Covid-19 Delta

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Le variant Delta a été identifié en Inde et a été dénommé « variant indien » dans un premier temps. Dans le sous-continent, il a provoqué une puissante vague d’infection qui a fait de nombreuses victimes. Aujourd’hui, il se propage aussi rapidement en Europe. Contrairement à l’Inde, toutefois, nous sommes plus avancés dans les programmes de vaccination en Europe. Mais qu’est-ce qui nous attend ? Que savons-nous à l’heure actuelle de ce variant ? Et qu’ignorons-nous encore à ce jour ?

Voici les principaux points en quelques mots :

  • Selon les estimations, le variant Delta serait 40 à 80 % plus contagieux que la souche Alpha B.1.1.7 (anciennement dénommée « variant britannique »), qui était déjà plus contagieuse que le variant d’origine
  • Par conséquent, le taux de reproduction de base R0 du variant Delta est lui aussi plus élevé que celui du variant d'origine et celui du variant Alpha – et donc le pourcentage de personnes devant être immunisées pour atteindre l’immunité collective augmente.
  • La protection vaccinale contre le variant Delta est légèrement supérieure à celle contre le variant Alpha en ce qui concerne les formes graves de la maladie.
  • La protection vaccinale contre le variant Delta (par rapport au variant Alpha) est légèrement inférieure pour ce qui est des formes symptomatiques (plus modérées) après la seconde dose de vaccin, et fortement inférieure après la première dose. Ainsi, ce sont surtout les personnes n’ayant reçu qu’une dose de vaccin qui sont moins protégées contre les formes symptomatiques (modérées) en cas d’infection par le variant Delta.
  • Il existe de premières indications que la protection vaccinale contre la variante delta (par rapport à la variante alpha) est légèrement réduite pour le vaccin à dose unique de Johnson & Johnson (Janssen).
  • De premiers éléments permettent d’affirmer que les symptômes en cas d’infection par le variant Delta se distinguent de ceux associés à d'autres variants. Les personnes touchées ont principalement signalé les symptômes suivants : maux de tête, maux de gorge et rhume. En revanche, la perte de l'odorat et du goût, autrefois typique, était moins répandue.
  • Ces dernières semaines, le variant Delta s’est propagé très rapidement au Luxembourg et y représente désormais environ 60 % des cas. On estime que le taux en Europe atteindra la barre des 90 % dans les prochaines semaines.
  • Il est possible que le variant Delta ait tendance à entraîner davantage d’hospitalisations et de formes graves de la maladie. Toutefois, cette question n’est pas encore suffisamment élucidée à l'heure actuelle. Ce phénomène est cependant contrebalancé par le nombre croissant de vaccinations, qui réduisent le nombre de formes graves et d'hospitalisations. De plus, le fait qu’à l’heure actuelle, ce sont surtout les jeunes qui ne sont pas vaccinés et qui ont davantage tendance à se contaminer (et qui sont moins susceptibles de présenter des formes graves) réduit le rapport entre les formes graves et le nombre d'infections. Il se peut donc qu’en raison de la hausse du nombre de vaccinations et de personnes ayant surmonté la maladie, l’impact du variant Delta sur les hospitalisations ne soit pas si fort. Mais il est impossible de l’affirmer avec certitude à ce stade.

Ce que nous savons à l’heure actuelle

De combien le variant Delta est-il plus contagieux ?

Après une première analyse de plus de 1,7 million de séquences de gènes du SARS-CoV-2, les scientifiques estiment que le variant Delta est environ 40 à 60 % plus infectieux que le variant Alpha. Ce chiffre se situe dans la fourchette qui a également été calculée par les modèles de la Task Force COVID-19 au Luxembourg. Le groupe d’experts issus de divers secteurs de la communauté scientifique luxembourgeoise part du principe que le taux de contagion est de 40 à 50 % supérieur à celui du variant Alpha. D’après le Scientific Pandemic Influenza Group on Modelling (SPI-M), un groupe d’experts du Ministère britannique de la Santé, ce chiffre est encore plus élevé – et peut atteindre 80 %. Les analyses de laboratoire suggèrent également que le variant Delta est nettement plus contagieux que le variant Alpha.

