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Une interview avec Prof. Claude P. Muller du Department of Infection and Immunity, au Luxembourg Institute of Health.

Professeur Claude Muller, pourquoi les tests rapides antigéniques sont-ils actuellement au centre des discussions ?

Les tests rapides antigéniques pour détecter le Sars-CoV-2 sont autorisés depuis peu au Luxembourg et seront bientôt disponibles en plus grandes quantités. La qualité des tests s’est entre-temps légèrement améliorée. Les tests rapides antigéniques sont prometteurs car ils livrent un résultat beaucoup plus rapidement qu’un test PCR. Le facteur temps est décisif pour la lutte contre la pandémie. Si, comme dans certains pays, l’attente du résultat d’un test PCR est de 5 ou 6 jours, l’isolement, la quarantaine et le Back-Tracing ne fonctionnent plus. Le Luxembourg atteint, lui-aussi, ses limites. L’idée des tests rapides est de raccourcir ce délai en testant sur place - au « Point-of-Care » - et en obtenant le résultat dans un délai très court. La personne testée peut être informée directement et prévenir ses contacts immédiatement. Autrement dit : la procédure qui dure normalement plusieurs jours serait réduite à environ une heure.

Les tests rapides antigéniques permettraient-ils donc de simplifier ou d’améliorer le traçage des contacts ?

Oui, absolument, car on peut directement demander à quelqu’un qui vient d’être testé positif avec qui il a été en contact ces derniers jours. Le test et la notification des personnes de contact peuvent se faire pour ainsi dire d’une traite.

En combien de temps le résultat du test s’affiche-t-il ?

Cela dure habituellement entre 10 et 30 minutes.

Où serait-il le plus judicieux d’effectuer des tests rapides ?

Ces tests peuvent être utilisés de façon ciblée dans des situations nécessitant de déterminer rapidement si une infection est présente ou pas. Au Luxembourg, où les tests rapides antigéniques vont désormais aussi pouvoir être pratiqués, mais également dans d’autres pays, ce sont en particulier deux scénarios d’application qui se trouvent au premier plan : dans les cabinets médicaux ou sur les résidents des maisons de retraite en cas de symptômes correspondants. Ou encore sur les visiteurs dans les hôpitaux, les maisons de retraite et maisons de repos ou les hébergements collectifs, avant même d’entrer dans le bâtiment. En cas de résultat positif, l’accès serait refusé à la personne concernée. Ou dans les écoles : une écolière, un écolier ou un professeur qui serait testé positif pourrait immédiatement être renvoyé à la maison. On peut ainsi procéder de façon beaucoup plus ciblée et réagir plus rapidement : il faudra isoler moins de personnes suspectées d’être contaminées en attendant le résultat de leur test.

Remarque : Au Luxemburg, les premiers 75.000 tests rapides antigéniques seront utilisés dans les urgences des hôpitaux ainsi que dans les « Centres de consultation » et les maisons de retraite et de soins.

Comment fonctionne un test rapide antigénique ?

D’une manière générale, les tests rapides antigéniques pour des coronavirus de type SARS-CoV-2 se basent sur un format que les experts appellent Lateral-Flow Assay ou chromatographie immunologique à flux latéral. Pour détecter une infection, on recherche des composants du virus, appelés antigènes, à l’aide des tests rapides SARS-COV 2.  L’antigène est la protéine Spike qui se situe à la surface des coronavirus. Celui-ci est détectable dans le liquide corporel, dans le nez ou le pharynx.

Remarque : dans les tests rapides antigéniques qui seront utilisés au Luxembourg à partir de fin novembre, l’antigène est la protéine appelée protéine « N » (« N » signifie nucléocapside) qui se fixe au génome viral.

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Lateral-Flow Assay

« Les Lateral-Flow Assays ou test de chromatographie immunologique à flux latéral sont utilisés pour d‘autres maladies infectieuses, généralement afin de détecter des anticorps contre des agents pathogènes spécifiques. Il permet ainsi, soit de diagnostiquer une infection aigüe, soit de reconnaitre ultérieurement une ancienne infection. Les tests fonctionnant sur le principe du Lateral-Flow et recherchant des anticorps existent depuis longtemps – par exemple pour détecter les agents pathogènes de l’hépatite B dans le sang. Ils sont fréquemment utilisés dans de nombreux pays, particulièrement dans les pays du tiers monde.

