FNR, Steve Gerges
Auteur : Kai Dürfeld (pour scienceRELATIONS - Communication scientifique), coauteur : Jean-Paul Bertemes (FNR)
Traduction: Nadia Taouil (t9n)
Pour tourner la page de la pandémie, il faut avant tout une chose : plus de protection contre les formes graves. En effet, en limitant le nombre de personnes admises simultanément à l’hôpital ou en soins intensifs, nous évitons de surcharger nos systèmes de santé. Et à partir de ce moment-là, nous pouvons aussi assouplir les mesures de sécurité.
Jusqu’à présent, ce sont surtout les vaccins qui devaient permettre une sortie de la pandémie, car ils réduisent le risque de développer des formes graves et mortelles de la maladie. Mais entre-temps, de plus en plus de médicaments sont disponibles pour lutter contre la pandémie. Notre experte, le Dr Anna Chioti, directrice de la division de la pharmacie et des médicaments au ministère de la Santé, résume la principale différence avec les vaccins comme suit :
Les vaccins préviennent les infections. Les médicaments les soignent. En d’autres termes, les vaccins sont généralement administrés à des personnes en bonne santé. Ils visent à prévenir la maladie dans la mesure du possible. En revanche, les médicaments thérapeutiques sont administrés lorsqu'une maladie s'est déjà déclarée. Ils doivent contrecarrer les symptômes et la maladie elle-même.
Dr. Anna Chioti
Jusqu’à présent, toute une série de médicaments et de traitements sont déjà utilisés. Nombre d’entre eux sont employés notamment lorsque les patients sont admis à l'hôpital ou en soins intensifs. Mais à ce jour, aucun médicament déterminé n’a permis d’empêcher de manière fiable les formes graves de la maladie. Le rêve de disposer d’un médicament qui changerait la donne et permettrait à lui seul de mettre fin à la pandémie ne se réalisera probablement pas. En ce qui concerne le potentiel des médicaments à changer la donne, Anna Chioti affirme :
La sortie de la pandémie dépend de facteurs très divers. Les médicaments en en sont un. Ils peuvent certainement y contribuer, mais ils ne sont pas la panacée.
Dr. Anna Chioti
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Toutes les infections au SARS-CoV-2 ne provoquent pas de symptômes graves chez les personnes concernées. Les formes bénignes, voire asymptotiques, ne sont pas rares, surtout chez les personnes contaminées qui sont en bonne santé par ailleurs. Mais quelque 14 % des personnes infectées (non encore immunisées) présentent une forme grave, doivent être hospitalisées et reçoivent de l’oxygène. Près de 5 % des personnes atteintes développent une forme engageant leur pronostic vital. Elles sont admises en soins intensifs, sont placées sous respiration artificielle et peuvent aussi mourir de la COVID-19. Le risque de développer toutes ces complications dépend d'une part des maladies préexistantes. Mais l'âge joue également un rôle. Et, bien entendu, le statut vaccinal. Les personnes au schéma vaccinal complet ont de fortes chances d’échapper à une forme grave. Même les personnes déjà guéries bénéficient par la suite d’une bonne protection contre les formes graves. L’immunité croissante au sein de la population réduit la probabilité de formes graves et donc la pression sur la santé publique. Mais l'homme n'est pas le seul à influer sur l'évolution de la maladie. Le virus lui aussi joue un rôle à cet égard. Omicron, le variant qui domine actuellement, semble être un peu moins virulent. Selon les premières études non encore validées par des pairs, Omicron entraîne aussi des formes moins graves chez les personnes non vaccinées. C'est ce que l'on observe également en examinant le nombre d'hospitalisations au Luxembourg. Bien que le Luxembourg enregistre actuellement un nombre de nouveaux cas sans précédent depuis le début de la pandémie, les unités de soins intensifs ne sont pas surchargées. L’effet est renforcé par le fait qu’Omicron rencontre davantage de personnes immunisées que le variant Delta, ce qui contribue justement à réduire le nombre de formes graves.