Pour les personnes vulnérables, comme on appelle dans le jargon les groupes à risque tels que les personnes âgées ou les personnes immunodéprimées, le risque d’infection par le variant Delta est particulièrement élevé. Telle est l’hypothèse du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).

Variant du virus Taux de reproduction de base R0
Virus d’origine 1,9 – 2,6
Variant Alpha (B.1.1.7 – détecté pour la première fois en Grande-Bretagne) 3 – 4
Variant Delta (B.1.671 – détecté pour la première fois en Inde) 5 – 6

Par conséquent, la proportion de personnes devant être immunisées pour atteindre l'immunité collective augmente.

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Taux de reproduction de base

Vacciné ou non. Confinement ou assouplissement des mesures. Pro-masque ou anti-masque. Un grand nombre de facteurs influent sur le risque de se contaminer par un agent pathogène. Afin de pouvoir comparer la virulence, c’est-à-dire le caractère infectieux des virus et de leurs différents variants, les scientifiques utilisent le taux de reproduction de base (R0). L’idée derrière ce taux : si personne n’était immunisé contre le virus, combien d’individus une personne malade infecterait-elle en moyenne ? Grâce à des modèles mathématiques, il est possible d’estimer le R0 et, notamment dans le cas de nouveaux pathogènes, d’identifier si ces derniers ont le potentiel de déclencher une épidémie (apparition d’un grand nombre de cas dans une région) voire une pandémie (apparition d’un grand nombre de cas à une échelle transnationale).

La vaccination protège-t-elle contre les formes graves ?

Les vaccins semblent offrir une bonne protection contre les formes graves dès la première dose, comme c’est le cas pour le variant Alpha (voir tableau 1). Telle est la conclusion d’une étude disponible sous la forme d’une prépublication préliminaire, c’est-à-dire qui n’a pas encore fait l’objet d’un examen par les pairs. Il semblerait que la situation soit différente pour les formes légères. Selon une autre étude, également disponible sous la forme d’une prépublication préliminaire, dans ce cas, la protection vaccinale intervient seulement après la deuxième dose de vaccin et est donc aussi légèrement inférieure à celle contre le variant Alpha (voir tableau 2). Dans les deux études, les scientifiques ont examiné les vaccins de BioNTech/Pfizer et d’AstraZeneca.

Tableau 1

Tableau 2

Ainsi, une immunisation partielle à l'aide d'une seule dose de vaccin offre une protection moins efficace contre une infection par le variant Delta. Une protection vaccinale complète est donc importante pour contenir la propagation du variant.

Pour le vaccin à dose unique de Johnson & Johnson (Janssen), il existe de premières indications (en date du 12 juillet 2021) que la protection contre la variante delta est légèrement plus faible que contre la variante alpha. Cette indication est basée sur une analyse du sérum (composant du sang qui contient les anticorps) de huit personnes vaccinées dans l'essai pivot. Voici le lien vers l'étude pré-imprimée contenant les résultats, qui n'a pas encore été examinée par des scientifiques indépendants et doit être complétée par des analyses supplémentaires sur le terrain.

D'ailleurs : Le fait que dans des pays comme l’Angleterre ou Israël, le nombre d’infections augmente à nouveau malgré les vastes programmes de vaccination n’est pas principalement dû à l'efficacité un peu moindre des vaccins contre les infections entraînant une forme modérée de la maladie. Il s’explique surtout par la contagiosité plus élevée de ce variant. Ce dernier infecte plus de gens. Il peut se propager rapidement, surtout chez les personnes non vaccinées. Cependant, il se propage aussi – mais dans une moindre mesure – chez les personnes déjà vaccinées (et dans ce cas, surtout chez celles qui n’ont reçu qu’une dose de vaccin) qui ne présentent qu'une forme modérée de la maladie.

