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L’étude montre que 88% des salariés ont déclaré ne pas avoir l’opportunité de télétravailler : la moitié (52%) du fait de la nature de leur emploi et les autres (36%) parce que leur entreprise ne le leur permettait pas. Quant aux 12% de salariés ayant l’opportunité de choisir cette méthode de travail, la très grande majorité (80%) pratiquait le télétravail au moins occasionnellement.
Au vu de ces résultats, la pratique du télétravail serait dès lors davantage une question d’opportunité : les obstacles à l’adoption du télétravail se situent plus du côté des caractéristiques de l’emploi et des pratiques des entreprises que du salarié.
L’étude s’est basée sur les données de l’enquête Conditions de travail et qualité de vie au travail conduite en 2013 auprès des salariés du secteur privé luxembourgeois.
Disposer d’un métier adapté au télétravail
Pour pouvoir télétravailler, il faut d’abord que l’emploi le permette. Or, certains emplois ne permettent pas de travailler en dehors de son lieu de travail. En 2013, à peine la moitié (48%) des salariés du secteur privé luxembourgeois estimaient que leur emploi se prêtait au télétravail.
Un mode de management encore peu répandu
En 2013, les trois quarts des salariés ayant un emploi qui se prêtait au télétravail déclaraient que leur entreprise ne leur accordait pas la possibilité de télétravailler. En effet, lorsque le télétravail peut se concevoir, l’entreprise doit donner l’opportunité à ses salariés d’y recourir. Or, il existe de nombreux freins au développement du télétravail au sein des entreprises : crainte de perdre le contrôle sur le temps de travail des salariés, nécessité de repenser le mode de management ou de développer la sécurité du système informatique, etc.
Les bénéfices du télétravail
Le télétravail est souvent présenté comme permettant d’accroître le bien-être des salariés. « Développer le télétravail a des points positifs pour les salariés. La pratique du télétravail permet, par exemple, de réduire les trajets domicile-travail sources de fatigue et qui jouent négativement sur la productivité, elle limite les interruptions dans les tâches, elle offre plus d’autonomie aux salariés, elle leur offre plus de flexibilité, …. »explique Dr. Hauret, chercheuse au LISER et auteure du rapport d’étude.
En effet, une étude parue en 2015 par l’Université métropolitaine de Manchester et l’Université de Nazilli a montré que le télétravail peut être un moyen pour les salariés de se dégager de situations stressantes, comme par exemple les trajets du domicile au travail et la congestion du trafic. Les chercheurs soulignent également que le télétravail offre plus d’autonomie aux salariés et de flexibilité. De même, en dressant une méta-analyse, une équipe de chercheurs de l’école de commerce de Haskayne de l’Université de Calgary a pu indiquer qu’il existait une corrélation positive entre le télétravail et la rétention des salariés, l’engagement organisationnel et la performance.
Encourager la digitalisation et repenser les pratiques managériales
Deux pistes principales peuvent être envisagées pour développer la pratique du télétravail. La première vise à encourager la digitalisation au sein des entreprises puisque le progrès technique, via notamment l’usage des technologies de l’information et de la communication, permet d’augmenter le nombre d’emplois pour lesquels le télétravail est possible.
La seconde aurait pour objectif d’accompagner les entreprises dans la refonte de leurs pratiques managériales. Le recours au télétravail par les entreprises suppose, en effet, le passage d’un modèle de management basé sur le présentiel et sur le contrôle, à un modèle de management basé sur la réalisation d’objectifs et la confiance mutuelle.
Satisfaction au travail : plus que télétravailler, avoir la possibilité de le faire
« Notre étude montre cependant que ce n’est pas le fait de télétravailler qui est lié à la satisfaction au travail mais le fait d’avoir la possibilité de le faire. Les employés qui ont la possibilité de télétravailler, qu’ils utilisent ou non cette possibilité, se déclarent, en moyenne, plus satisfaits que ceux qui n’ont pas cette possibilité. »explique Dr. Hauret, chercheuse au LISER et auteure du rapport d’étude.
Toutefois, le télétravail comporte des risques pour les salariés tels que l’isolement ou le travail en débordement (travail en dehors des heures normales de travail). Ces risques peuvent alors contrebalancer les effets positifs, voire les annihiler. Les résultats de l’étude conduite par le LISER ont montré que le télétravail est lié positivement au travail en débordement, sans toutefois que le sens de causalité puisse être identifié. Quant au lien entre télétravail et stress professionnel, il n’est pas apparu significatif.
Quelle évolution de la pratique du télétravail au Luxembourg en 2019 ?
Plus de six années se sont écoulées depuis la collecte des données de l’enquête. La pratique du télétravail pourrait ainsi avoir significativement évoluée dans le paysage luxembourgeois. Il serait donc intéressant de pouvoir mener un nouvel état des lieux de cette méthode de travail au Luxembourg.
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Auteur : LISER
Editeur : Constance Lausecker et Michelle Schaltz