Que peuvent faire les médecins pour améliorer le pronostic des patients à risque présentant une infection au SARS-CoV-2 ? Quels sont les médicaments et les traitements à leur disposition ? Comment agissent-ils ? À quel stade de la maladie sont-ils utiles ? Et quels médicaments sont sur le point d’être autorisés ? Nous avons fait des recherches et résumé les principaux constats.
En bref : quels sont les médicaments anti-COVID-19 disponibles ?
Résumé
- Il n’existe pas un seul médicament ou traitement anti-COVID-19, mais chaque phase de la maladie requiert une approche différente.
- Les médicaments et les vaccins sont complémentaires. Si la protection vaccinale échoue et qu’il existe un risque individuel de présenter une forme grave, les médicaments peuvent s'avérer utiles.
- Des médicaments et traitements sont déjà en cours de développement depuis le début de la pandémie et les premiers produits ont désormais été autorisés.
- Administrés à temps, certains antiviraux peuvent réduire la probabilité d’une hospitalisation ou le risque d’une forme grave chez les patients à haut risque.
- Le médicament Paxlovid, qui sera bientôt disponible au Luxembourg, suscite de grands espoirs. Dans les études cliniques, il affiche une bonne protection contre les formes graves.
- Les médicaments à visée cardiovasculaire, les anti-inflammatoires et les médicaments à visée pulmonaire peuvent contribuer à réduire les dommages causés par le virus et à maîtriser les réactions immunitaires excessives.
- Certains médicaments prometteurs se sont toutefois révélés être une fausse piste.
Où en sont actuellement les médicaments et les traitements anti-COVID-19 ?
Actuellement, les médicaments ou traitements anti-COVID-19 font l’objet de plus de 600 projets de recherche. D’une part, il s’agit de nouveaux produits et d’autre part, les chercheurs testent aussi l’effet de médicaments existants sur la maladie de COVID-19. Jusqu’à présent, seule une poignée de substances actives ont obtenu une autorisation de mise sur le marché dans l'Union européenne. Outre les antiviraux Regdanvimab (autorisé le 12/11/2021) et l’association Casirivimab et Imdevimab (autorisée le 12/11/2021), il y a aussi l'anti-inflammatoire Dexaméthasone. L’antiviral Paxlovid a obtenu une autorisation d’urgence aux États-Unis le 23 décembre 2021, et depuis le 29 janvier, il a également été approuvé par la Commission européenne dans toute l'UE.
Le saviez-vous ? En règle générale, il faut dix ans ou plus pour développer un nouveau médicament et obtenir une autorisation de mise sur le marché. Comme pour les vaccins, la mise au point de médicaments anti-COVID-19 a battu tous les records. Ici aussi, l’urgence de la situation, les moyens mis à la disposition et le traitement rapide des procédures d’autorisation ont permis cette avancée.
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Tant les vaccins que les médicaments appartiennent à l’arsenal thérapeutique. Ils sont destinés à prévenir ou guérir des maladies et à orienter des fonctions spécifiques du corps dans la direction souhaitée ou sont nécessaires comme moyens de diagnostic.
Lorsque nous parlons de vaccination, nous faisons presque toujours référence à l’immunisation active. Lors de ce procédé, des agents pathogènes vivants, atténués ou inactivés, des parties ou des codes de synthèse de ces agents pathogènes ou certaines toxines sont présentés au système immunitaire, selon le type de vaccin. Nos défenses s'activent. L’organisme produit des anticorps. Les lymphocytes T sont activés. Les « cibles d’entraînement » introduites sont combattues. Et une mémoire immunitaire se développe. Les vaccins actifs entraînent donc notre corps pour qu’il puisse réagir en cas de besoin, sans le rendre réellement malade. Mais, ils sont généralement inutiles pour lutter contre une infection en cours.
C’est ici qu'intervient l'immunisation passive. Elle a lieu lorsqu’un agent pathogène a déjà pénétré dans l’organisme. On procède à ce type d'immunisation en cas de suspicion de rage, par exemple. En effet, une infection par cet agent pathogène est presque toujours mortelle et il n'existe pas de remède. Le système immunitaire ne peut donc pas produire assez rapidement des anticorps par lui-même. C'est pourquoi de grandes quantités d'anticorps sont injectées en cas de suspicion. Ils peuvent provenir du sang d'êtres humains ou d'animaux, ou être fabriqués en laboratoire. Même s’il s’agit d’une « vaccination passive », cette mesure d’urgence se relève déjà du domaine des médicaments.
