de COVID ont présenté au moins un symptôme qui a persisté jusqu’à une année après l’infection (Covid long). L’étude a aussi montré que plus les symptômes sont sévères, plus une personne est susceptible d'avoir des symptômes qui persistent sur le long terme.
Par ailleurs, les chercheurs ont découvert que le COVID long ne se manifeste pas de la même manière chez tous les patients. Chaque patient présente un groupe de symptômes similaires, soit des symptômes gastro-intestinaux (diarrhée, nausées ou brûlures d’estomac) soit des symptômes liés au système respiratoire (difficultés respiratoires ou fatigue par exemple) ... Plusieurs types de Covid long ont ainsi été identifiés ce qui permettra à l’avenir de développer des traitements plus ciblés.
Grave ou pas grave : telle est la question !
Dans une étude 100 % luxembourgeoise, des chercheurs ont profité du dépistage COVID, à grande échelle, effectué au Luxembourg pour comparer les réponses immunitaires des patients qui ont eu une forme modérée de la maladie et celle des patients qui en ont eu une forme grave. Ils ont trouvé plusieurs distinctions notamment durant les premiers jours de l’infection. Par exemple, ils ont constaté que, dans les trois jours suivant un test PCR positif, les patients présentant des symptômes légers ont vu une augmentation précoce des réponses immunitaires coordonnées qui, selon les chercheurs, a contribué de manière importante à l’allègement des symptômes.
Par ailleurs, l’activité physique joue un rôle important dans la détermination de la gravité de la maladie. Une étude, effectuée sur plus de 400 volontaires au Luxembourg, a montré que les personnes qui ont été physiquement actives avant leur infection au COVID ont présenté une forme de maladie moins grave et ont été moins susceptibles de présenter certains symptômes tels que la fatigue, la toux sèche ou des douleurs au niveau de la poitrine.
Faciliter le diagnostic
Un biomarqueur vocal qui peut être utilisé pour suivre de manière précise l’avancée de la maladie de COVID-19, a été découvert au Luxembourg. En effet, des chercheurs ont identifié, dans la voix des patients atteints de cette maladie, des caractéristiques spécifiques qui ont été reliées à certains symptômes de la maladie. A l’avenir, les patients pourraient se faire diagnostiquer en fournissant un simple enregistrement vocal.
Cancer
Un pas vers un meilleur diagnostic
Une équipe de chercheurs ont découvert six protéines présentes dans le sang qui peuvent être utilisées comme biomarqueurs pour le diagnostic du cancer du poumon. Ils ont remarqué que la concentration de ces protéines est beaucoup plus élevée chez les personnes atteintes de cette maladie que chez des sujets de contrôle. La détection de ces protéines a permis un bon diagnostic chez 22 des 23 patients étudiés et ce même à un stade précoce de la maladie.
Ce qui fait la dangerosité du cancer
Une revue récente du Luxembourg Institute of Health (LIH) s’est intéressée aux difficultés thérapeutiques rencontrées lors du traitement du glioblastome (un cancer agressif du cerveau). Selon les auteurs, les cellules de ce cancer interagissent entre elles et avec le système environnant pour créer un écosystème tumoral flexible qui peut s’adapter rapidement aux changements externes et aux traitements.
Une autre étude a révélé que les tumeurs leucémiques et leurs cellules avoisinantes libèrent des vésicules microscopiques qui bloquent la défense de l’organisme contre le cancer. Ces vésicules s’infiltrent à l’intérieur de cellules immunitaires spécifiques, appelées lymphocytes T CD8+, qui sont responsables de la destruction des cancers, et les détruisent de l’intérieur.
Arrêter la métastase du cancer du sein
Comprendre les mécanismes du cancer est une étape importante pour trouver des thérapies efficaces. Par exemple, selon une étude récente, l’inhibition d’une partie spécifique du métabolisme des cellules du cancer du sein, appelée métabolisme du carbone 1C, permettait de freiner leur migration (métastase) vers des sites particuliers, tels que les poumons. La propagation du cancer est une de ses caractéristiques les plus dangereuses et cause la majorité des décès liés à cette maladie. La rupture de cette chaîne aurait donc la capacité de paralyser la maladie et d’empêcher l'apparition de tumeurs secondaires dangereuses.
Un nouvel allié contre le cancer : les allergies
De nombreuses études ont montré, auparavant, une corrélation entre les allergies et une meilleure défense contre les cancers du cerveau. Des chercheurs du Luxembourg ont fait une étude sur des souris de laboratoire pour comprendre comment cela fonctionnait. Les résultats ont montré que les souris allergiques ont bénéficié d’une reprogrammation des cellules immunitaires du cerveau qui sont entrées dans un état inflammatoire plus agressif. Ces souris ont aussi produit un nombre plus important de cellules T, premiers défenseurs du système immunitaire, qui ont infiltré les cellules du cancer. Ces réponses combinées ont conduit au ralentissement de la croissance de la tumeur.
Zoom sur la vie en société au Luxembourg
Evolution du bien-être des résidents
Le STATEC a publié un rapport sur l’évolution du bien être des résidents durant ces dernières années en se basant sur plusieurs indicateurs liés à l’emploi, la santé et l’évolution du PIB. La plupart des indicateurs ont connu une chute en 2020 à cause de la crise sanitaire mais ont rebondi fortement en 2021. Le rapport s’est aussi intéressé au bien être subjectif des individus et rapporte que les sentiments de solitude et d’anxiété persistent encore deux ans après le début de la crise sanitaire.
Logement : à qui profitent les aides de l'État ?