Quand la protection vaccinale est-elle complète ?

Une injection et adieu le virus ? Ce n’est malheureusement pas si simple, car notre organisme a besoin de temps pour atteindre la protection vaccinale maximale :

  • avec le vaccin de BioNTech/Pfizer, il faut attendre sept jours après la seconde dose pour atteindre une efficacité de 95 %.
  • avec le vaccin de Moderna, une efficacité de 95 % intervient 14 jours après la seconde dose.
  • avec le vaccin d'AstraZeneca, il faut attendre quinze jours après la seconde dose pour atteindre une efficacité de 95 %.
  • avec le vaccin de Johnson & Johnson, une efficacité de 66,9 % intervient 28 jours après la première (et unique) dose.

Les symptômes sont-ils différents de ceux associés à d’autres variants ?

Des indices semblent effectivement indiquer que les symptômes dus à une infection par le variant Delta sont différents de ceux associés aux autres variants. « Ils s’apparentent plutôt à ceux d’une grosse grippe », a déclaré à la BBC Tim Spector, responsable de la Zoe Covid Symptom Study au Royaume-Uni. Dans l’enquête qui a interrogé près de quatre millions et demi de personnes sur leurs symptômes dus à la Covid-19, les maux de tête, les maux de gorge et le rhume ont été le plus souvent cités. En revanche, la perte de l’odorat et du goût, autrefois typique, était moins répandue.

Dans quelle mesure le variant est-il répandu au Luxembourg ?

Dans un contexte où le nombre de cas était globalement en baisse pendant la semaine 23 (du 7 au 13 juin), la plupart des infections au Luxembourg étaient dues au variant Alpha, détecté pour la première fois au Royaume-Uni. Cela a changé la semaine suivante. Depuis la semaine 24, le variant Delta est devenu prédominant, alors que sa proportion avait pratiquement doublé semaine après semaine.

Proportion des différents variants dans les cas d’infection au Luxembourg

Comment la situation évoluera-t-elle en Europe au vu du variant Delta ?

Selon les modèles mathématiques du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), au début du mois d’août, le variant Delta pourrait représenter quelque 70 % de l’ensemble des cas de Covid-19. Un mois plus tard, ce variant devrait pratiquement avoir supplanté les autres variants avec un taux d’environ 90 %.

Quelle est la situation actuelle au Royaume-Uni ?

Le variant Delta a été détecté pour la première fois au Royaume-Uni le 22 février 2021. Depuis lors, il supplante progressivement le variant Alpha « britannique », qui y dominait jusque-là. Après 55 nouveaux cas recensés à la fin du mois d'avril, le nombre de personnes infectées par le virus Delta au Royaume-Uni est passé à 132. Selon le ministre britannique de la Santé, Matt Hancock, un mois et demi plus tard, le 11 juin 2021, le variant Delta était à l’origine de 91 % de tous les nouveaux cas d’infection. Après une période marquée par un taux d’infection faible de début mars à début juin, avec parfois seulement quelque 2 000 nouveaux cas par jour, les chiffres n’ont cessé de grimper et dépassaient déjà largement les 24 000 cas le 3 juillet 2021. En réponse à la propagation rapide du variant Delta, le Premier ministre Boris Johnson a reporté, pas plus tard que le 14 juin, l’assouplissement des mesures restrictives prévu pour le 19 juin de quatre semaines.

Quelle est la situation au Portugal ?

