(C) Michel Brumat
L’histoire industrielle du Luxembourg est marquée par le groupe sidérurgique Arbed. Ceux que l’on surnomme les « barons de la sidérurgie » ont joué un rôle essentiel dans le développement industriel du Luxembourg. Ils ont également eu une influence considérable d’un point de vue socioculturel, par exemple sur la formation scolaire et professionnelle, ainsi que sur les questions sociales.
Le rôle de l’Arbed pour ce qui est de la responsabilité sociale des entreprises et de la formation est au centre de l’attention des chercheuses et des chercheurs de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’Université du Luxembourg qui travaillent sur le projet FAMOSO (« Fabricating Modern Societies » dirigé par Karin Priem) financé par le Fonds National de la Recherche.
Au bureau, le mur est recouvert de photos anciennes d’ouvriers métallurgiques, d’aciéries et des barons sidérurgiques de l’époque. Irma Hadzalic, une jeune doctorante de Bosnie-Herzégovine, vient tout juste de revenir du Brésil, où elle a effectué des recherches sur l’impact de l’industrie sidérurgique luxembourgeoise sur le Brésil. En effet, elle concentre ses recherches sur l’interdépendance entre les deux pays entre 1900 et 1950 approximativement, et plus particulièrement sur l’engagement social des industriels luxembourgeois au Brésil.
« C’est le hasard qui a fait que mon travail de recherche s’étende jusqu’au Brésil, »
L’Université du Luxembourg donne la possibilité de passer trois mois dans d’autres universités étrangères dans le cadre des études de troisième cycle en pédagogie. L’objectif de ce programme d’échange est de travailler dans un autre cadre de recherche et d’apporter de nouvelles connaissances à l’université. « Mission accomplie ! » s’exclame Irma Hadazlic en riant. « Tandis que la plupart de mes camarades ont été attirés par les grandes universités américaines, j’ai décidé de partir à l’Université du Parana située à Curitiba, une ville brésilienne de plus d’un million d’habitants. J’ai passé des semaines à fouiller dans les archives de la ville de l’État du Minas Gerais et je suis rentrée avec six kilos de papier et avec des illustrations et des textes merveilleux que je continue actuellement d’étudier dans le cadre de mon doctorat. Nous pouvons désormais ajouter une pièce manquante au puzzle historique du Luxembourg. » Ce sont précisément ces corrélations historiques, sociologiques et pédagogiques sur lesquelles repose non seulement l’analyse du patrimoine national par l’institut de recherche InES (Education and Society), mais qui permettront aussi d’élaborer des théories et des méthodes pour créer de futurs modèles de développement.
Comment une jeune femme bosniaque en arrive-t-elle à faire des recherches sur l’histoire de l’industrie sidérurgique luxembourgeoise ?
Elle a obtenu sa licence en français, en espagnol et en littérature à Sarajevo. Puis, elle n’a trouvé pas de travail et n’avait pas la possibilité d’utiliser ses langues. Irma Hadzalic a donc envoyé sa candidature pour participer au service volontaire européen et c’est ainsi qu’elle est arrivée au Luxembourg pour une année. Durant cette période, elle a noué de nombreuses relations internationales. « J’ai toujours eu le gène du voyage en moi, mais il n’avait pas pu s’exprimer durant ma jeunesse, » déplore-t-elle. « Le monde entier se retrouve au Luxembourg ; je ne me serais fait autant d’amis internationaux nulle part ailleurs qu’au Luxembourg. » Alors qu’elle fait partie des initiateurs du projet RIFF réunissant un public jeune et international autour des thèmes de l’art, de la culture et la gastronomie, elle prend rapidement racine et décide de faire son master à l’Université du Luxembourg. Par la suite, elle aura la chance de passer son doctorat.
Malheureusement, le coût de la vie est élevé au Luxembourg. C’est de son point de vue l’unique bémol au Luxembourg. Comment l’avenir se dessine-t-il pour elle personnellement ? Après l’obtention de son doctorat, Irma Hadzalic se verrait bien continuer à effectuer des recherches postdoctorales pendant quelque temps. Sinon, le plan B consisterait à continuer d’explorer le monde en participant à un projet basé sur le volontariat.
Auteur: Université du Luxemburg
Photo: Michel Brumat
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Cet article est traduit d'une série d'articles initialement publiés dans le Luxemburger Wort.
L’équipe FAMOSO de l’Université du Luxembourg a besoin de l’aide des Luxembourgeois. Dans le cadre de son projet, elle recherche des photos, des albums, des lettres ou des journaux intimes en rapport avec l’histoire des initiatives sociales menées par le groupe sidérurgique luxembourgeois ARBED. Cette équipe de chercheurs s’intéresse plus particulièrement à l’histoire de l’Institut Émile Metz et à l’aciérie attenante, à Nicolas Braunshausen et au laboratoire psychologique et physiologique de l’Institut Émile Metz, aux relations entre le Luxembourg et la « Companhia Siderurgica Belgo-Mineira », aux efforts des organisations syndicales libres (GEMUSO, Albert Kaiser) pour former les employés, ainsi qu’aux expositions temporaires sur ces thèmes. Interlocutrice : Karin Priem, Université du Luxembourg, Campus Belval, Maison des Sciences Humaines, 11, porte des Sciences, L-4366 Esch/Alzette, karin.priem@uni.lu