En règle générale, on parle de médicaments lorsqu’on agit directement contre l'agent pathogène. Ils l'empêchent par exemple de pénétrer dans les cellules du corps, interviennent dans son processus de reproduction ou le détruisent. Certains médicaments sont censés influencer les processus de l’organisme, par exemple en régulant le système immunitaire et en atténuant les inflammations. D'autres visent à favoriser la régénération et à veiller, par exemple, à ce qu'il se forme davantage de tissus fonctionnels et moins de tissus cicatrisés.
En général, on distingue les médicaments qui combattent le virus en tant que tel et ceux qui atténuent les dommages causés par le virus. Vous trouverez de plus amples informations dans le dernier chapitre de l'article.
Quels médicaments et traitements sont actuellement utilisés pour le traitement ?
Le type et surtout le nombre de médicaments et de traitements utilisés dépendent de la phase et de la gravité de la maladie de COVID-19.
Dans le cas d’une forme légère, les symptômes sont généralement combattus – et ce, la plupart du temps à la maison. Il existe des antipyrétiques contre la fièvre, des inhalations contre les picotements dans la gorge et le pharynx et des analgésiques contre les maux de tête.
Chez les patients présentant un risque accru de développer une forme grave, les médicaments virostatiques peuvent être utiles pendant la phase précoce de la maladie. Ces médicaments inhibent la multiplication virale et peuvent ainsi réduire le risque d’une forme grave. Citons dans ce contexte le Molnupiravir, disponible au Luxembourg depuis le 14 janvier, et le Paxlovid, autorisé depuis le 29 janvier. Les deux médicaments doivent être pris dans les cinq jours suivant l'apparition des premiers symptômes.
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Le médicament Molnupiravir n'est pas encore autorisé dans l'UE. Le 19 novembre, le comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l’EMA a toutefois émis une recommandation concernant l'utilisation du Molnupiravir pour le traitement de la COVID-19. Compte tenu de l’augmentation du nombre de cas d’infection et de décès dus à la COVID-19 dans l’UE, l’objectif est d’aider les autorités nationales à prendre une décision quant à une éventuelle utilisation précoce du médicament avant l'autorisation de mise sur le marché. Par exemple, dans les situations d'urgence. Après que le ministère de la Santé a accordé une autorisation temporaire d’utilisation, le Molnupiravir est disponible au Luxembourg depuis le 14 janvier.
En cas de forme grave de la maladie, une hospitalisation est incontournable. C’est justement au début de la maladie que les antiviraux peuvent s'avérer bénéfiques. Dans ce contexte, on utilise des préparations à base d’anticorps, par exemple l’association Casirivimab et Imdevimab, qui est autorisée dans l’UE depuis le 12 novembre 2021. Le médicament à base d'anticorps Regdanvimab, qui a été autorisé le même jour, entre également dans cette catégorie. Les médicaments sont injectés ou administrés par perfusion.
Il existe toutefois quelques critères à respecter. Ainsi, les patients ne doivent pas encore avoir produit d'anticorps, par exemple à la suite d'un schéma vaccinal complet. En outre, la maladie ne doit pas être grave au point de nécessiter l'administration d'oxygène. Le traitement doit par ailleurs être administré assez rapidement. Il ne faut pas attendre plus d’une semaine après l’apparition des premiers symptômes.
En effet, dans ce cas, ce ne sont généralement plus les virus qui posent problème, mais les réponses immunitaires excessives. Des anti-inflammatoires sont utilisés pour contrecarrer ce phénomène. Il s’agit d’une part du médicament à base de cortisone Dexaméthasone, qui est autorisé pour traiter les patients nécessitant une assistance respiratoire. D’autre part, des médicaments tels que le Baricitinib ou le Tofacitinib, qui ne sont pas encore autorisés pour traiter la COVID-19, peuvent être utilisés hors autorisation de mise sur le marché (voir infobox).