Alors que le Portugal était encore en pleine lutte contre le virus au début de 2021, avec plus de 16 000 nouveaux cas par jour, le pays a connu une baisse sensible de cas en février et ce nombre était bien au-dessus de mille cas jusqu’à la mi-juin. La part du variant Delta dans les nouveaux cas d’infection n’a toutefois cessé d'augmenter. Par conséquent, la ville de Lisbonne a été brièvement confinée. À la fin du mois de juin, l’Allemagne a classé le Portugal comme une zone à variant du virus. Cela signifie que toute personne qui revient de vacances doit se mettre en quarantaine pendant 14 jours. Au début du mois de juillet, le gouvernement portugais a pris des mesures plus radicales. Depuis lors, un couvre-feu nocturne a de nouveau été instauré dans une quarantaine de villes, dont la capitale Lisbonne et la ville portuaire de Porto. Le nombre d’infections se situe actuellement à nouveau au-dessus de 2 300 cas par jour.

Quelle était la situation en Inde ?

Dans le sous-continent indien, qui compte près de 1,3 milliard d’habitants, les taux d’infection ont atteint un pic à l’automne 2020, avec près de 100 000 cas par jour. Puis les chiffres se sont stabilisés, si bien qu’au début de 2021, le pays pensait déjà être sur la bonne voie pour sortir de la crise. À la mi-avril, toutefois, une hausse considérable du taux d’infection a été constatée. Pendant trois jours consécutifs, plus de 300 000 nouveaux cas ont été recensés. Le variant Delta, qui a été détecté pour la première fois en Inde, est devenu prédominant en mai et peu après, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’a classé comme « préoccupant ». Depuis le mois de juin, le nombre de cas en Inde est à nouveau en baisse. Certains experts sont d’avis que le virus lui-même a pu être à l’origine de ce recul en raison de sa propagation rapide. Comme on estime qu’un milliard d’Indiens ont déjà été infectés par le virus SARS-CoV-2, il pourrait s’avérer plus difficile pour ce dernier de trouver un hôte approprié.

Ce que nous ignorons encore à ce jour

Le variant Delta entraîne-t-il des formes plus graves et une hausse des hospitalisations ?

Une première étude menée en Écosse suggère que les cas d’infection attribuables au variant Delta entraînent deux fois plus d’hospitalisations que le variant Alpha. Lothar Wieler, le président du RKI, cite des chiffres similaires pour l’Allemagne, bien qu’il évoque aussi le manque de données. Il faudra donc poursuivre les recherches pour répondre définitivement à cette question.

Le nombre croissant de vaccinations, qui réduisent le nombre de formes graves de la maladie et d’hospitalisations, vient toutefois contrebalancer cette tendance. De plus, le fait qu’à l’heure actuelle, ce sont surtout les jeunes qui ne sont pas vaccinés et qui ont davantage tendance à se contaminer (et qui sont moins susceptibles de présenter des formes graves) réduit le rapport entre les formes graves et le nombre d'infections. Il se peut donc qu’en raison de la hausse du nombre de vaccinations et de personnes ayant surmonté la maladie, l’impact du variant Delta sur les hospitalisations ne soit pas si fort. Mais il est impossible de l’affirmer avec certitude à ce stade.

Les médicaments sont-ils moins efficaces contre le variant Delta ?

Tout le monde parle des vaccins contre le virus SARS-CoV-2. Mais notre principale arme contre ce virus ne doit pas rester la seule ligne de défense. Des travaux de recherche sont également menés sur des médicaments pour traiter les personnes chez qui la maladie de la Covid-19 s'est déjà déclarée. Actuellement, au moins 331 médicaments candidats sont examinés dans des essais précliniques et 237 dans des essais cliniques. Il reste toutefois à déterminer dans quelle mesure ceux-ci sont également efficaces contre le variant Delta. Les premières conclusions allant dans ce sens proviennent, par exemple, d’une préparation à base d’anticorps qui est actuellement examinée dans un essai de phase II et semble efficace contre le variant.

Auteurs : Kai Dürfeld (scienceRELATIONS – Wissenschaftskommunikation), Jean-Paul Bertemes (FNR)

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Sources

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