Dans le cas du SARS-CoV-2, la recherche d’anticorps n’est toutefois pas adaptée pour poser un diagnostic car les anticorps contre ces coronavirus sont formés trop tard.  Afin de détecter tout de même une infection à un moment où le patient est tout juste contagieux, on recherche, à l’aide des tests rapides SARS-COV2, des composants du virus appelés antigènes plutôt que des anticorps », explique Prof Claude Muller.

Ces tests sont-ils nouveaux ?

Les infections chroniques au virus de l’hépatite B sont détectées depuis longtemps à l’aide de tests rapides qui détectent de cette façon les antigènes de ces virus. Les tests qui détectent les antigènes du SARS-COV 2 sont évidemment encore nouveaux. Les premiers ont été autorisés aux USA en mai 2020.

À quoi ressemble concrètement leur utilisation ?

Après le prélèvement nasopharyngé, l’échantillon est mélangé à un liquide spécial dans une petite canule qui est ensuite appliqué sur une cassette test maniable. Il s’y trouve une substance qui se colore par réaction biochimique si un antigène de SARS-CoV-2 est présent dans l’échantillon. La coloration indique donc si le test est positif ou négatif.

Est-ce que chacun peut pratiquer ce test chez soi ?

En principe, ce genre de test rapide est plutôt facile à manipuler. Le but est qu’au final chacun soit effectivement en mesure de réaliser ce test soi-même à la maison. Le déroulement serait comparable à un test de grossesse avec une simple bandelette de test.  C’est certainement vers quoi nous nous dirigeons. Cependant, un test rapide antigénique nécessite certaines connaissances et aptitudes, particulièrement en ce qui concerne le prélèvement dans le nez ou dans la gorge. C’est pourquoi il est prévu, dans un premier temps, que seul un personnel formé pourra pratiquer le test. Il s’agira par exemple de médecins, d’employés dans un cabinet médical ou d’infirmiers dans un hôpital ou une maison de retraite.

 

Remarque :

Le gouvernement luxembourgeois a par ailleurs récemment décidé et instauré les cadres législatifs nécessaires pour permettre aussi aux pharmaciens, psychologues, psychothérapeutes et pompiers de pouvoir être formés afin de pratiquer les tests rapides antigéniques.

Le Luxembourg va se procurer, du moins dans la première phase, le SARS-COV-2 RAPID ANTIGEN de Roche.

Prof. Claude P. Muller
du Department of Infection and Immunity au Luxembourg Institute of Health se consacre , depuis 20 ans,  à la surveillance des virus et à leur endiguement en Europe, en Afrique et en Asie.

Que faudrait-il changer afin de permettre, à l’avenir, l’utilisation de ces tests à la maison ?

Je pense que le fait de limiter les tests en n’autorisant que des professionnels de la santé formés à les pratiquer est plutôt une mesure de précaution.  On veut dans un premier temps acquérir de l’expérience avec les tests rapides. Mais je peux m’imaginer que cela va changer tôt ou tard. Le jour où ces tests seront aussi disponibles dans les pharmacies, comme c’est déjà le cas en Suisse, les clients ne se feront plus uniquement tester par les pharmaciens. Ils ramèneront leur kit de test à la maison et se testeront eux-mêmes, s’ils considèrent que c’est nécessaire.

Remarque : les USA ont annoncé aujourd’hui (le 18.11) qu’ils autorisent pour la première fois les tests rapides à usage individuel. Source ntv : « Le test de l’entreprise américaine Lucira Health a obtenu une autorisation en urgence de l’agence américaine des médicaments, la FDA, mais uniquement sur ordonnance. Après avoir effectué le prélèvement dans le nez, le résultat s’affiche dans la demi-heure. Selon les indications du fabricant, un test rapide coûte l’équivalent de 40 euros. « Nous avons autorisé le premier test Covid-19 pouvant être pratiqué soi-même et livrant le résultat à la maison », déclare Stephen Hahn, chef de la FDA. C’est une avancée importante dans notre projet de rendre le test accessible à tous les citoyens. »

Cela poserait-il un problème ?