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Les médecins peuvent en principe décider librement du traitement qu'ils estiment approprié pour leur patient et le lui recommander. Dans le cadre de cette liberté thérapeutique, ils peuvent également envisager d’utiliser un médicament pour un traitement qui ne correspond pas à l’indication pour laquelle il a reçu l’autorisation de mise sur le marché – utilisation hors AMM en bref. Cela signifie qu’ils prescrivent un médicament qui a en fait été autorisé pour traiter une autre maladie. Ils ne le font bien sûr que s’il existe des preuves scientifiques solides que ce médicament pourrait effectivement aider leur patient. Dans le cas de la COVID-19, certains médicaments peuvent être envisagés pour un tel usage.
Quelle est l’efficacité de ces médicaments et traitements ?
Il existe déjà des résultats d’études sur les médicaments et les traitements mentionnés plus haut. Ils sont brièvement exposés ici.
Médicaments virostatiques
Dans un rapport intermédiaire de l’étude de phase III, le Molnupiravir a permis de réduire de moitié, soit de 50 %, la probabilité d’hospitalisation pour les formes légères à modérées de la maladie de COVID-19. La probabilité de décéder à la suite de l’infection a également diminué de 50 % par rapport au groupe de contrôle. Des résultats actualisés sont toutefois désormais disponibles. La réduction du nombre de formes graves est passée de 50 à 30 %.
Dans le rapport intermédiaire, 385 personnes ont reçu le médicament et 377 ont obtenu un placebo. Alors que dans le groupe médicament, 28 patients (7,3 %) ont été hospitalisés en 29 jours et qu’aucun n’est décédé, ce chiffre était de 53 patients (14,1 %) et huit décès dans le groupe placebo. Aucune personne vaccinée n’a participé à l’étude sur laquelle se fondent les recommandations de l’EMA de novembre 2021 mentionnées plus haut.
Les résultats actualisés se basent désormais sur 1 408 participants et montrent que le Molnupiravir a réduit le risque d’hospitalisation ou de décès chez les patients atteints de COVID-19 présentant un risque plus élevé de maladie grave de 9,7 % dans le groupe placebo à 6,8 % dans le groupe médicament. Par conséquent, la réduction du nombre de formes graves annoncée par l’entreprise est passée de 50 à 30 %. L'EMA évaluera ces données dans le cadre d'une demande d'autorisation plus large.
Le groupe pharmaceutique Pfizer a présenté les données d'une étude randomisée de phase II / III en double aveugle de son médicament Paxlovid. Celui-ci a été administré aux patients à haut risque dans les trois, respectivement cinq premiers jours après l’apparition de symptômes typiques de la COVID-19, et a permis de réduire les hospitalisations respectivement de 89 et 88 %.
Sur les 389 participants du groupe médicament, 3 ont été hospitalisés au cours de la période d'observation de 28 jours (0,8 %). Personne n'est décédé dans ce groupe. Sur les 385 participants du groupe placebo, 27 ont été hospitalisés (7 %). Il y a eu 7 décès. Les chiffres étaient similaires lorsque le médicament était administré 5 jours après les premiers symptômes de la maladie.
L'EMA a évalué ces données pour l'autorisation de mise sur le marché. Dans ce cadre, l’autorité conclut que le traitement par Paxlovid réduit de manière significative le nombre d’hospitalisations ou de décès chez les patients souffrant d’au moins une maladie sous-jacente susceptible de provoquer une forme grave de la COVID-19. L’analyse a été réalisée chez des patients traités par Paxlovid ou par placebo dans les cinq jours suivant l’apparition de symptômes de COVID-19 et qui n’ont pas reçu de traitement par anticorps ou chez qui un tel traitement n’était pas indiqué.
Sur 1 039 participants du groupe médicament, huit ont été hospitalisés au cours de la période de suivi de 28 jours (0,8 %). Aucun participant de ce groupe n'est décédé. Sur les 1 046 participants du groupe placebo, 66 ont été hospitalisés (6,3 %). Ici, 12 décès ont été enregistrés. Les chiffres étaient similaires lorsque le médicament a été administré cinq jours après l’apparition des premiers symptômes de la maladie, ce qui vient confirmer les résultats de l'étude intermédiaire. L’efficacité contre les formes graves ou les cas mortels est d’environ 88 % par rapport au groupe placebo.
