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Les maladies auto-immunes sont caractéristiques de nombreuses sociétés modernes. Leur survenue et progression s’expliquent par un dysfonctionnement de la barrière intestinale et une altération des interactions normales entre l'hôte et le microbiome. Les traitements actuels des maladies auto-immunes ne tiennent pas compte de l’influence du microbiome intestinal dans la pathogenèse, ce qui pourrait limiter leur capacité à influer sur la progression de la maladie. Une collaboration entre le Luxembourg Institute of Health (LIH) et la University of Michigan Medical School aux États-Unis, dirigée par le professeur Desai du LIH, a abouti à la publication d’une perspective exhaustive dans la prestigieuse revue Nature Reviews Gastroenterology and Hepatology. Cet article soutient que les nouvelles approches de la médecine personnalisée devraient, avec l’aide d’un régime alimentaire, intégrer les outils de restructuration du microbiome intestinal pour le remodeler vers un état homéostatique et résistant à la maladie.
Le potentiel des thérapies basées sur l'alimentation chez les maladies auto-immunes
Les maladies auto-immunes, telles que la sclérose en plaques, le diabète sucré de type 1, la polyarthrite rhumatoïde et les maladies inflammatoires de l’intestin, se caractérisent par un système immunitaire qui attaque par mégarde les cellules saines de l’hôte. Au cours des dernières décennies, l’incidence des maladies auto-immunes a fortement augmenté et, alors que leur taux plafonne dans les pays industrialisés, les nouveaux pays industrialisés connaissent une augmentation similaire du nombre de nouveaux cas. Ces tendances mettent en évidence le fardeau croissant qu’elles représentent pour la santé publique à l’échelle mondiale, ainsi que le rôle important des facteurs non génétiques dans le déclenchement de maladies auto-immunes. De manière générale, on considère que l’apparition et la progression de ces troubles multifactoriels sont influencées par la génétique, des facteurs environnementaux (par exemple, l’alimentation ou l'exposition à des agents pathogènes) et le microbiome. Les traitements existants se concentrent sur l’atténuation de la réponse immunitaire, ce qui peut s’avérer problématique en raison du risque accru d'infection ou de cancer.
Une collaboration entre LIH et la University of Michigan Medical School aux États-Unis, dirigée par le professeur Mahesh Desai, responsable du groupe de recherche sur l’éco-immunologie et le microbiome au département des infections et de l’immunité du LIH, a abouti récemment à la publication d’un article intitulé Perspective dans la prestigieuse revue Nature Reviews Gastroenterology and Hepatology. Dans cet article, les auteurs examinent les outils diététiques permettant une structuration précise du microbiome intestinal et discutent du potentiel des thérapies basées sur l’alimentation pour moduler l’interaction entre l’hôte et le microbiome pour la prévention, le traitement et le maintien de la rémission dans les maladies auto-immunes.
Effet direct important de l'alimentation sur le microbiote intestinal
En effet, un dérèglement de la réponse immunitaire adaptative induite par les microbes a été signalé chez des patients atteints de maladies auto-immunes. On a constaté que les patients atteints d’une sclérose en plaques, par exemple, présentaient des niveaux plus élevés de bactéries intestinales immunogènes (bactéries capables de produire une réponse immunitaire), dont on pense qu'elles contribuent au dysfonctionnement immunitaire. L’altération des barrières gastro-intestinales réglant l’interaction entre les cellules immunitaires de l’hôte et les micro-organismes intestinaux serait capable de faire pencher la balance vers un système immunitaire plus autoréactif.
L’article souligne l’effet direct important de l’alimentation sur le microbiote intestinal : consommer des fibres, des protéines, des graisses et des aliments probiotiques spécifiques d’origine végétale ou suivre des régimes d’exclusion ou d’élimination module la composition du microbiote intestinal et la dépense métabolique d'une manière qui peut favoriser la maladie ou un état homéostatique. L’amélioration des interventions diététiques pourrait avoir un impact majeur sur l'observance des patients et l'évolution de la maladie. L’exploitation des recherches à venir pour adapter l’alimentation en fonction des antécédents génétiques d’un patient, de la composition ou de la fonction microbienne, de même que d’autres facteurs personnels pourrait permettre de prolonger les périodes de rémission de maladies telles que les maladies intestinales inflammatoires. Il est important de noter que l’adaptation du régime alimentaire et la structuration du microbiome qui en découle pourraient être utilisées pour compléter les traitements existants contre les maladies auto-immunes afin d'en améliorer l'efficacité thérapeutique.
Manipuler le microbiome intestinal vers un état fonctionnellement sain
Les patients atteints de diverses maladies auto-immunes présentent des caractéristiques communes du microbiome intestinal, qui se distinguent de celles de témoins sains. « Pour exploiter cette observation », expliquent les principaux co-auteurs Mathis Wolter et Erica Grant, des doctorants du groupe du professeur Desai, « il existe un certain nombre de technologies émergentes visant à manipuler le microbiome intestinal vers un état fonctionnellement sain en introduisant des bactéries dotées de fonctions bénéfiques nouvelles ou perdues ou en éliminant les bactéries possédant des fonctions nuisibles. Un sous-ensemble de ces techniques, telles que la transplantation de microbiote fécal, révèle un fort potentiel d’utilisation en combinaison avec des régimes spécifiques ou des compléments alimentaires pour pallier certaines de leurs limites ou éventuellement amplifier leurs effets. L’ajout de régimes alimentaires spécifiques à ces techniques introduit une autre variable modifiable, offrant éventuellement un degré plus élevé de contrôle du système et améliorant la capacité à tenir compte des réponses personnalisées aux thérapies traditionnelles des maladies auto-immunes. »
« Grâce à des approches relevant de la médecine de précision et la compréhension des mécanismes sous-jacents à la maladie, nous pouvons accroître le succès des traitements existants. Nous sommes à l’aube de l’ère de l’ingénierie du microbiome, mais pour que cette transition soit efficace, nous devons mettre l’accent sur la recherche sur les réponses personnalisées aux interventions diététiques et sur les mécanismes précis qui façonnent le microbiome », conclut le professeur Desai, auteur principal de l'article.
Ce texte est une version légèrement adaptée de cet article sur le site internet du LIH.
Vous voulez savoir plus sur votre microbiote et comment il change avec l'alimentation? Alors cette étude est peut-être intéressante pour vous:
Auteur: LIH
Éditeur: Michèle Weber (FNR)
Traduction: Nadia Taouil
Der Schutz vor #Covid19 sinkt in den Monaten nach einer #Corona-#Impfung deutlich. Wie stark, hängt unter anderem von Alter, Geschlecht und Impfstoff ab, deutet ein Preprint an. Im Vergleich: rund 840000 Geimpfte mit ebenso vielen Ungeimpften. #coronavirus https://t.co/3reXWmctqO pic.twitter.com/LLy1svybh1
— Spektrum (@spektrum) November 4, 2021