Au contraire. Même si certains n’effectuaient pas le test correctement, ce serait une bonne chose. Si, disons, 10 % des personnes qui se testent ne se testent pas de façon optimale, cela signifie inversement que 90 % se testent correctement.  Et si parmi ces 90 % il y a un taux de positivité de peut-être 20 %, ils pourront ainsi être isolés. Cela serait une contribution précieuse voire même déterminante dans la lutte contre la pandémie.

Certains sont d’avis que ces tests, n‘étant pas fiables à 100%, pourraient créer un faux sentiment de sécurité…

Cet argument est selon moi absolument insensé. Il a déjà été utilisé contre chacune des mesures raisonnables appliquées, y compris les masques. Et il est toujours utilisé. On ne veut pas prendre la température car cela donne soi-disant un « faux sentiment de sécurité ». On ne voulait, au début, pas de masques car ils donnent un soi-disant « faux sentiment de sécurité ». Et pour cette raison, on ne veut pas non plus laisser les tests rapides aux mains de personnes non qualifiées. Nous le savons tous : rien n’est parfait. Et il vaut mieux faire quelque chose, même s’il existe un certain degré d’insécurité, que de ne rien faire. On pourrait aussi bien dire : nous ne voulons pas de freins dans une voiture car cela donne un faux sentiment de sécurité car les gens rouleront alors plus vite. C’est n’importe quoi !

Remarque : Cet été, une pétition a été déposée auprès de la chambre des députés qui appelait le gouvernement du Luxembourg à rendre les tests rapides-Corona disponibles pour une utilisation à domicile. Cependant la pétition n’a pas obtenu le nombre nécessaire de minimum 4500 soutiens. C’est pourquoi un débat public n’a pas été autorisé et qu’elle n’a pas été publiée sur le site Internet de la Chambre des députés pour récolter des signatures.

Quelle est la qualité des tests proposés ?

C’est une question importante mais la réponse est compliquée. En principe, il faut faire la différence entre deux valeurs qui reflètent différents aspects de la qualité d’un test : la « sensibilité » indique, parmi les personnes infectées, celles dont la charge virale détectée est suffisante.  La « spécificité » indique, parmi le nombre de personnes testées positives, celles qui sont infectées par le SARS-Cov2. De manière générale je pense que si l’on considère la maniabilité et la rapidité des tests antigéniques, les nouveaux produits en particulier offrent une bonne qualité. Parmi les premiers produits autorisés, certains n’étaient pas particulièrement bons. L‘idée était avant tout une mise sur le marché rapide – aux dépens de la qualité. Je suis certain que les tests utilisés actuellement au Luxembourg sont conformes à un standard élevé – et qu’ils ont été conformément vérifiés.

Cependant, la précision des tests rapides antigéniques de manière générale n’est pas comparable à un test PCR – jusqu’ici la méthode de test la plus courante mais qui repose sur une analyse fastidieuse en laboratoire.

Remarque : Sur la page Internet de l’Institut fédéral allemand des produits pharmaceutiques et médicaux, on trouve une liste de tous les tests antigéniques permettant de reconnaître directement l’agent pathogène du SARS-Cov-2, connus par l’Institut.  Elle regroupe (au 16.16.2020) plus de 170 produits dont la plupart provient de Chine. Les valeurs données pour la sensibilité se situent entre 82,5 et 98,5, la spécificité entre 97,0 et 100,0 %. Lien Internet : https://antigentest.bfarm.de/ords/antigen/r/antigentests-auf-sars-cov-2/liste-der-antigentests?session=1889726592659

Que signifient exactement les caractéristiques de la sensibilité et de la spécificité ?

Une grande sensibilité signifie qu’un grand nombre correspondant de personnes infectées sont effectivement détectées avec une charge virale suffisante et qu’il y a peu de faux négatifs. Il y a toutefois deux sortes de « faux-négatifs ». D’une part, lorsqu’un patient est infecté mais que la charge virale n’a pas encore atteint le seuil de détection du test. D’un point de vue clinique, ce test serait un faux-négatif. Là où il n’y a pas assez de virus, le test ne pourra pas le détecter. Ce n’est que lorsque la charge virale atteint le seuil de sensibilité de la méthode de détection que le test peut être positif.  Le test est réellement un faux-négatif si un échantillon comprend suffisamment de virus mais que quelque chose empêche le test de réagir.

C’est très important. Par exemple dans une situation dans laquelle des visiteurs en maison de retraite sont testés, on aimerait bien évidemment pouvoir compter sur une grande sensibilité. Car dans le pire des cas, il suffirait d’une seule personne infectée qui ferait entrer le virus dans une maison de retraite pour déclencher plusieurs maladies.