Anticorps
L’efficacité de l’association des deux médicaments Casirivimab et Imdevimab a été testée dans une étude de phase III en double aveugle avec différentes doses élevées. Au total, 4 567 personnes ont participé à l'étude. Chacune d’entre elles présentait au moins un facteur de risque de forme grave. Chacune avait développé des symptômes légers à modérés de COVID-19 depuis environ trois jours et aucune d'entre elles n'avait encore été hospitalisée. Par rapport au groupe placebo, le traitement a réduit d’environ 70 % le risque d'hospitalisation ou de décès à la suite d'une infection.
Dans cette étude, dont les résultats ont servi de base à l’Agence européenne des médicaments (EMA) pour prendre sa décision concernant l’autorisation de mise sur le marché, le Regdanvimab a permis de réduire la probabilité d’une hospitalisation, d’une oxygénothérapie et d’une issue fatale à la suite d'une infection au coronavirus. Sur les 446 patients à risque traités, 14 (3,1 %) ont été hospitalisés dans les 28 jours suivant le traitement, ont eu besoin d'oxygène ou sont décédés. Sur les 434 patients du groupe placebo, c'était le cas de 48 personnes (11,1 %).
Anti-inflammatoires
Chez les patients présentant une forme grave de la maladie qui ont besoin d’un apport d’oxygène ou sont placés sous respiration artificielle, le risque de décès est proportionnellement élevé. Selon une étude, ce risque a pu être réduit grâce à l’administration de l’anti-inflammatoire Dexaméthasone. L’étude a comparé 2 104 patients qui ont reçu de la Dexaméthasone à 4 321 patients ayant suivi un autre traitement habituel. Alors que le risque de décès a diminué de 29 % chez les patients traités par Dexaméthasone et placés sous respiration artificielle, il a diminué de 21,5 % chez ceux qui étaient sous oxygène sans respiration artificielle.
La substance active Baricitinib a été testée en partie avec l’antiviral Remdesivir pour déterminer son efficacité pour traiter la COVID-19. Il s’est avéré que c’est surtout l’association des deux substances actives qui raccourcit la durée de la maladie. Ainsi, dans une étude, la durée de la maladie a baissé de huit à sept jours chez les patients qui n’ont pas eu besoin d’apport d'oxygène et de 18 à 10 jours chez ceux qui en ont eu besoin. Le taux de mortalité à 28 jours est passé de 7,8 à 5,1 %. Une étude plus récente a évalué la substance active entre juin 2020 et janvier 2021 chez un total de 1 518 participants. Ici, le taux de mortalité à 28 jours était de 8 % dans le groupe médicament et de 13 % dans le groupe placebo.
Des chercheurs ont testé la substance active Tofacitinib au Brésil dans le cadre d’une étude contrôlée par placebo menée chez 289 patients. Le taux de mortalité à 28 jours était de 2,8 % dans le groupe médicament et de 5,5 % dans le groupe placebo. Toutefois, les événements indésirables graves ont été plus nombreux dans le groupe médicament (14,1 %) que dans le groupe placebo (12 %). Dans le groupe médicament, on a recensé entre autres une obstruction des veines (thrombose veineuse), une crise cardiaque (infarctus du myocarde) et une inflammation du muscle cardiaque (myocardite). Dans le groupe placebo, un accident vasculaire cérébral hémorragique et un choc cardiogénique ont notamment été observés.
Quels médicaments et traitements se sont avérés être une fausse piste?
La chloroquine et l'hydroxychloroquine : En mai 2020, l’hydroxychloroquine, un antipaludique, a défrayé la chronique lorsque l’ancien président américain Donald Trump s’est fait administrer ce médicament en guise de traitement prophylactique contre la COVID-19. Peu de temps auparavant, l’Agence américaine des médicaments (FDA) avait mis en garde contre l’utilisation de ce médicament en dehors de son autorisation de mise sur le marché en argumentant qu’il « n’est pas approuvé par la FDA pour la prévention, le diagnostic, le traitement, l'atténuation ou la guérison de la COVID-19. »Des doutes sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine et de sa cousine, la chloroquine, contre la COVID-19 existaient déjà à l'époque. Ils ont été confirmés entre-temps par plusieurs études. Lors de l’évaluation de 28 études menées dans plusieurs pays, l’Hôpital universitaire de Bâle, par exemple, a conclu que l’hydroxychloroquine ne réduisait ni la mortalité ni la probabilité de devoir recourir à la respiration artificielle. De plus, les effets secondaires, même s'ils sont plutôt légers, sont plus fréquents qu'avec les placebos.
