(C) Michel Brumat / University of Luxembourg
Le Luxembourg est l'un des marchés médiatiques les plus concentrés en Europe. Quels sont les risques potentiels pour le pluralisme des médias ?
Les chercheurs de l’Université du Luxembourg ont étudié le paysage médiatique du Luxembourg afin d’identifier les menaces potentielles pour le pluralisme médiatique. Les auteurs de l’étude ont découvert que le pays court des risques faibles en ce qui concerne l’indépendance politique des médias et les droits fondamentaux comme la protection de la liberté d'expression. Néanmoins, l'étude conclut que les risques sont élevés en matière de pluralité dans le secteur des médias.
« Il en ressort que le secteur des médias est l’un des plus concentrés en Europe », explique le Dr Raphaël Kies, assistant de recherche à l’Université du Luxembourg et auteur principal du rapport. Ainsi, tandis que le nombre de médias imprimés est étonnement élevé compte tenu de la taille du pays, ce marché reste dominé par deux groupes majeurs : Editpress et Group Saint-Paul.
L’ALIA manque de fonds
À l’inverse, le secteur audiovisuel est fortement concentré avec RTL Group comme principal prestataire. De surcroît, il n’existe aucune disposition légale pour prévenir la concentration des médias. « La loi luxembourgeoise ne prévoit ni restriction ni critères spécifiques qui permettraient de contrôler la concentration transmédiatique », explique M. Kies.
Le rapport démontre également que les moyens de l’Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel (ALIA) récemment créée sont probablement insuffisants étant donné ses nombreuses missions, comme le contrôle de quelque 50 concessions audiovisuelles dans plusieurs pays. Les auteurs recommandent également de renforcer le rôle des services publics dans les médias luxembourgeois.
L'étude ne prend pas en considération tous les aspects
L'étude a été créée dans le cadre d’un projet paneuropéen, subventionnée par la Commission européenne et réalisée par le Centre pour le pluralisme et la liberté des médias de l’Institut universitaire européen de Florence. L'étude analyse les risques menaçant le pluralisme médiatique dans 19 pays d’Europe à l’aide de plus de 200 indicateurs législatifs, économiques et sociaux dans quatre domaines : la protection des droits fondamentaux, la concentration sur le secteur des médias, l’indépendance politique et l’inclusion sociale.
Les auteurs indiquent que la définition de certains critères ne prend pas en considération les caractéristiques nationales sociopolitiques et la taille du pays. Par exemple, l’inclusion médiatique ne tient pas compte du fort pourcentage de résidents étrangers.
Photo : Michel Brumat / University of Luxembourg