Pour la spécificité, c’est différent. La question que l’on se pose est la suivante : les personnes testées positives sont-elles toutes réellement positives ? Par exemple : si quelqu’un n’est pas infecté par le SARS-CoV-2 mais par une autre sorte inoffensive de coronavirus, il est possible qu’une réaction croisée survienne. À cause de la similitude des virus, le test réagit même si le virus testé ne contient aucun coronavirus dangereux. Ce serait un faux positif. Un manque de spécificité ne représente en soi aucun problème, par exemple à la porte d’entrée d’une maison de retraite. Car les visiteurs dont le test serait un faux-positif seraient tout simplement renvoyés chez eux. Ils devraient se refaire tester avec un processus PCR plus précis et pourraient – si celui-ci était négatif- revenir le lendemain et entrer dans la maison de retraite. Cela signifie : aux portes d’une maison de retraite ou d’un hôpital, on préfère que les visiteurs soient testés faux-positifs que faux-négatifs. Une sensibilité la plus élevée possible est donc, dans ce cas, plus importante qu’une grande spécificité.

Remarque : Selon le fabricant, le test rapide SARS-COV-2 RAPID ANTIGEN qui sera dans un premier temps utilisé au Luxembourg, possède une spécificité analytique de 99,68 % et une sensibilité de 96,52 %.  Dans une évaluation indépendante du test, la spécificité était de 98,53%.

Cela peut-il être différent dans certaines situations ?

Si vous utilisez un test à faible spécificité dans une situation de faible prévalence, autrement dit si seul un petit pourcentage de la population est infecté, alors la plupart des tests positifs seront des faux positifs. C’est une corrélation statistique difficile à comprendre. Cela est dû au fait que les résultats de tests déclarés faux positifs se rapportent toujours aux cas négatifs.  Car eux-seuls peuvent être des faux-positifs. Plus il y a de « négatifs » dans la population, plus il y a de personnes pouvant potentiellement être testées faussement positives. C’est pourquoi dans une situation avec un faible taux d’infection dans la population, un test à faible spécificité est mauvais car il produit principalement des résultats de faux positifs. La prévalence de la situation est alors sous-estimée. Si vous utilisez le même test dans une situation dans laquelle la plupart des personnes sont positives, alors la faible spécificité ne joue pas un rôle déterminant.

Autre point : la sensibilité et la spécificité sont inversement mis en corrélation. Cela signifie : une très haute sensibilité mène à une spécificité relativement moindre - et inversement. Il est déterminant que les tests aient la bonne sensibilité et la bonne spécificité pour remplir leur objectif. Et dans ce cas, « objectif » signifie la situation épidémiologique du pays et la façon d’utiliser les tests. À cela s’ajoute la question des coûts.

Quelle est l’ordre de grandeur des coûts des tests rapides ?

Reste à voir quel sera le prix exact d’un test rapide. Selon moi, cinq euros par test serait un prix raisonnable. La fondation Bill et Melinda Gates, par exemple, essaie d’atteindre ce prix pour de tels tests dans les pays en voie de développement. Au Luxembourg, ces tests seront sans doute bien plus chers. Toutefois il existe généralement des négociations spéciales consistant à réduire considérablement les prix lors de grosses commandes. De plus, cela dépend à quelles fins les tests sont utilisés. S’ils doivent donner un aperçu général de la situation de la pandémie, il n’est pas nécessaire qu’ils soient aussi sensibles que si le but est d’éloigner les personnes infectées des hôpitaux, des maisons de retraite ou de repos.  En règle générale : les tests de grande qualité sont plus chers que les autres.

Concernant la sensibilité et la spécificité des tests, le fabricant fournit des données précises. Ces données sont-elles vérifiées de façon indépendante ?

Avant que de tels tests soient conseillés par les autorités nationales, ils sont eux-mêmes testés. Cela peut avoir lieu dans le pays ou dans des laboratoires reconnus au sein de l’Union Européenne. Ce sont les autorités compétentes pour les médicaments qui en sont responsables. 

Comment mesurer les valeurs des signes de qualité ?

