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À l'aide de poissons zèbres: sur la trace des origines de l'épilepsie pour enfants - Des chercheurs du LCSB découvrent un gène qui, suite à une mutation spécifique, est responsable de l'apparition du syndrome de Dravet, une forme rare d'épilepsie chez l'enfant.
Les chercheurs du LCSB (Luxembourg Centre for Systems Biomedicine) de l’Université du Luxembourg ont apporté une contribution importante à la découverte de ce gène dans le cadre d'un consortium européen.
Suite à une mutation spécifique, ce gène est responsable de l'apparition du syndrome de Dravet, une forme rare d'épilepsie chez l'enfant. Ce gène a reçu la dénomination scientifique CHD2. Dans le cadre de ce projet, les chercheurs dirigés par le scientifique du LCSB, le Dr. Alex Crawford, ont travaillé avec une souche spéciale de poissons zèbres. Ils ont utilisé des méthodes d'ingénierie génétique pour désactiver le gène CHD-2 de ces poissons. En observant les larves de ces poissons, l'équipe de Crawford et les autres partenaires du projet, et notamment les experts en poissons zèbres de l'université belge de Louvain (KU Leuven) ont pu démontrer que l'absence du gène CHD2 était effectivement un déclencheur du syndrome de Dravet.
Identifier des substances thérapeutiques?
En poursuivant leurs travaux sur les poissons zèbres, les chercheurs espèrent identifier des substances thérapeutiques permettant de soigner cette forme d'épilepsie considérée actuellement comme incurable.
Qu'est-ce que c'est le syndrome de Dravet?
Le syndrome de Dravet apparaît chez les petits enfants et entraîne souvent un handicap mental. Les attaques d'épilepsie sont accompagnées d'une forte fièvre. Les scientifiques ont déjà pu déterminer une cause génétique chez 80 % des jeunes patients. Pour les 20 % restants, les médecins étaient confrontés à une énigme.
Résoudre cette énigme est l'un des objectifs du consortium RES d'EuroEPINOMICS (RES est l'acronyme de « Rare Epileptic Syndroms », maladies épileptiques rares). Ce consortium réunit des médecins pratiquants et des chercheurs fondamentaux qui recherchent les causes génétiques de l'épilepsie et de nouvelles méthodes thérapeutiques éventuelles. Le LCSB est l'un des partenaires d'EuroEPINOMICS.
Démarche des chercheurs
Dans un premier temps, les chercheurs ont analysé le matériel génétique de neuf patients souffrant du syndrome de Dravet et pour lesquels il n'était pas possible d'attribuer ce syndrome à des défaillances génétiques connues. Ils ont utilisé pour ce faire une nouvelle méthode d'analyse appelée « séquençage exomique de trios ». Cette méthode permet d'analyser les mutations spontanées, c'est-à-dire non héréditaires, de l'ADN.
Des mutations spontanées du gène CHD2 ont été découvertes chez deux des neuf patients. Vu ce pourcentage très faible, il a fallu déterminer si la mutation du CHD2 était réellement un déclencheur du syndrome de Dravet. Pour ce faire, les chercheurs ont désactivé le gène CHD2 de poissons zèbres selon une méthode appelée « Antisense-knockdown »
Grâce à des techniques de mesure ultrasensibles, ils ont mesuré les flux nerveux des larves de poissons et diagnostiqué ainsi le syndrome de Dravet. La preuve était là.
Les poissons de zèbre prometteurs - perspective à long terme: utiliser les connaissances aussi pour la maladie de Parkinson
« Il n'y a pas longtemps que le LCSB utilise des poissons zèbres comme spécimens d'analyse scientifique », explique Alex Crawford. Les résultats de ce projet démontrent déjà le potentiel de cette approche : « Ces animaux pondent régulièrement de nombreux œufs. Il en sort des larves microscopiques dont le système nerveux complexe, au bout de quelques jours, permet d'analyser certains mécanismes pathologiques comme ceux de l'épilepsie », poursuit Crawford.
Le Prof. Dr. Rudi Balling, directeur du LCSB, décrit les perspectives à long terme qui ressortent de ce projet : « Nous utilisons à présent des poissons zèbres pour rechercher des substances permettant de combattre le syndrome de Dravet. Mais les poissons zèbres se prêtent aussi aux recherches sur les maladies du cerveau, c'est pourquoi nous comptons les utiliser de plus en plus dans le cadre de notre thème de recherche principal : la maladie de Parkinson. Là aussi, en effet, nous ne savons encore que trop peu de choses sur les thérapies possibles permettant de traiter les causes de cette maladie. »
Auteur: Uni Luxembourg
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