(C) 2014 SIP Yves Kortum
Améliorer la communication des sciences, consolider notre image de site de recherche, renforcer la place des sciences à l'école - Marc Hansen parle avec science.lu de ses ambitions en tant que secrétaire d'Etat à la Recherche.
Monsieur Hansen, vous avez été nommé secrétaire d’État à la Recherche il y a quelques mois. Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement dans cette fonction ?
En plus d’être passionnante, la recherche est également un domaine dans lequel on dispose d’une vaste marge de manœuvre en tant que représentant politique, y compris à l’échelle européenne. À mes yeux, il est particulièrement important de promouvoir la culture scientifique, c’est-à-dire d’initier le plus tôt possible les enfants et les jeunes aux sciences, mais aussi de faire en sorte que les adultes soient mieux informés de ce qui se passe au Luxembourg en matière de recherche
Vous voulez dire qu’il y a là une lacune à combler ?
Tout à fait. Quand j’explique que près de 5000 employés travaillent dans la recherche au Luxembourg, on me rétorque souvent : mais où sont tous ces gens ? Et que font-ils ? Même si nous avons déjà mis en œuvre quelques mesures fructueuses, nous devons encore améliorer la communication dans le domaine. Il est également important que nous consolidions notre image de site de recherche lors de nos missions économiques. En effet, à l’échelle internationale, nous ne sommes toujours presque perçus que comme un site financier. Enfin, nous devons également œuvrer pour renforcer la place des sciences à l’école.
Depuis le changement de gouvernement, la recherche, l’éducation et l’enseignement supérieur sont placés sous l’égide d’une seule autorité. Quelles sont les chances liées à ce regroupement ?
Le Luxembourg a en permanence besoin de nouveaux talents dans le domaine de la recherche et de l’innovation, ainsi que dans celui de l’ingénierie. Nous devons souvent recruter bien au-delà de la Grande Région, parce qu’il n’y a pas assez de résidents luxembourgeois aptes à occuper ces postes. Le fait de regrouper l’éducation, l’enseignement supérieur et la recherche sous un même chapeau nous permet de coordonner des mesures plus ciblées et, ainsi, de réagir plus efficacement aux besoins du pays à l’avenir.
Pourquoi le Luxembourg a-t-il besoin de sa propre recherche publique ?
Ce dont notre pays a besoin, c’est de matières premières. Cela nécessite que nous fassions appel à nos cerveaux, nos compétences et nos talents. Dans un monde en perpétuel changement, nous avons besoin de l’innovation et de la recherche pour nous réinventer en permanence, pour chercher des solutions aux changements que traverse la société, conquérir de nouveaux marchés du travail, consolider les emplois et en créer de nouveaux.
Vers quoi faut-il orienter la recherche au Luxembourg ?
À l’avenir, les instituts de recherche publics devront encore davantage tenir compte des besoins économiques et sociaux du Luxembourg. Le Luxembourg gagnera en attractivité si la recherche publique assiste les entreprises privées dans le domaine de l’innovation et de la recherche. Nous devons également poursuivre nos efforts pour transposer les résultats prometteurs de la recherche en produits commercialisables. Mais bien entendu, c’est aussi le devoir d’un État que d’investir dans la recherche fondamentale.
Un élément important du Luxembourg est le multilinguisme. Quelle importance revêt-il pour le Luxembourg ?
Le multilinguisme a toujours été un atout pour le Luxembourg. Il faut toutefois éviter qu’il devienne un obstacle. Nous avons connu une évolution démographique fulgurante ces dernières décennies. Les personnes qui souhaitent vivre ici à long terme doivent être initiées au multilinguisme, sans toutefois que celui-ci soit synonyme de désavantages, par exemple au niveau de la scolarisation. Nous devons par ailleurs élaborer des solutions qui nous permettent d’accueillir des étrangers sur le court terme, par exemple des chercheurs qui viennent travailler au Luxembourg pendant deux ou trois ans. La recherche peut nous aider à développer ces solutions. La recherche luxembourgeoise dans le domaine du multilinguisme est un bon exemple du soutien que ce domaine peut apporter aux acteurs sociaux et politiques.
Auteur: Jean-Paul Bertemes (FNR)
Photo © 2014 SIP Yves Kortum
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Beaucoup de Luxembourgeois connaissent Marc Hansen en tant que journaliste. Après avoir travaillé pour RTL Radio Lëtzebuerg et RTL Télé Lëtzebuerg, il était dernièrement directeur et administrateur délégué des Éditions Lëtzebuerger Journal. En sa qualité d’expert du métier, il n’est guère surprenant que la communication lui tienne particulièrement à cœur dans le domaine de la recherche également. Marc Hansen succède au secrétaire d’État André Bauler, qui a mis fin à son mandat au début de l’année 2014 pour des raisons de santé. Tandis que le ministre Claude Meisch est essentiellement en charge de l’éducation et des écoles, la recherche et l’enseignement supérieur relèvent de la compétence de Marc Hansen.