Ivermectine : Un médicament généralement utilisé pour lutter contre les parasites chez l’être humain et les animaux a également été envisagé pour traiter la COVID-19. En laboratoire, il a permis de détruire les virus du SARS-CoV-2 dans des cultures cellulaires rapidement et avec succès. Les scientifiques ont donc conseillé de réaliser des recherches supplémentaires sur ce médicament. L’opposition de la communauté scientifique s’est rapidement fait ressentir. En effet, la dose administrée était si élevée qu'elle dépassait presque neuf fois la dose autorisée. Malgré des recherches intensives, l’Ivermectine semble être une impasse dans le traitement anti-COVID-19. En février 2021, le fabricant Merck a déclaré qu’il n’existait aucune preuve de l’efficacité du médicament contre la COViD-19. Une évaluation d’études variées est parvenue à la même conclusion à la mi-2021.
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Même si les scientifiques publient les résultats de leurs recherches avec toutes les précautions nécessaires, certaines nouvelles ont une véritable force explosive. En période de pandémie, c'est surtout le cas des nouvelles sur les vaccins et les médicaments. Même des formulations prudentes peuvent rapidement susciter de grandes attentes. À partir de messages comme « nous recommandons d’envisager de mener des études plus approfondies sur la substance active », on voit rapidement apparaître des titres de type « Virus détruit en 48 heures : un antiparasitaire éveille des espoirs dans la lutte contre le coronavirus » ou « Cette substance constitue-t-elle une percée dans la lutte contre le coronavirus ? » Avec des conséquences parfois fatales, comme le montre la ruée vers l’Ivermectine en Amérique du Sud. Par peur de la COVID-19, les habitants de cette région se sont tournés vers les antiparasitaires destinés à leurs animaux. Cela n’a pas engendré l’atténuation espérée, mais a entraîné des effets secondaires désagréables.
Quelle est l’approche générale des chercheurs en ce qui concerne leurs médicaments et traitements ?
Le type de médicaments qui peuvent s’avérer utiles dans le traitement de la COVID-19 dépend surtout du stade de la maladie.
Médicaments et traitements antiviraux qui combattent le virus lui-même
Tant que le virus est encore occupé à pénétrer dans l’organisme, à envahir les cellules et à s’y multiplier, on fait essentiellement appel à des antiviraux. Ils ont pour cible le virus lui-même. Certains visent à intercepter l’agent pathogène au point d’entrée. D’autres sont censés l’empêcher d’assaillir les cellules du corps. D’autres encore interviennent au niveau de la multiplication virale. Et enfin, les médicaments qui renforcent les défenses de l'organisme contre le virus entrent aussi dans cette catégorie. Actuellement, quelque 265 projets portent sur des médicaments et des traitements antiviraux.
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Les voies respiratoires supérieures sont la porte d’entrée du virus et constituent donc la première ligne de défense. En effet, si l’on pouvait trouver une substance active qui neutraliserait les virus à la porte d’entrée de notre organisme, il serait possible de prévenir efficacement l'infection. En effet, plusieurs équipes dans le monde travaillent sur de telles substances actives à vaporiser dans le nez, à inhaler ou à sucer.
Une fois que le virus s’est immiscé plus profondément dans le corps, tout n'est pas perdu. Car pour se reproduire, il doit pénétrer dans nos cellules. Des médicaments spéciaux visent à empêcher ce procédé. Les anticorps sont souvent le moyen de choix dans ce cas. Mais contrairement à ce qui se passe lors de la vaccination, ils ne sont pas fabriqués dans le corps, mais en laboratoire, ou ils sont prélevés chez des personnes guéries. Le principe des médicaments à base d’anticorps est connu depuis très longtemps comme immunisation passive.