Ce n’est pas banal. La détermination des signes de qualité dépend des échantillons utilisés. Ainsi, des échantillons positifs au test PCR mais ne contenant qu’une faible charge virale, donneront une plus mauvaise sensibilité à un test rapide antigénique que des échantillons contenant une charge virale élevée. Le choix des échantillons joue donc un grand rôle dans la détermination de la sensibilité. Ce sont des questions traitées par les autorités compétentes et qui doivent faire l‘objet de discussions avec les sociétés de fabrication.

Est-il actuellement possible de détecter des personnes contagieuses à l’aide des tests rapides antigéniques ?

Oui. Idéalement, il faudrait que la sensibilité des tests permette de détecter uniquement les patients positifs contagieux. Pour les personnes qui viennent tout juste de s’infecter ou chez qui l’infection a déjà en grande partie disparu, un faux-négatif ne serait pas problématique. Un test rapide antigénique qui aurait la sensibilité « adéquate » peut donc être un véritable atout à l’endiguement de la pandémie. Il n’est pas uniquement plus rapide qu’un test PCR conventionnel. La sensibilité d’un test rapide est, avec certitude, plus faible que celle d’un test PCR. Si une personne est donc positive avec un test PCR et négative avec un test rapide antigénique, ce résultat sera tout à fait acceptable, dans la mesure où la personne n’est plus contagieuse.  

Les tests rapides antigéniques peuvent-ils remplacer les tests PCR désormais établis ?

À cause de la différence de sensibilité de détection, les tests rapides antigéniques ne peuvent pas remplacer les tests PCR.  Ils sont toutefois un complément utile si le résultat du test doit être donné rapidement.  Afin de confirmer la détection d’une infection, le résultat positif d’un test rapide devra être confirmé par un test PCR.

Le virologue allemand Christian Drosten de l’hôpital de la Charité de Berlin a proposé dans un   article, de se concentrer principalement, durant la deuxième vague actuelle de la pandémie, à identifier les personnes infectées et particulièrement contagieuses et de les isoler. Partagez-vous son avis ?

Oui, cela est tout à fait censé. Et pour ce faire, les tests antigéniques peuvent être d’une grande aide - par exemple lorsqu’il s’agit d’éliminer les risques liés à ceux que l’on appelle les « Superspreader » : des personnes qui, dans certaines situations comme lors de réunions privées, contaminent un grand nombre d’autres personnes. On pourrait, comme le propose également Christian Drosten, demander préventivement à la personne potentiellement concernée de renoncer d’abord à tout contact et après quelques jours, vérifier avec un test antigénique si cette personne est (encore) contagieuse.

La sphère privée est donc une source d‘infection importante ? Que pourrait-on encore faire de plus pour réduire le risque ?

Selon les autorités sanitaires luxembourgeoises, la plupart des infections apparaissent dans la sphère privée. Mais c’est justement là qu’il y a un manque d’instructions et de concepts pour nous protéger efficacement à la maison. Ma proposition consiste à proposer aux personnes ne pouvant pas s’isoler suffisamment chez eux de les isoler à l’hôtel. De plus, si quelqu’un est infecté et que cette personne habite avec des personnes particulièrement vulnérables, il faudrait offrir la possibilité à ces personnes de se protéger, pour un certain temps, à l’hôtel, dans un concept d’« isolement inversé ». Dans ce cas, les tests rapides seraient également utiles pour déterminer à quel moment un isolement n’est plus utile.

Merci beaucoup pour cette interview, Monsieur Muller.

Auteur : Ralf Butscher (Science Relations)
Editeurs : Jean-Paul Bertemes (FNR), Michèle Weber (FNR)

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Tests rapides antigéniques

La deuxième vague de la pandémie du Coronavirus SARS-CoV-2 déferle sur le Luxembourg et sur presque toute l’Europe. Le nombre des personnes infectées augmente rapidement et les laboratoires de tests sont sacrément sous pression.  Ils arrivent tout juste à analyser les échantillons des personnes suspectées d’être infectées. Voilà pourquoi une nouvelle sorte de tests devrait remédier à cette situation. Au Luxembourg, tout comme dans de nombreux autres pays, de nouveau tests rapides antigéniques sont autorisés, en plus des tests PCR couramment utilisés jusqu’à présent, afin de détecter une éventuelle infection au SARS-CoV-2. Contrairement aux tests PCR qui recherchent le matériel génétique des virus dans l’échantillon de salive, ces tests répondent à une protéine caractéristique qui se trouve dans l’enveloppe du virus.