Une note publiée par l’observatoire de l’habitat montre que la majorité des ménages résidents bénéficie d’au moins une mesure d’aide liée au logement. Cependant, le gain moyen provenant de l’ensemble de ces aides est supérieur pour les ménages les plus aisés, surtout ceux qui sont propriétaires. En effet, ces derniers bénéficient de différents avantages fiscaux, en particulier ceux qui ont des revenus issus de la location. Pour les locataires cependant, ce sont les ménages les moins aisés qui perçoivent le plus d’aides.
Qui fréquente les musées au Luxembourg ?
Une enquête a révélé que ce sont les catégories sociales les plus favorisées qui fréquentent les musées au Luxembourg. Cette étude souligne l’importance des habitudes prises durant l’enfance. En effet, la mise en place d’entrées à prix réduit et de visites virtuelles gratuites n’a pas eu d’effet sur la catégorie du public intéressé par les musées. L’objectif de cette étude était d'identifier les besoins du public et les facteurs qui empêchent une partie de la population de se rendre dans les institutions muséales du pays.
Attitude des hommes et des femmes face au COVID
Depuis début 2021, le Liser étudie les différences d’attitudes des hommes et des femmes face à la crise sanitaire. Dans une dernière étude, ils ont découvert que les femmes étaient plus disposées à se conformer aux mesures imposées par les autorités. Selon les chercheurs, cette différence ne peut être expliquée que partiellement par des différences de perception des risques que présente l’infection. Une autre explication est que les femmes sont généralement plus enclines à respecter les règles de politique publique. En effet, il existe des études pré-COVID qui le prouvent, par exemple les femmes paient plus d'impôts que les hommes et sont moins exposées à l'évasion fiscale.
Santé : Allergies, pollution et nouveaux traitements
Un anti-inflammatoire naturel
Des chercheurs du LIH ont participé à la découverte d’une substance chimique aux propriétés anti-inflammatoires, produite naturellement par le corps. Cette substance ne présente pas les effets secondaires des anti-inflammatoires disponibles actuellement. Elle est donc un bon candidat pour un développement ultérieur comme médicament pour le traitement de maladies auto-immunes telles que les maladies inflammatoires de l'intestin.
Aider la recherche internationale
Une molécule développée au Luxembourg a permis à une équipe de chercheurs dirigée par l’Université du Wisconsin de faire des découvertes clé sur le fonctionnement de la plus grande famille de récepteurs cellulaires (appelées récepteurs couplés aux protéines G (RCPG)). Les RCPG sont une des principales cibles des agents pharmacologiques utilisés dans les médicaments.
Des produits chimiques dans les cheveux de nos enfants
L’analyse des cheveux de 256 enfants résidents a montré la présence simultanée de plusieurs polluants chez tous les sujets. Des produits chimiques interdits depuis plus de 20 ans, en Europe, ont aussi été détectés, témoignage du passé industriel du pays et de la longue durée de dégradation de ces substances.
Des découvertes sur l’allergie aux arachides
Des scientifiques au Luxembourg ont effectué la première étude in-vivo chez l’être humain qui analyse la réponse immunitaire lors d’une réaction allergique alimentaire. Les résultats leur ont permis, à partir d’analyses sanguines, de distinguer les personnes qui ont une réponse allergique des personnes qui n’en ont pas ainsi que de prédire la quantité de cacahuètes qu’un patient peut tolérer avant de développer une réponse allergique. Ces résultats sont importants car ils ouvrent la porte pour le développement d’un diagnostic personnalisé.
Technologie
Après les voitures autonomes, des satellites autonomes
Cette année, la première voiture autonome développée au Luxembourg a été mise sur les routes luxembourgeoises. D’un autre côté, une équipe du SnT est en train de travailler sur des algorithmes de ‘computer vision’ et d’intelligence artificielle qui permettront aux satellites de naviguer de manière autonome dans l’espace. Cette technologie serait similaire à celle utilisée dans les voitures autonomes et les premiers algorithmes sont déjà en phase de test.
Une nouvelle source d’énergie électrique
Les matériaux pyroélectriques sont des matériaux capables de générer un courant électrique en subissant un simple changement de température. Des chercheurs au Luxembourg ont utilisé cette propriété pour créer un collecteur d’énergie capable de récupérer jusqu’à 1000 fois plus d’énergie que ce qui est habituellement obtenu dans ce domaine.
Des cristaux invisibles pour suivre la trace des objets
Des chercheurs de l’Université en collaboration avec un institut américain ont inventé des cristaux invisibles à l'œil nu mais détectables par les scanners. Ces cristaux ont été déposés en couche mince sur différents objets afin de leur conférer des marqueurs uniques et non clonables. L’idée est de permettre aux robots et appareils de réalité augmentée de suivre ces objets autour d’eux grâce aux marqueurs qu’ils contiennent, ce qui leur permettra d’avoir une meilleure navigation.
Internet pour tous
Une équipe de chercheurs ont exploré la possibilité d’établir une connexion directe entre un appareil utilisateur et un satellite (sans passer par des antennes) en utilisant la 5G, qui contrairement à la 4G et 3G, peut faire la distance entre la terre et les satellites. Ils ont réussi avec cette connexion à envoyer des fichiers, à émettre des appels vocaux et même à regarder des vidéos sur YouTube. Cette avancée est importante car elle permettra aux personnes qui habitent dans des zones reculées d’avoir accès à internet.
Auteur : Lilia Hassouna
Editeurs : Lucie Zeches (FNR), Michèle Weber (FNR)
Crédit images : Wikimedia commons and Flickr