Une fois qu'il a pénétré dans les cellules, le virus les utilise pour se multiplier. C’est pourquoi une autre approche de la fabrication de médicaments consiste à empêcher cette multiplication. Dans ce domaine, de nombreuses expériences ont déjà été faites avec d’autres virus, si bien que les chercheurs testent des substances déjà éprouvées pour voir si elles sont actives contre le SARS-CoV-2.
Enfin, le quatrième groupe de médicaments antiviraux vise à consolider les défenses immunitaires. Ici, les espoirs reposent sur les interférons. Ils sont aussi présents dans le corps, où ils dirigent la réponse immunitaire. En tant que médicament, ils doivent agir de manière plus ciblée et empêcher les réactions immunitaires indésirables.
Médicaments atténuant les dommages causés par le virus
Avec un autre type de médicaments, les médecins n’essaient pas de lutter contre le virus lui-même, mais d’atténuer les dommages qu'il cause. Il s’agit d’une part de médicaments à visée cardiovasculaire, qui doivent par exemple empêcher les thromboses tant redoutées. Les immunomodulateurs atténuants entrent également dans cette catégorie. En effet, si un système immunitaire actif est utile et souhaitable au début d’une infection au SARS-CoV-2, il peut réagir de façon excessive par la suite. Dans ce cas, il s’attaque aux cellules du corps et entraîne des inflammations et la fameuse tempête de cytokines. Si le virus se loge dans les poumons, des médicaments spéciaux pourraient stabiliser cet organe respiratoire vital et limiter les dommages. Des recherches sont également menées sur des médicaments permettant de maîtriser les effets à long terme du virus, le « Covid long ».
De nombreuses séquelles laissées par la COVID-19 sont également associées à d'autres infections. C’est pourquoi certains groupes de chercheurs testent si les médicaments établis contre d’autres maladies sont également efficaces contre la COVID-19. Cette « réaffectation » pourrait permettre de gagner un temps précieux. Bien entendu, de nouvelles substances actives font également l'objet de recherches. Actuellement, plus de 350 projets de recherche portent sur des médicaments et des traitements contre les dommages causés par une infection au coronavirus.
Quel rôle les médicaments peuvent-ils jouer dans la sortie de la pandémie ?
La pandémie prendra fin lorsque le virus ne provoquera pratiquement plus de formes graves, en d’autres termes, lorsqu'il ne rendra plus malades un nombre trop élevé de personnes simultanément et ne menacera plus de surcharger les unités de soins intensifs et le bon fonctionnement du système de santé.
Le chiffre le plus pertinent lorsqu’il s’agit de la sortie de pandémie est donc le nombre de formes graves. Plus précisément, le chiffre le plus pertinent est le nombre de formes graves par rapport à la capacité des hôpitaux et des unités de soins intensifs d'un pays. Ces capacités constituent actuellement le talon d’Achille de la société ouverte.
Si les médicaments sont très efficaces pour prévenir les formes graves, et si de surcroît ils ne sont pas trop chers et disponibles en quantité suffisante, ils peuvent contribuer à accélérer la transition de la pandémie à l’endémie.
Mais contrairement aux vaccins, les médicaments sont toujours utilisés en réaction à une infection. Il faut intervenir à temps et le médicament doit être disponible au moment précis où il doit être administré. La vaccination, quant à elle, est une mesure de prévention. Une personne au schéma vaccinal complet bénéficie d’une protection durable contre les formes graves de la maladie et n’a pas besoin d'avoir accès à tout moment à des médicaments.
Quoi qu’il en soit, des médicaments efficaces et facilement disponibles contribuent à atténuer la pandémie.
Conclusion de notre experte :
Dans la lutte contre le développement de formes graves de la maladie, les médicaments constituent un outil complémentaire à la vaccination. Néanmoins, les traitements actuels ont une efficacité limitée et il serait risqué de miser exclusivement sur un traitement pour remplacer la vaccination. La vaccination peut davantage prévenir que guérir. L’objectif des vaccins est d’éviter que les gens tombent malades et doivent être hospitalisés. Nous avons de la chance d’avoir des vaccins à notre disposition, et nous devons les utiliser.
Dr. Anna Chioti
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