Fondation Cancer
L’objectif du projet Targeting Glioma Cell Invasion est de mieux comprendre les mécanismes moléculaires de l'invasion tumorale dans le cerveau.
Bien que rares, comparées à d'autres cancers (voir infobox), les tumeurs cérébrales sont extrêmement agressives et il y a peu de traitements efficaces qui limitent la récurrence de tumeurs.
Ceci est particulièrement vrai pour le glioblastome qui, avec environ cinq cas pour 100 000 personnes, est la tumeur cérébrale la plus courante et la plus agressive. Cette tumeur maligne peut survenir à tout âge, mais surtout chez les personnes entre 45 et 70 ans.
Afin de développer des stratégies thérapeutiques et de limiter la récurrence des tumeurs, il est important de mieux comprendre les mécanismes moléculaires de l'invasion tumorale dans le cerveau. C’est le défi d’un projet de recherche de l’équipe du Prof. Dr Simone Niclou du Luxembourg Institute of Health (LIH), qui ont déjà un premier résultat prometteur : l’identifcation d’un gène important.
Comment une telle découverte pourrait aider à développer un meilleur traitement ? Dans cet article, la Fondation Cancer explique les différentes étapes suivis par les chercheurs. Mais avant toutes choses, il faut comprendre pourquoi les traitements actuels ne sont pas efficaces.
Le glioblastome : une tumeur qui pénètre profondément dans le tissu cérébral
Le glioblastome peut affecter différentes régions cérébrales et provoque de grandes lésions. Cette tumeur cérébrale a la capacité insidieuse de pénétrer profondément dans le tissu cérébral ou même de se propager d’un hémisphère à l'autre.
Ce caractère invasif empêche la résection chirurgicale complète de la tumeur, car il reste habituellement des cellules tumorales invisibles pour le chirurgien. Néanmoins, la chirurgie tumorale est la première ligne de traitement suivie d’une combinaison de radio- et de chimiothérapie.
Mieux comprendre le processus d’invasion au niveau moléculaire
Cependant, à ce jour, le traitement standard n’empêche que rarement la récurrence de la tumeur. Ce sont les cellules tumorales capables de pénétrer dans les tissus environnants qui en sont responsables.
Les traitements médicaux actuels visent principalement les cellules tumorales en division. Pour être vraiment efficaces, ces traitements devraient être complétés par des thérapies qui ciblent en outre le processus invasif.
C’est pourquoi les chercheurs essayent de trouver des gènes ou voies de signalisation qui ne fonctionnent pas comme il faut dans les cellules tumorales et qui pourraient être ciblés par des médicaments.
Première étape : identification d’une gène essentiel
Une découverte primordiale à ce jour de l’équip de Simone Niclou a été l'identification d'un gène qui joue un rôle important dans le comportement invasif des cellules du glioblastome. Ce gène pourrait être responsable de la réapparition du glioblastome.
L'identification de ce gène essentiel pour l'invasion maligne du glioblastome demande à découvrir les mécanismes moléculaires impliqués.
Deuxième étape : quelles voies de signalisation jouent un rôle dans le comportement invasif ?
Pour ce faire, les scientifiques ont comparé l'expression de tous les gènes de cellules tumorales normales avec celle de cellules tumorales à qui on a désactivé le gène identifié et qui ont donc un comportement invasif plus faible.
Dans d’autres expériences, on examine actuellement si une expression génique altérée permet de découvrir des voies de signalisation intracellulaires jouant un rôle dans le comportement invasif. À partir de là, des mécanismes moléculaires peuvent être déduits.
Prochaine étape : trouver des médicaments qui agissent sur les voies de signalisation
L'étape suivante consiste à comparer les mécanismes avec des bases de données contenant un large éventail de médicaments déjà mis sur le marché et dont on connaît leur action sur les voies de signalisation. Ainsi des médicaments potentiellement efficaces contre le caractère invasif pourraient être identifiés.
Ces médicaments seraient ensuite administrés lors d’un essai clinique pour vérifier s'ils peuvent être approuvés pour les patients atteints de glioblastome. Ainsi, de nouvelles applications de médicaments existants pourraient être trouvées, permettant d'améliorer de manière significative la qualité de vie des patients atteints d’un glioblastome en association avec des médicaments utilisés, la radio- et la chimiothérapie.
La Fondation Cancer soutient la recherche
Depuis 2014, la Fondation Cancer soutient ce projet de recherche très prometteur d’Anne Schuster et Simone Niclou. Le 28 février 2018, le Dr Carlo Bock, président de la Fondation Cancer et Lucienne Thommes, directrice ont remis un chèque de 286 043 € aux chercheurs Prof. Dr Simone Niclou et Dr Anne Schuster en présence du Dr Ulf Nehrbass, directeur du Luxembourg Institut of Health (LIH).
Auteur: Fondation Cancer
Éditeur: Michèle Weber (FNR)
Photo: Fondation Cancer (d.g.à.d.: Lucienne Thommes, Ulf Nehrbass, Simone Niclou, Carlo Bock)
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Infobox
Les tumeurs cérébrales sont plutôt rares. Au Royaume Uni, il représenten 3% des nouveaux cas de cancer. Pour comparer: les nouveaux cas de cancer du sein représentent 15% de tous lesnouveaux cancers. Cependant, les tumeurs cérébrales sont souvent très aggressifs et one une mauvaise prognose. Au Royaume Uni, 19% des patients sont encore en vie 5 ans après le diagnostic. Pour le cancer de la prostate, 85% sont encore en vie. Source: Cancer Research UK