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Environ 120 personnes meurent chaque année au Luxembourg à cause d’un cancer colorectal. Des chercheurs et des médecins ont identifié 2 protéines prometteuses pour un test de diagnostic précoce.
Un des obstacles majeurs dans la lutte contre le cancer colorectal est le fait qu'il est souvent dépisté tard, une fois que les symptômes ont commencé à apparaître. Les tests de dépistage précoce actuels analysent des échantillons de selles pour la présence de traces de sang. Toutefois, ces tests ne sont pas très spécifiques et doivent être suivis par des colonoscopies, qui cherchent à détecter d’éventuels polypes.
Des chercheurs de l’Université du Luxembourg ont identifié 2 protéines, moins présent dans un tissu colorectal cancéreux que dans du tissu colorectal sain. Cela veut dire qu’un test qui mesure la quantité de ces deux protéines pourrait être utilisé pour le diagnostic du cancer colorectal.
Distinguer de manière fiable les tissus sains des tissus cancéreux
Pour vraiment améliorer le dépistage précoce, les médecins ont besoin de biomarqueurs de diagnostic efficaces, c’est à dire des molécules qui peuvent être utilisées pour distinguer de manière fiable les tissus sains des tissus cancéreux.
Les chercheurs se sont concentrés sur les protéines appelées SOCS. Ces dernières sont impliquées dans la régulation de l'inflammation, un processus qui a aussi été lié au développement de tumeurs.
En outre, les chercheurs ont trouvé un lien entre la quantité de SOCS2 dans le cancer colorectal à un stade précoce et le pronostic de ces patients : chez les patients avec des quantités de SOCS2 réduites, le cancer revient plus tôt après le traitement que pour les patients avec des quantités de SOCS2 plus élevés.
Collaboration entre patients, chirurgiens, la biobanque et les scientifiques
Il s'agit d'une première étape très prometteuse, qui pourrait mener au développement d'un nouveau test de diagnostic précoce. Pour cela, les résultats doivent désormais être validés auprès d’un plus grand nombre de patients et, si possible, reproduits avec des échantillons biologiques qui sont plus faciles à obtenir tels que le sang ou les selles.
Pour cette première étude, qui était financée par la Fondation Cancer, 75 patients ont volontairement donné une partie de leur tumeur pour la recherche. Ces échantillons de tumeurs ont été collectés par des chirurgiens dans les hôpitaux luxembourgeois, principalement au Centre Hospitalier de Luxembourg (CHL) et au Centre Hospitalier Emile Mayrisch (CHEM).
Ensuite, les échantillons étaient traités par les pathologistes de l’IBBL (Integrated BioBank of Luxembourg), qui ont également effectué le diagnostic. Finalement, les échantillons ont été utilisés pour des expériences par les chercheurs de l’équipe du Prof. Serge Haan de l’Université du Luxembourg.
Pourquoi la quantité des protéines SOCS est réduite dans le tissu cancéreux ?
En Juillet 2014, les chercheurs de l'Université du Luxembourg, du département clinique d’IBBL, du Laboratoire National de la Santé et du CRP - Santé ont publié leurs résultats dans la revue spécialisée British Journal of Cancer.
Les chercheurs ont également tenté de déterminer pourquoi la quantité de ces protéines est réduite dans le tissu cancéreux. Ils ont découvert que, dans environ 25% des tissus cancéreux, l'activation du gène SOCS2 était bloquée. Par conséquent, le gène n'a pas pu être activé de manière efficace, et une quantité normale de la protéine correspondante, SOCS2, n'a pas pu être produite.
Des patients atteints d’un cancer colorectal peuvent participer à un nouveau projet
Les hôpitaux luxembourgeois continuent à recruter des patients atteints d’un cancer colorectal pour cette étude, afin que les chercheurs puissent approfondir leurs analyses. Néanmoins, une chose est déjà certaine: la collaboration a été la clé de cette réussite.
Prof Haan, le chercheur responsable de l'étude, ajoute: «Cet effort commun de tous les partenaires n'était qu'une première étape qui nous a permis d'établir une coopération efficace et fructueuse dans la recherche sur le cancer du côlon, ici au Luxembourg. Cette collaboration a déjà mené au lancement d'un nouveau projet sur le cancer du côlon, peut-être même plus prometteur".
Auteur: IBBL (Integrated BioBank of Luxembourg)
Photo © IBBL
Infobox
Les protéines sont des substances dont toutes les cellules et organismes vivants sont construites et qui exécutent presque toutes les fonctions importantes dans la cellule ou l’organisme. Les gènes dans l’ADN (le matériel héréditaire) contiennent le plan de construction des protéines.
Un polype désigne une tumeur bénigne ou maligne dans le côlon.
Un biomarqueur est un gène, une protéine ou d’autres substances biologiques qui peuvent servir à l’identification d’un processus physique ou une maladie particulière.
Le pathologiste est un médecin spécialiste qui est responsable de l’analyse d’échantillons de tissus ou cellules à des fins de diagnostic. Un médecin ou chirurgien retire des échantillons de tissus provenant de patients et le pathologiste traite ensuite les échantillons et les examine à l’aide d’un microscope. Le pathologiste fournit des informations sur la nature et la gravité de la maladie en question.
E Letellier, M Schmitz, K Baig, N Beaume, C Schwartz, S Frasquilho, L Antunes, N Marcon, P V Nazarov, L Vallar, J Even, S Haan (2014) Identification of SOCS2 and SOCS6 as biomarkers in human colorectal cancer. British Journal of Cancer, Volume 111, Issue 4, Page 726-735 http://www.nature.com/bjc/journal/v111/n4/full/bjc2014377a.html.