Il est vrai que ces tests rapides antigéniques ont plusieurs inconvénients : il ne réagissent pas uniquement au SARS-CoV-2 mais aussi à d’autres sortes inoffensives de Coronavirus. Ils sont aussi moins fiables que les tests PCR utilisés jusqu’à présent de manière standard. Il a toutefois deux grands avantages : la rapidité et la facilité. En effet, le résultat d’un tests rapide antigénique est disponible après 10 à 30 minutes et l’examen de l’échantillon ne nécessite pas une analyse compliquée en laboratoire.

Le nombre des produits testés proposés croît rapidement, comme le montre par exemple une liste publiée en novembre par l’agence allemande des médicaments et des dispositifs médicaux. Cette liste, constamment actualisée, comprend tous les tests rapides antigéniques connus par l’agence. À la mi-novembre cette liste comptait plus de 170 articles. Quelques jours plus tôt, elle comprenait environ 100 produits testés.

Leur qualité peut être mesurée par deux grandeurs statistiques : la sensibilité et la spécificité. La sensibilité indique quelle part des personnes infectées, parmi les personnes testées, sont effectivement prouvées comme telles. La spécificité, en revanche, indique le pourcentage des personnes saines, reconnues comme étant saines. Les valeurs de ces deux grandeurs données par les fabricants se situe entre 84,0 et 98,75 % pour la sensibilité et entre 96,70 et 100% pour la spécificité. Seuls 34 des produits compris dans la liste de l’agence allemande des médicaments possèdent, selon le fabricant, une spécificité de 100 %, malgré une certaine incertitude statistique.

Parmi eux on retrouve le test „Sofia 2 SARS Antigen FIA“, de l’entreprise californienne Quidel. C’était le premier test rapide antigénique autorisé sur le marché. Au moment de son homologation par l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA), Quirel a indiqué, en plus d’une spécificité de 100%, une sensibilité de 80 %.  Entre-temps, le produit a manifestement continué à être développé et amélioré : il affiche désormais une sensibilité de 96,70 %.  Le test du fabricant chinois JOYSBIO de Tianjin, le « SARS Covid-2 Antigen Rapid Test Kit (Colloidal Gold) », est encore plus performant en matière de sensibilité avec 98,72 %. La plus faible sensibilité apparait dans un produit américain : « Veritor System for Rapid Detection of SARS CoV-2 » de l’entreprise Becton Dickinson and Company de Sparks, dans l’état du Maryland. La plus faible spécificité apparait dans le test « bink COVID-19 Antigen Rapid Test » de Hangzhou Alltest BioTech de Hangzhou, en Chine.

Le niveau de qualité de la plupart des produits testés sur le marché sont bons et dépassent les valeurs qualitatives souhaitées par les experts – au minimum 90 % de sensibilité et 99 % de spécificité. Ils restent tout de même derrière les tests PCR, en terme de fiabilité du bilan infectieux dont les deux valeurs dépassent souvent les 99 %.

La plupart des tests rapides antigéniques sont basés sur l’analyse de frottis du nez ou de la gorge. Il existe toutefois aussi d’autres produits. Ainsi, l‘entreprise SchBo Biotec, située à Gießen (Hesse), propose depuis peu un test qui permet, en plus de l’analyse des frottis, des analyses de sang.  Selon le fabricant, ces analyses apportent une plus grande précision concernant la maladie : en effet, un échantillon positif du sérum sanguin montre clairement que le virus est entré dans l’organisme alors qu’un résultat positif de test à frottis (nez ou gorge) ne fait que détecter des traces de Coronavirus dans les muqueuses. La sensibilité et la spécificité sont comparables aux valeurs des autres tests rapides antigéniques avec 96,77 et 98.94 %. Toutefois, le test rapide antigénique par frottis offre un résultat immédiat sur simple observation de la coloration de la languette test, alors que le test de SchBo Biotech utilise un effet fluorescent et n’est visible qu’à l’aide d’une lumière à ultra-violet.

Lien Internet vers la liste des tests rapides antigéniques sur la Homepage de l’agence allemande des médicaments :
https://antigentest.bfarm.de/ords/antigen/r/antigentests-auf-sars-cov-2/liste-der-antigentests?session=1889726592659

 

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